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Fant^omas se leva, il posa `a nouveau ses deux mains sur les 'epaules de lady Beltham, il se pencha sur elle, il fr^ola de ses l`evres, le front de sa ma^itresse :
— Maud, dit Fant^omas, Maud, croyez-vous donc qu’un homme comme moi, quand il aime, n’aime pas pour la vie ? Croyez-vous donc que jamais une autre femme pourrait me s'eduire ? Croyez-vous donc que je ne sais pas, combien vous m’aimez vous-m^eme ?
Lady Beltham, gris'ee par la caresse de son amant, r'ep'eta tout bas, ce qui 'etait h'elas, la v'erit'e :
— Oui, je vous aime, Fant^omas. Oui, je vous aime, pour la vie.
***
Depuis l’aventure qui avait marqu'e, `a la Madeleine, la formidable entreprise qu’avait concue Fant^omas, voulant 'epouser la Recuerda, ou plut^ot la ni`ece de l’infant d’Espagne, Mercedes de Gandia, Fandor continuait `a rencontrer presque chaque jour H'el`ene, sa ch`ere H'el`ene, la fille de Fant^omas sans doute, celle qu’il ch'erissait malgr'e tout.
H'el`ene, depuis lors, vivait retir'ee aux environs de Paris, dans une humble maison de famille, d'ecouverte `a Bois-Colombes par Juve.
La jeune fille se refusait obstin'ement, en effet, `a 'ecouter les conseils que lui prodiguait cependant le policier, d'esireux d’assurer le bonheur de Fandor, en concluant un mariage qui, pensait-il, pouvait, d’une part, soustraire une innocente `a l’influence abominable du bandit, et d’autre part, calmer les angoisses perp'etuelles ou se d'ebattait le malheureux J'er^ome Fandor.
Mais H'el`ene refusait de se marier !
Il e^ut 'et'e facile, aux termes de la loi, de faire admettre qu’elle 'etait n'ee de p`ere et de m`ere inconnus, si m^eme les papiers de la jeune fille, que Juve poss'edait toujours, n’avaient pas 'et'e reconnus par l’'etat civil francais. De la sorte, le mariage e^ut pu s’op'erer facilement, mais H'el`ene ne voulait pas en entendre parler.
— Tant que mon p`ere sera ce qu’il est, avait-elle douloureusement r'epondu `a J'er^ome Fandor, vous ne pourrez pas, vous, honn^ete, 'epouser sa fille. Attendez. Esp'erons. Un jour viendra, j’en suis s^ure o`u la mis'ericorde de Dieu nous rendra le bonheur possible.
Fandor, bien entendu, ne se r'esignait pas aux d'elicats scrupules de conscience d’H'el`ene :
— Peu importe votre p`ere, r'ep'etait-il, inlassablement. Oubliez-le comme je l’oublie. C’est vous que j’aime, et pour moi, il n’y a que vous au monde.
Le temps passait ainsi. Chaque jour Fandor rejoignait H'el`ene et passait de longs moments avec elle. La jeune fille se d'ebattait toujours. Le jeune homme insistait encore. Il comptait sur le temps pour vaincre les h'esitations de celle qu’il aimait, et qui, elle ne s’en d'efendait pas, l’aimait aussi.
Longuement d’ailleurs, H'el`ene avait racont'e `a Fandor et `a Juve tout ce qu’elle avait su des ruses extraordinaires auxquelles elle avait 'et'e bien involontairement m^el'ee en Espagne.
Il 'etait 'etabli maintenant de facon certaine que Fant^omas n’avait invent'e les invraisemblables p'erip'eties de son mariage, que pour s’attacher `a d'epouiller Mercedes de Gandia de sa fortune, qu’il aurait r'eclam'ee en tant que mari, si Juve et Fandor, surgissant `a la Madeleine, ne l’avaient contraint `a prendre la fuite de facon si scandaleuse qu’il n’avait pu, gardant sa fausse identit'e de baron Stolberg, r'eclamer la fortune de sa femme. Une fois encore le bandit avait 'et'e vaincu, mis dans l’impossibilit'e de nuire. Mais h'elas, la victoire de Juve 'etait ch`erement pay'ee, puisque, en d'ecrochant le lustre, Fant^omas au moment m^eme o`u il 'etait contraint `a la fuite, avait fait encore de nouvelles, d’innocentes victimes.
***
Dans le square Saint-Pierre o`u Fandor et H'el`ene se promenaient ce jour-l`a, indiff'erents aux bruits et au mouvement des enfants qui s’agitaient dans le jardin, oubliant tout pour ne plus songer qu’`a eux seuls, avec l’'ego"isme des amoureux, H'el`ene et Fandor marchaient `a petits pas :
— Laissez-vous convaincre, r'ep'etait pour la centi`eme fois peut-^etre le journaliste, ne repoussez pas le bonheur en invoquant une chim`ere, en croyant faire votre devoir, en c'edant en r'ealit'e `a un scrupule sans importance. Dites oui, H'el`ene.
Mais elle secouait la t^ete :
— Mon devoir, r'epondait la jeune fille est de dire non.
17 – L’ABDICATION
Gris'ee par la caresse de son amant, gris'ee par l’assurance d’amour que Fant^omas venait de lui donner, lady Beltham avait r'epondu au sinistre bandit qu’elle l’aimait et qu’elle l’aimait pour la vie.
'Etait-ce bien vrai ?
Lady Beltham 'etait-elle bien sinc`ere ? Avait-elle confiance r'eellement dans les paroles de tendresse que venait de lui prodiguer le Ma^itre de l’'Epouvante, l’homme aux cent visages, le tortionnaire qu’aucun crime, aucune cruaut'e, aucune l^achet'e m^eme n’avait fait jusqu’alors reculer ?