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Et lady Beltham, affol'ee, lut cette lettre surprenante :
Pour lady Beltham, 214, avenue Niel.
Madame,
Il faut que tout se paie et les crimes que vous avez accumul'es m'eritent un ch^atiment exemplaire. N’avez-vous jamais eu de remords ? Ne vous ^etes-vous jamais dit qu’un jour viendrait o`u la vengeance de vos victimes vous atteindrait sans merci, sans piti'e ? Veuillez croire que, quelque tentative que vous fassiez pour 'echapper `a votre destin, lady Beltham, vous mourrez le sept de ce mois, ex'ecut'ee par celui qui vous 'ecrit aujourd’hui et qui vous hait.
Il n’y avait pas de signature. Mais que voulait dire ce billet ?
Lady Beltham 'etait si affol'ee par son 'etrange teneur qu’elle le relut plus de vingt fois sans en comprendre le sens.
Que voulaient dire ces phrases 'enigmatiques ? Que signifiait cette lettre adress'ee `a la comtesse de Blangy, et dans laquelle il n’'etait parl'e que de lady Beltham ?
Ah, sans doute, la malheureuse amante de Fant^omas ne pouvait s’y tromper.
La lettre qu’elle recevait ce matin-l`a, c’'etait la lettre qu’avait annonc'ee la m`ere de Rose Coutureau, c’'etait la lettre de mort qui lui annoncait son assassinat.
Lady Beltham, sans en avoir conscience, relut les mots `a haute voix :
Le sept de ce mois, vous mourrez ex'ecut'ee par celui qui vous hait
Le sept de ce mois.
Elle jeta les yeux sur un mignon calendrier pos'e sur un petit secr'etaire dans l’angle de sa chambre.
— Nous sommes le 5, murmurait lady Beltham, je n’ai donc plus que deux jours `a vivre.
Un grand froid l’envahissait et son coeur cessait de battre.
— Dans deux jours je serai morte.
Elle r'ep'etait cette horrible chose avec une impassibilit'e qui tenait de la folie.
'Etait-ce bien possible pourtant ?
Et puis que de d'etails 'etranges ! Pourquoi cette lettre parlait-elle de ch^atiment et de vengeance ?
Qui donc pouvait la ch^atier ? Qui donc pouvait se venger d’elle ?
Lady Beltham examinait avec une angoisse folle la grande 'ecriture inconnue.
Certes, elle ne s’'etait pas tromp'ee. C’'etait une 'ecriture d'eguis'ee, une 'ecriture voulue, imit'ee, et lady Beltham se r'ep'eta soudain avec une persuasion absolue :
— C’est Fant^omas qui m’'ecrit ! C’est Fant^omas qui veut me tuer, et s’il a fait sa lettre 'enigmatique, si elle est concue en des termes bizarres, c’est sans doute qu’il a voulu 'eviter jusqu’au dernier moment que je puisse 'eviter la mort qu’il me pr'epare.
Et elle songeait encore :
— C’est bien de lui, d’ailleurs, cette froide cruaut'e : pr'evenir d’avance la victime qu’il menace. Me tuer pour se d'ebarrasser de moi, ce n’'etait pas assez. Il a voulu que je sache que j’allais mourir. S’il est venu hier c’'etait pour guetter sur mon visage les frissons de ma peur.
Lady Beltham relut pos'ement le billet menacant ; puis elle le plia, elle resta quelques instants `a m'editer et soudain elle sonna.
— Marie, commandait la grande dame `a la femme de chambre qui accourait, d'ep^echez-vous de m’habiller, je dois sortir.
Lady Beltham, en effet, se leva en toute h^ate. Elle fit sa toilette avec rapidit'e, elle rev^etit un tailleur qui la moulait et la faisait plus divinement 'el'egante que d’habitude, puis, ayant serr'e la lettre de mort dans une bourse en or d’un travail pr'ecieux, elle sortit, elle descendit l’avenue Niel.
Lady Beltham, `a cet instant, avait un visage farouche et r'esolu.
Quelle d'ecision avait-elle donc prise ? O`u donc se rendait-elle ?
La comtesse de Blangy poss'edait une superbe automobile. Elle n’avait point fait demander son chauffeur. C’est `a pied qu’elle monta vers l’'Etoile et, de temps `a autre, elle se retourna comme pour ^etre certaine qu’on ne la suivait pas.
Parvenue `a l’Arc de Triomphe, lady Beltham appela un taxi-auto. Le v'ehicule se rangea contre le trottoir, elle ouvrit la porti`ere, mais, pr^ete `a jeter l’adresse au cocher, la ma^itresse de Fant^omas h'esita :
— Mon Dieu, murmurait lady Beltham, dois-je r'eellement en arriver l`a ? C’est presque une trahison.
Puis, ses sourcils se fronc`erent.
— Nous sommes le 5 et je dois mourir le 7.
Elle e^ut peut-^etre longtemps h'esit'e, elle e^ut peut-^etre tard'e encore, si le chauffeur 'etonn'e de son attitude ne l’avait interrog'ee :
— O`u dois-je conduire madame ?
Lady Beltham r'epondit d’une voix 'etrange :
— Quai des Orf`evres, `a la Pr'efecture !
***