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Том 7. О развитии революционных идей в России
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Герцен Александр Иванович

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Cette erreur a conduit Haxthausen `a voir dans ce starost l'image de l'autorit'e imp'eriale. L'autorit'e imp'eriale, r'esultat de la centralisation moscovite de la r'eforme de P'etersbourg, n'a pas de contre-poids, tandis que l'autorit'e du starost d'epend de la commune.

Que l'on consid`ere maintenant que chaque Russe qui n'est point citadin ou noble doit appartenir `a une commune, et que le nombre des habitants des villes, par rapport `a la population des campagnes, est extr^emement restreint et l'impossibilit'e d'un prol'etariat nombreux devient 'evidente. Le plus grand nombre des travailleurs des villes appartient aux communes rurales pauvres, surtout `a celles qui ont peu de terre, mais, comme il a 'et'e dit, ils ne perdent pas leurs droits dans la commune; ainsi les fabricants doivent n'ecessairement payer aux travailleurs un peu plus que ne leur rapporterait le travail des champs.

Souvent ces travailleurs se rendent dans les villes pour l'hiver seulement, d'autres y restent pendant des ann'ees; ees derniers forment entre eux de grandes associations de travailleurs; c'est une sorte de commune rurale mobilis'ee. Ils vont de ville en ville (les m'etiers sont presque libres), et leur nombre r'euni dans la m^eme association s''el`eve souvent jusqu'`a plusieurs centaines, quelquefois m^eme jusqu'`a mille; il en est ainsi, par exemple, des charpentiers et des macons `a P'etersbourg et `a Moscou, et des voituriers sur les grandes routes. Le produit de leur travail est administr'e par des directeurs choisis, et partag'e d'apr`es, l'avis de tous dans des assembl'ees g'en'erales.

Le seigneur peut r'eduire la terre conc'ed'ee aux paysans, il peut choisir pour lui le meilleur sol; il peut agrandir ses bien-fonds, et, par l`a, le travail du paysan; il peut augmenter les imp^ots, mais il ne peut pas refuser aux paysans une portion de terre suffisante, et la terre, une fois appartenant `a la commune, demeure compl`etement sous l'administration communale, la m^eme en principe que celle qui r'egit les terres libres; le seigneur ne se m^ele jamais dans ses affaires.

On a vu des seigneurs qui voulaient introduire le syst`eme europ'een du partage parcellaire des terres et la propri'et'e priv'ee. Ces tentatives provenaient pour la plupart de la noblesse des provinces de la Baltique; mais elles 'echou`erent toutes, et finirent g'en'eralement par le massacre des seigneurs ou par l'incendie de leurs ch^ateaux; car tel est le moyen national auquel le paysan russe a recours pour faire conna^itre qu'il proteste [19] .

19

Par les documents que publie le minist`ere de l'int'erieur, on voit que g'en'eralement chaque ann'ee, d'ej`a avant la derni`ere revolution de 1848, 60 'a 70, seigneurs fonciers furent massacr'es par leur paysans. N est-ce pas la protestation permanente contre autorit'e illegale.

L'effroyable histoire de l'introduction des colonies militaires a montr'e ce que c'est que le paysan russe quand on l'attaque dans sa derni`ere forteresse. Le lib'eral Alexandre fit emporter les villages d'assaut; l'exasp'eration des paysans grandit jusqu'`a la fureur la plus tragique; ils 'egorg`erent leurs enfants pour les soustraire aux institutions absurdes qui leur 'etaient impos'ees par la ba"ionnette et la mitraille. Le gouvernement, furieux de cette r'esistance, poursuivit ces hommes h'ero"iques; il les fit battre de verges jusqu'`a la mort, et, malgr'e toutes ces cruat'es et ces horreurs, il ne put rien obtenir La sanglante insurrection de la Stara"ia Roussa, en 1831, a montr'e combien peu ce malheureux peuple se laisse dompter.

On dit que tous les peuples sauvages ont aussi commenc'e par une commune analogue; qu'elle a exist'e chez les Germains et les Celtes dans son complet d'eveloppement, qu'on la trouve aux Indes, mais on ajoute que partout elle a d^u dispara^itre avec les commencements de la civilisation.

La commune germaine et celtique est tomb'ee devant deux id'ees sociales compl`etement oppos'ees `a la vie communale: la f'eodalit'e et le droit romains Nous, par bonheur, nous nous pr'esentons, avec notre commune, `a une 'epoque o`u la civilisation anticommunale aboutit `a l'impossibilit'e absolue de se d'egager, par ses principes, de la contradiction entre le droit individuel et le droit social.

Mais, dit-on, par ce partage continu du sol, la vie communale trouvera sa limite naturelle dans l'accroissement de la population. Quelque grave en apparence que soit cette objection, il suffit, pour l''ecarter, de r'epondre que la Russie poss`ede encore des terres pour tout un si`ecle, et que, dans cent ans, la br^ulante question de possession et de propri'et'e sera r'esolue d'une facon ou d'autre.

Beaucoup d''ecrivains, et parmi eux Haxthausen, disent que, suite de cette instabilit'e dans la possession, la culture du sol ne s'am'eliore point; cela peut bien ^etre; mais les amateurs agronomes oublient que l'am'elioration de l'agriculture, dans le syst`eme occidental de la possession, laisse la plus grande partie de la population dans une profonde mis`ere, et je ne crois pas que la fortune croissante de quelques fermiers et le progr`es de l'agriculture comme art, puissent ^etre consid'er'es, par l'agronomie elle-m^eme, comme un juste d'edommagement de l'horrible situation de prol'etariat affam'e.

La Russie agreste se pliant `a tout en apparence, n'a r'eellement rien accept'e de la r'eforme de Pierre Ier. Il sentait cette r'esistance passive; il n'aimait pas le paysan russe et n'entendait rien non plus `a sa mani`ere de vivre. Il fortifia, avec une l'eg`eret'e coupable, les droits de la noblesse et resserra la cha^ine du servage; d`es lors, le paysan se renferma plus 'etroitement que jamais au sein de sa commune, et ne s'en 'ecartait qu'en jetant autour de lui des regards d'efiants; il voit dans l'officier de police et le juge un ennemi, il voit dans le seigneur terrien une puissance brutale, contre laquelle il ne pouvait rien faire.

Il commenca d`es lors `a d'esigner par le mot malheureux tout condamn'e par la loi; `a mentir sous le serment et `a nier tout, quand il 'etait interrog'e par un homme qui se pr'esentait en uniforme et qui lui semblait le repr'esentant du gouvernement allemand. Cent cinquante ans, loin de le r'econcillier avec le nouvel ordre de choses, l'en ont encore 'eloign'e davantage.

Le paysan russe a beaucoup support'e, beaucoup souffert, il souffre beaucoup `a cette heure, mais il est rest'e lui-m^eme. Quoique isoi'e dans sa petite commune, sans liaison avec les siens tous dispers'es sur cette immense 'etendue du pays, il a trouv'e dans une r'esistance passive et dans la force de son caract`ere, les moyens de se conserver; il a courb'e profond'ement la t^ete, et le malheur a pass'e souvent au-dessus de lui sans le toucher; voil`a pourquoi, malgr'e sa position, le paysan russe poss`ede tant d'agilit'e, tant d'intelligence et de beaut'e, qu'`a cet 'egard il a excit'e l’ 'etonnement de Gustine et d'Haxthausen.

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