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— Hum ! s’'etait dit Fandor, je ne me vois pas tr`es bien…
Fandor entra dans la chambr'ee.
***
Il faut croire que le faux caporal Vinson avait bien suivi les recommandations du vrai, car Fandor n’'etait pas arriv'e depuis dix minutes que les hommes s’empressaient dans tous les sens, se bousculant, affair'es, allant et venant, demandant `a tous les 'echos :
— Ous’qu’est sa paillasse ? retrouve-moi le polochon du caporal.
13 – JUVE SE D'EGUISE
Tandis que J'er^ome Fandor faisait, ce lundi 21 novembre, son apprentissage de militaire `a Verdun, un passant 'el'egant et d’allure distingu'ee qui descendait la rue Solferino et se dirigeait vers la Seine 'etait h'el'e par un mendiant.
— Pstt !… avait fait le loqueteux…
Mais le passant ne s’'etait pas retourn'e.
— Monsieur, appela l’homme.
Comme l’'el'egant promeneur ne semblait pas s’apercevoir qu’on le suivait, l’homme, se rapprochant soudainement de lui, murmura dans sa barbe blanche, mais assez haut pour ^etre entendu :
— Mon lieutenant, 'ecoutez… Monsieur de Loubersac…
`A ces derniers mots, impatient'e, presque furieux, le jeune homme 'el'egant se retourna, et consid'era son interlocuteur.
L’officier se trouvait en pr'esence de Vagualame.
— Je vous colle vingt-cinq louis d’amende, avez-vous perdu la t^ete pour m’interpeller dans la rue ? ^etes-vous devenu fou ?…
— J’ai besoin de vous voir et de vous parler, dit le mendiant.
— Demain ?
— Non, tout de suite, c’est urgent !…
— Qu’avez-vous donc ?
— Un refroidissement… Il faut absolument que nous causions.
Le lieutenant de Loubersac regardait autour de lui, non sans une certaine anxi'et'e. Comme s’il devinait la pens'ee de l’officier, Vagualame d'esigna du doigt le petit escalier raide, qui conduisait aux berges de la Seine :
— Descendons au bord de l’eau, dit-il, nous serons tranquilles…
L’officier acquiesca.
Personne `a ce moment ne passait sur le quai, devant la L'egion d’Honneur.
Tandis que l’officier allait le premier, Vagualame eut dans le regard un 'eclair de joie. Quiconque l’aurait regard'e de pr`es aurait vu que cet oeil percant, vif, n’'etait pas l’oeil aux regards obliques qui caract'erisait habituellement la physionomie de Vagualame…
C’est qu’en effet, le Vagualame qui venait de racoler sur le trottoir le lieutenant de Loubersac n’'etait pas le vrai Vagualame, mais le policier Juve.
Le tr`es subtil inspecteur, au lendemain de la fameuse soir'ee qu’il avait pass'ee dans l’appartement de J'er^ome Fandor, allant de surprise en surprise, avait d'ecouvert que Vagualame, agent du Deuxi`eme Bureau, 'etait un personnage habilement camoufl'e et que ce personnage n’'etait autre que Fant^omas.
Le plan du policier avait 'et'e d'ecid'e en un 'eclair : Interroger ou, pour mieux dire, faire parler l’officier qui entretenait les relations les plus suivies avec Vagualame, sans se douter le moins du monde de l’identit'e de son Vagualame d’hier encore.
Juve, toutefois, n’avait pas abord'e le lieutenant de Loubersac sans inqui'etude, car il ignorait si l’officier et son agent n’avaient pas de mot de passe.
Soudain, ce fut le lieutenant de Loubersac qui l’interrogea :
— Et l’affaire V… ?
— L’affaire V… ? peuh ! elle va toujours… Pas grand-chose de neuf !…
— Notre caporal, ajouta-t-il, a d^u regagner Verdun aujourd’hui…
D'ecid'ement, Juve 'etait sur la bonne piste.
— Sa permission, poursuivit le lieutenant, expirait ce matin ?…
Juve assura :
— Il est parti hier soir, j’en ai la preuve…
— Et vous avez du nouveau ?
— Pas encore…
— Irez-vous `a Verdun ?
— Peut-^etre, l^achait Juve `a tout hasard.
Mais il avait encore une inqui'etude, l’officier changeant de sujet, venait de lui demander :
— Et alors, le document ?
— Hum ! grommela encore Juve…