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Том 4. Письма 1820-1849
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Тютчев Федор Иванович

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Вчера, в день Октябрьского праздника, на Терезиенвизе собралось по меньшей мере сто тысяч человек, и солнце над головами вполне соответствовало случаю. Скопление иностранцев было просто невероятное. К примеру, в Баварской гостинице в эти дни к обеду сходилось более 600 человек.

Только сегодня утром я получил квартиру в свое полное владение, и завтра начнется гераклов труд. Катти, воодушевленная усердием, трепещет от радости перед ареной действий, на которую ей предстоит броситься, Щука последует ее примеру.

В каком часу ты приедешь? Я бы предпочел, чтобы это произошло около 4 часов, поскольку я имел глупость дать согласие обедать у Бургуэна. Но, может быть, с моей стороны ребячество полагать, будто ты с тем же нетерпением ждешь нашей встречи. У каждого наступает такое время, когда он уже ни в чьих мыслях не занимает первого места, и я, может быть, принадлежу к тем, к кому это время приходит позже обыкновенного.

Прощай, обнимаю тебя.

Ф. Т.

Тиршу Ф. В., 1/13 декабря 1842*

79. Ф. В. ТИРШУ 1/13 декабря 1842 г. Мюнхен

Je viens de lire votre article dans la Beilage de la Gazette Univ<erselle> d’aujourd’hui et j’'eprouve le besoin de vous en remercier. Voil`a les premiers mots de raison et de v'erit'e qui aient 'et'e dits dans la presse europ'eenne sur la Russie… Vous devez ^etre fier d’avoir pris cette initiative. Quant `a moi, votre article m’a fait 'eprouver le m^eme sentiment de bien-^etre qu’on 'eprouve, en voyant tomber les premi`eres larges gouttes de pluie apr`es trois mois de s'echeresse.

Agr'eez tous mes hommages.

T. Tutchef

Ce 13.Xbre*

Перевод

Я только что прочитал вашу статью в Приложении к сегодняшему номеру «Allgemeine Zeitung» и испытываю потребность поблагодарить вас за нее. Вот первые разумные и правдивые слова о России, сказанные в европейской печати… Вы должны гордиться тем, что взяли на себя эту инициативу. Что касается меня, то ваша статья вызвала у меня то же чувство благорастворения, которое испытываешь при виде первых обильных капель дождя после трехмесячной засухи.

Примите уверения в совершенном почтении.

Ф. Тютчев

13 декабря*

Тютчевым И. Н. и Е. Л., 18/30 декабря 1842*

80. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 18/30 декабря 1842 г. Мюнхен

Munich. Ce 18/30 d'ecembre 1842

Je ne veux pas laisser finir l’ann'ee, chers papa et maman, sans me rappeler `a votre souvenir. Puisse celle qui commence ^etre bonne et heureuse pour nous tous et ne pas s’'ecouler sans nous avoir vus r'eunis. C’est l`a mieux que le voeu que je forme, c’est un espoir que j’exprime. Nicolas qui vous a 'ecrit avant de quitter Vienne nous est revenu depuis quelques semaines. Il s’'etait fort ennuy'e `a Vienne, faute de soci'et'e, et comme il en trouve ici, autant et plus qu’il ne lui en faut, le s'ejour de Munic jusqu’`a pr'esent du moins para^it lui convenir beaucoup. Sous le rapport de la d'epense, il est de moiti'e moins cher que celui de Vienne. Nicolas a 'et'e pr'esent'e avant-hier au Roi et le sera dans le courant de la semaine au reste de la Famille Royale, dont la plus grande partie le connaissait d'ej`a. Je vous donne ces d'etails `a son sujet au lieu de lui laisser le faire `a lui-m^eme, parce que je pr'evois que je serai oblig'e d’exp'edier cette lettre avant qu’il ne se soit d'ecid'e `a prendre r'esolument la plume. Je dis ceci avec l’accent de la plus parfaite conviction, car je ne puis parler de sa paresse 'epistolaire, sans faire le plus triste retour sur moi-m^eme. C’est par Nicolas que j’ai eu la nouvelle de l’'etat de grossesse de Doroth'ee. Dites-lui, bien ch`ere maman, tous les voeux que je forme pour elle et les esp'erances que je rattache `a l’heureuse issue de sa grossesse, tant dans l’int'er^et de sa sant'e que pour son bonheur `a venir. Mille amiti'es aussi `a son mari, suppos'e qu’il se souvienne de moi.

Je vous ai d'ej`a inform'es dans ma derni`ere lettre que je me suis d'ecid'e `a l’Institut de Munich deux de mes petites, Daria et Kitty. Elles y sont depuis le 1er d’octobre et maintenant qu’elles ont surmont'e ce que le noviciat en ait de p'enible, elles se trouvent fort bien de leur nouvelle position. Nous allons les voir les dimanches, car sauf quelques cas d’exception le r`eglement de l’Institut interdit la sortie aux 'el`eves. Cependant l’autre jour, le jour de la St-Nicolas*, je les ai fait venir chez moi au sortir de la messe grecque. Quant `a la petite Marie, je puis dire sans vanit'e que c’est une tr`es gentille enfant. C’est bien aussi l’avis de Nicolas qui lui porte une tr`es grande tendresse et se fait m^eme aimable pour lui plaire. Mais je n’ai presque pas le courage de vous parler `a mon int'erieur, en pensant `a la bizarrerie du sort qui l’a fix'e dans un monde qui est si loin de vous et qui vous est si 'etranger. C’est l`a pour moi un sujet d’'eternels regrets, c’est l`a un d'esaccord dans ma destin'ee qui se fait p'eniblement sentir `a tous les moments de ma vie et m^ele de l’amertume `a mon bonheur m^eme. Ce qui m’est surtout p'enible, c’est l’id'ee que vous ne connaissez pas ma femme et que selon toute apparence vous ne la conna^itrez jamais. D’autres vous diront que c’est une des femmes les plus gracieuses qu’ils en ont rencontr'ees, mais moi qui depuis neuf ans suis en possession de toutes ses affections, je ne puis dire rien d’elle, sinon qu’il faut la conna^itre, comme je la connais, pour croire `a la possibilit'e d’une nature comme la sienne.

Vous ai-je dit que j’ai revu derni`erement Madame de Kr"udener et son amie Annette Ch'er'em'etieff avec laquelle j’ai 'et'e charm'e de renouveler la connaissance. Malgr'e le changement survenu dans sa destin'ee, je l’ai retrouv'ee parfaitement la m^eme, comme je l’ai connu en 1837 `a P'etersbourg, c’est-`a-d<ire> parfaitement bonne, vraie, naturelle. Elle a eu beaucoup de succ`es ici et elle doit en avoir partout, car on a beau faire, on ne peut s’emp^echer d’^etre agr'eablement surpris, en voyant tant de simplicit'e associ'ee `a tant de millions. Elle m’a vivement rappel'e le temps o`u je l’ai connue enfant `a Moscou, dans la maison de son p`ere*. Ne venait-elle pas aussi `a ces bals qui se donnaient chez nous et pour lesquels Doroth'ee faisait si scrupuleusement les listes d’invitation. Quel r^eve que ces souvenirs. Ces dames ont pass'e une quinzaine de jours `a Munich et sont all'ees d’ici `a Paris, o`u elles doivent ^etre encore.

En fait de Russes nous avons cet hiver la Princesse Горчаков*, la m^eme qui 'etait ici l’hiver dernier et qui est une personne d’un vrai m'erite. Nous la voyons beaucoup, surtout Nicolas. Puis il y a ici en ce moment la ci-devant c'el`ebre Mad. Нарышкин, Марья Антоновна*. Mais celle-ci n’est plus qu’un d'ebris d’elle-m^eme. Le Duc de Leuchtenberg est venu ici pour quelques jours d’Italie pour assister au mariage de son cousin, le Prince Royal de Bavi`ere*. Maintenant il est avec sa femme `a Rome o`u ils passeront l’hiver. Ils sont attendus `a Munic au mois d’avril prochain.

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