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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Et quand la lumi`ere fut devenue plus vive, elle r'ep'eta ce que son compagnon avait dit :

— Oui, vraiment, tu as raison, c’est tout `a fait gentil ici.

Elle 'eclata de rire `a son tour.

Le spectacle qui faisait rire les deux individus 'etait abominable cependant : un lit qui occupait le fond, 'etait `a moiti'e d'efait, les draps sur le sol, le matelas pendait, lamentable, parmi les couvertures rejet'ees en tas.

Plus loin, la tenture d’une porti`ere d'echir'ee tra^inait. Une chaise renvers'ee avait son 'etoffe `a moiti'e trou'ee et le crin s’en 'echappait par flocons. Sur le tapis enfin, un tapis clair, d’une teinte grise et sur lequel 'etaient jet'ees des carpettes de poil de ch`evre, de larges taches se voyaient, de v'eritables mares d’un liquide rouge d'ej`a coagul'e, `a l’odeur ^acre, fade, grisante presque : du sang.

— Qu’est-ce que tu en penses, on brise la glace ?

— Si tu veux, dit la femme, ca n’a pas d’importance, elle appartient au propri'etaire. Mais n’esquinte pas la pendule, ne la bouge pas hein, elle tomberait et ca ferait du bruit.

— C’est idiot ce que tu as fait l`a. Elle a de la valeur cette pendule. Nous aurions pu la revendre.

— Bah, nous n’en sommes plus `a cinquante francs pr`es. Il y a vraiment beaucoup de sang, ajouta-t-elle d’un air s'erieux, cela ne te fait pas peur ?

— Affaire d’habitude, disait-il. Si cela t’impressionne, ne regarde pas.

— Viens m’aider plut^ot. Il faut que je casse au moins l’un des petits tiroirs.

— Pourquoi ?

— Pour le vol, parbleu.

— Tu as raison. Et la malle jaune ?

— Je m’en suis occup'e.

— Alors ca va bien.

Ils s’'etaient agenouill'es aupr`es d’un bureau `a l’angle de la pi`ece :

— Je n’ai pas beaucoup l’habitude de ces op'erations-l`a, constata en souriant l’homme qui paraissait de plus en plus calme, mais cela ne fait rien, j’imagine que je r'eussirai facilement.

Il 'etait arm'e d’un ciseau `a froid, d’un marteau, il manoeuvrait ses outils de telle mani`ere qu’en quelques minutes la serrure du tiroir c'eda.

— Et voil`a, concluait-il d’un ton enjou'e, tu vois que ce n’est pas difficile.

En parlant, il fouilla dans le tiroir, v'erifia les papiers, en jeta une partie sur le sol.

— Crois-tu que cela vaille la peine de d'efoncer tous les tiroirs qui restent ?

Il tenait la lampe, il examinait en connaisseur le meuble fractur'e.

— Baraban qui soignait tant son mobilier ! dit-il soudain en riant encore. Et dire qu’il attrapait sa concierge lorsqu’elle faisait mal son m'enage.

— Laisse donc le bureau. Il n’y a plus rien `a faire dans la chambre, viens voir par ici.

L’homme reposa la lampe, suivit un couloir, se pencha encore sur le sol :

— Alice, appela-t-il, viens donc voir, il me semble qu’il y a beaucoup de sang par ici.

— Non viens, d'ep^eche-toi, j’ai besoin de toi ici, Fernand.

Alice ? Fernand ?

'Etait-ce donc les 'epoux Ricard qui se trouvaient r'eunis rue Richer, dans cet appartement en d'esordre `a l’aspect sinistre, tout tach'e de sang, dans cet appartement qui, l’homme venait de le dire, appartenait `a un certain M. Baraban ?

C’'etait bien eux en effet.

C’'etait bien Alice Ricard, la jolie Alice qu’aimait le jeune Th'eodore Gauvin, qui se trouvait maintenant dans la cuisine, occup'ee `a se laver les mains dans une terrine pos'ee sur l’'evier.

— Regarde-moi bien, disait-elle. Allume le gaz si tu veux, les volets sont ferm'es. Je n’ai pas de sang, hein ?

Fernand – Fernand Ricard, car c’'etait bien le courtier qui se trouvait l`a avec sa femme – l’examinait soigneusement.

— Non, dit-il enfin apr`es l’avoir fait tourner et retourner devant lui, je ne vois aucune trace suspecte, tu es nette comme un sou neuf.

Puis il arr^eta sa femme d’un geste.

— Eh pas de b^etise, ne vide pas l’eau de la cuvette, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je crois que le tuyau aboutit `a la cour et coule dans une rigole jusqu’`a la canalisation qui l’emm`ene `a l’'egout. De l’eau rouge comme cela, ce serait suffisant pour attirer l’attention.

— Oh, tout le monde dort.

— Je l’esp`ere bien.

Fernand Ricard, `a son tour, se lavait les mains dans l’eau d'ej`a rougie, se curait les ongles soigneusement.

— Je n’ai rien non plus ?

— Non.

Ses mains essuy'ees, le courtier retournait dans la chambre `a coucher.

— C’est tout `a fait bien, constata-t-il d’un air satisfait. Nous ne laissons aucune trace derri`ere nous. Absolument aucune.

— Tu sais l’heure ? demandait-elle.

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