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Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Аллен Марсель

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D’ailleurs, que faisait-il l`a ? Pourquoi s’'etait-il introduit dans le d'ep^ot mortuaire ? Au risque de se faire surprendre. Ce qui, d’ailleurs, avait failli arriver, car, `a un moment donn'e, le p`ere Teulard et Barnab'e avaient entendu du bruit. Au cas o`u leur 'emotion e^ut 'et'e moindre, ils auraient certainement, en cherchant dans le r'eduit obscur qui avoisinait la salle du d'ep^ot, d'ecouvert celui qui s’y dissimulait ainsi.

Fant^omas, toutefois, monologuait `a mi-voix, tant il semblait satisfait de la sc`ene dont il venait d’^etre le t'emoin :

— C’est parfait, murmurait-il. Dire que ces imb'eciles de fossoyeurs ont failli tout g^ater. Ma parole, je les aurais tu'es s’ils avaient donn'e suite `a leur projet de tout d'eclarer au commissaire des morts. Il est vrai, que l’on serait arriv'e plus rapidement `a la solution. Mais cela m’aurait fort g^en'e pour agir, car je ne suis pas encore pr^et. Non, mieux vaut que les choses se soient pass'ees ainsi.

Un 'eclair de joie illuminait les yeux du bandit :

— L’essentiel, ajouta-t-il, c’est que je sache ce que je sais. Or, je viens d’apprendre un fait indiscutable : c’est que le cercueil qui devait contenir Merc'ed`es de Gandia ne contient pas de cadavre. On a donc simul'e la mort de la ni`ece de l’infant et, si celle-ci est encore vivante, comme tout permet de le supposer, don Eugenio n’h'erite pas de son immense fortune. C’est ce qu’il fallait savoir en premier lieu, c’est ce qu’il importera d'esormais de d'emontrer. Oh, oh, ma cause est bonne et je la gagnerai.

Fant^omas se rapprocha de la porte du d'ep^ot mortuaire, s’assura d’abord que personne n’en surveillait les abords et, certain d'esormais d’en sortir inapercu, il prit la fuite `a travers le cimeti`ere.

7 – BONJOUR FANT^OMAS

— C’est tout de m^eme bougrement d'esagr'eable de se promener tout nu vers deux heures du matin dans le quartier de Grenelle.

Fandor, la rafle pass'ee et momentan'ement d'elivr'e du souci des apaches, avancait en prenant de grandes pr'ecautions le long des rues d'esertes du sinistre quartier. Il pestait, maugr'eait, 'etait r'eellement furieux, car il avait beau chercher, le hasard ne lui faisait rencontrer aucun fiacre, aucun v'ehicule susceptible de l’aider `a regagner son domicile.

Fandor exag'erait d’ailleurs. Il n’'etait pas tout nu comme il venait de le dire, puisqu’`a ses pieds de solides bottines demeuraient, puisqu’il poss'edait son calecon, sa chemise, et que son chef s’ornait d’un feutre mou qu’il avait cr^anement rabattu `a la tyrolienne.

— Tout de m^eme, reprenait le journaliste quelques instants plus tard, c’est une dr^ole d’aventure que la mienne, et je me demande comment cela va finir.

Il faisait de moins en moins chaud `a mesure que le jour se levait et ce n’'etait pas sans inqui'etude que Fandor consid'erait les passants qui, d’abord rares, se multipliaient peu `a peu ; la plupart 'etaient des ouvriers qui se h^ataient vers le chantier.

Fandor, jusqu’alors, avait suivi les rues les plus mal fam'ees de Grenelle, mais il comprenait vite que c’'etait sans doute pourquoi il n’avait point encore rencontr'e de fiacre.

— Allons, je me risque, murmura-t-il.

Et, froidement, il se dirigea vers le boulevard.

Malheureusement, Fandor arrivait `a quelques m`etres de deux sergents de ville qui, m'elancoliques, r'esign'es, se promenaient autour d’un ^ilot de maisons.

`A peine avaient-ils eu le temps d’entrevoir la silhouette du malheureux journaliste que les deux gardiens de la paix, sans se consulter, instinctivement se pr'ecipit`erent sur lui :

— Dites donc, vous, l`a-bas, commencait l’agent, le plus ancien, qu’est-ce que vous faites en cet accoutrement ?

Or Fandor perdit la t^ete. Devant les dignes repr'esentants de l’autorit'e, il se prit `a d'etaler aussi vite que cela lui 'etait possible.

Si Fandor courait bien, il se trouvait par extraordinaire que les deux agents couraient parfaitement aussi.

— S’ils me pincent, pensait le journaliste, je n’y coupe pas `a l’attentat aux moeurs.

Et, sans souci du ridicule de sa situation, Fandor courait, courait, grotesque avec sa chemise qui ballonnait au vent, et l’une de ses jarreti`eres qui, d'efaite, lui claquait le mollet.

Fandor e^ut peut-^etre bien fait d'evier la poursuite des deux agents, mais la chance 'etait d'ecid'ement contre lui : au moment pr'ecis o`u il pensait tourner vers les berges de la Seine et se perdre l`a dans l’amoncellement des mat'eriaux accumul'es vers les p'eniches, il donnait en plein dans la poitrine de deux autres sergents de ville, qui certes ne songeaient pas `a mal.

Fandor, lanc'e `a toute allure, heurtant les deux gardiens de l’ordre, ne put se retenir, il pivota sur lui-m^eme, roula sur la chauss'ee. Des poignes solides l’immobilisaient. Les autres agents arrivaient, on le passa un peu « `a tabac », tout en l’interrogeant :

— Ah c`a, mon gaillard, d’o`u revenez-vous ?

— M’est avis que ce n’est pas une tenue pour se promener dans les rues.

— S^ur et certain que c’est un malfaiteur.

Haletant, 'epuis'e par sa course, pris cependant d’une formidable envie de rire, Fandor voulut expliquer son cas.

— H'e, sapristi, commenca-t-il, je suis bien de votre avis, et vous vous imaginez bien que ce n’est pas pour mon plaisir que je me prom`ene ainsi en chemise. Voil`a ce qui m’est arriv'e.

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