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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Th'eodore, qui ne buvait plus son th'e, eut brusquement une lueur d’espoir :

— C’est peut-^etre une femme qui l’accompagne ? Une amie ?

Mais, au moment m^eme o`u il esp'erait ainsi s’^etre tromp'e dans ses premi`eres suppositions, un homme d’une soixantaine d’ann'ees, un vieillard gros, `a la chevelure toute blanche, au visage peu sympathique, `a la figure rid'ee, aux yeux cach'es par d’'epaisses lunettes cercl'ees d’or, revenait prendre place `a c^ot'e d’Alice Ricard.

— Lui, pensa Th'eodore, lui, c’est lui.

Et d'esesp'er'e il ajouta :

— C’est un vieux.

`A partir de ce moment, d’ailleurs, Th'eodore surveilla beaucoup moins Alice que son cavalier. Il le voyait difficilement dans la glace, car l’'eclairage 'etait mauvais, mais il distinguait cependant ses gestes, il voyait qu’il s’'etait empar'e de la main de la jeune femme, qu’il la pressait tendrement, cependant que, pench'e sur elle, il lui parlait `a voix basse.

— J’en mourrai, pensa Th'eodore.

Mais, au moment m^eme o`u il m'editait ces sombres paroles, au moment o`u la jalousie le tenaillait si cruellement, Th'eodore eut l’instinctive pens'ee qu’Alice Ricard ne pouvait pas, ne devait pas aimer ce vieux monsieur.

— Je me trompe, murmurait-il encore. J’invente le mal o`u il n’y a sans doute rien que de tr`es r'egulier. Ce monsieur doit ^etre tout simplement l’un de ses amis, elle l’aura rencontr'e ici, voil`a tout. Alice s’en ira seule.

Par malheur, les 'ev'enements se chargeaient de donner tort `a ses espoirs.

Th'eodore 'etait encore occup'e `a consid'erer le groupe lointain d’Alice et du vieux monsieur, lorsque le couple se leva.

— Ils s’en vont, pensa le jeune homme.

Et, au risque de se faire remarquer, Th'eodore, tirant une pi`ece d’or de sa poche, heurta ses soucoupes violemment.

— Mademoiselle, demandait-il `a la grosse fille qui servait, combien vous dois-je ?

En quelques secondes il avait pay'e, il partait `a son tour.

— Monsieur ne prend pas son th'e ? s’informait la servante, qui d’abord avait cru que Th'eodore d'esirait changer de place.

— Non, riposta le fils du notaire. Je ne prends rien.

Puis, baissant la voix, rougissant, tr`es intimid'e et pourtant affectant un ton de voix blas'ee, Th'eodore demandait :

— Ce monsieur et cette dame l`a-bas qui s’en vont, savez-vous s’ils viennent souvent ici ?

La jeune fille, habitu'ee `a de semblables questions, ne s’en 'etonnait nullement.

— Oh oui, monsieur, r'epondait-elle, ce sont des habitu'es. Cette dame et ce monsieur viennent assez r'eguli`erement.

— Merci, r'epliqua Th'eodore.

Et de loin, fl^anant sans se presser, car il tenait surtout maintenant `a ne pas ^etre vu, Th'eodore Gauvin tenta de suivre Alice et l’inconnu qui l’accompagnait.

Or, il 'etait pr`es de sept heures maintenant, et la cohue avait envahi les 'etroites petites salles de th'e `a la mode.

Alice Ricard, en femme habitu'ee `a passer au travers des foules, frayait un chemin `a son compagnon qui la suivait. Th'eodore, au contraire, livr'e `a sa seule habilet'e, perdait du temps.

— Pardon, madame, faisait-il.

— Excusez-moi, monsieur.

— S’il vous pla^it, mademoiselle ?

Quand il arriva `a la porte du palace, quand il sortit par le grand trottoir de la place Vend^ome, Th'eodore eut une exclamation de rage sourde : il n’apercevait plus ni Alice Ricard ni son compagnon.

— Mon Dieu, murmura le pauvre garcon, je parie que je ne vais plus les retrouver.

Il courut cependant jusqu’`a la rue de la Paix, et l`a, poussa un soupir de satisfaction.

— Ah j’ai eu peur ! constatait-il.

Devant lui, `a une centaine de m`etres, Alice Ricard, appuy'ee au bras de l’inconnu, regardait la devanture d’une bijouterie.

— Que vont-ils faire ? pensa Th'eodore. J’imagine bien qu’elle va le quitter.

Mais tous ses pressentiments devaient ^etre ce jour-l`a contrecarr'es par les 'ev'enements.

Deux minutes plus tard, le couple appelait un fiacre et le vieux monsieur, rest'e debout dans la voiture, expliquait un itin'eraire au cocher.

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