Вход/Регистрация
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
вернуться

Аллен Марсель

Шрифт:

***

Deux heures plus tard, Th'eodore 'etait `a Paris.

Le jeune homme arriva dans la capitale, fort nerveux, et de plus en plus troubl'e. Il avait naturellement consacr'e le temps du trajet `a r^ever `a ses projets.

Il s’'etait vu en compagnie d’Alice Ricard, lui faisant la cour et la touchant enfin, gr^ace `a des protestations enflamm'ees de d'evouement.

Anxieusement aussi, il s’'etait demand'e s’il retrouverait bien la jeune femme, si le hasard le favoriserait et l’aiderait `a la d'ecouvrir.

Th'eodore, en effet, passait par des alternatives de confiance et d’abattement.

Sur quel indice vague 'etait-il parti `a Paris ?

Il savait tout juste, pour l’avoir entendu dire `a Alice, que la jeune femme allait souvent au th'e du Korton, place Vend^ome. Mais 'etait-ce bien la v'erit'e ?

`A peine d'ebarquait-il `a la gare Saint-Lazare, cependant, que Th'eodore courait chez une fleuriste, achetait une boutonni`ere qu’il payait royalement, intimid'e par le luxe d’une boutique toute en marbre blanc, puis sautait dans un fiacre, jetant l’adresse :

— Au Korton, place Vend^ome.

Il 'etait six heures vingt, lorsque le fils de M e Gauvin p'en'etrait dans les salons de th'e.

Ils 'etaient naturellement remplis d’une foule 'el'egante de jeunes femmes assises sur de moelleux fauteuils, et flirtant audacieusement avec de galants cavaliers, jeunes gens allant et venant, 'echangeant des poign'ees de main, jetant des coups de chapeau h^atifs, d'evisageant les 'el'egantes, et enfin, de loin en loin, se d'ecidant `a prendre place aupr`es d’une belle, affectant une grande surprise `a la trouver l`a, alors que le plus souvent la rencontre 'etait le fait d’un rendez-vous laborieusement mis au point.

Th'eodore avait maintes fois fr'equent'e de semblables 'etablissements.

Il n’'etait nullement intimid'e par la foule, mais en revanche, il 'etait fort anxieux. Le coeur battant, bousculant un peu ceux qu’il rencontrait, car il voulait vite parcourir les salons, cherchant de tout c^ot'e, Th'eodore traversa une enfilade de petites salles sans d’abord apercevoir qui il cherchait. C’'etait au moment o`u il p'en'etrait dans le dernier des salons, celui-l`a o`u les hommes avaient licence de fumer, que Th'eodore sursautait.

`A l’autre bout de la pi`ece, assise devant une petite table ronde, gracieusement install'ee, avec une pose nonchalante, Alice Ricard paraissait attendre, et attendre avec impatience, car de son 'eventail elle tapotait nerveusement le bord d’un plateau pos'e devant elle.

Th'eodore, en l’apercevant, s’'etait arr^et'e net, clou'e sur place :

Elle ! Alice !

Et une seconde apr`es, il se rejetait en arri`ere, gagnait une embrasure de fen^etre, tournant le dos `a la jeune femme, se dissimulant, mais profitant du reflet d’une glace pour ne pas la perdre de vue.

Th'eodore oubliait `a ce moment toutes les d'ecisions prises jusqu’alors. Il avait projet'e, s’il rencontrait Alice Ricard, de s’avancer au-devant d’elle, de la saluer, de lui adresser quelques paroles railleuses, un peu persiflantes. En fait il ne d'esirait qu’une chose : ne pas ^etre vu de la jeune femme.

Alors qu’il r'efl'echissait sur le parti `a prendre, une arrivante aux yeux outrageusement fard'es de noir se pencha vers lui avec un regard interrogateur.

— Cette table est retenue, monsieur ?

— Oui, madame, r'epondit Th'eodore, je regrette.

Il s’assit.

Quelques secondes plus tard, sans bien savoir comment cela se faisait, Th'eodore avait command'e un th'e `a la russe et des sandwiches. Il mangeait pourtant sans le moindre app'etit. Il mangeait au risque de gagner un affreux torticolis, car pour ne pas perdre Alice de vue, il devait tendre le cou d’une facon incommode pour arriver `a surveiller la jeune femme dans la glace.

D’abord, Th'eodore 'etait si troubl'e, qu’il ne remarquait pas grand-chose. Il se faisait une r'eflexion fort triste :

— Mais, il y a deux tasses sur sa table, deux tasses vides. Assur'ement, elle est avec quelqu’un.

C’'etait ce qu’il craignait le plus au monde, et, `a cette remarque, des larmes montaient jusqu’`a ses paupi`eres.

— M. Fernand Ricard, pensait-il, est au Havre, donc ce n’est pas lui qui accompagne Alice. Si ce n’est pas lui, qui cela peut-il ^etre ? Un amant sans doute ?

Et il 'eprouvait un grand chagrin `a la pens'ee qu’un autre, peut-^etre, 'etait aim'e d’Alice, un autre qu’il ha"issait instinctivement avant de le conna^itre. Qu’'etait-il devenu, d’ailleurs, cet autre, cet amant d'etest'e ? 'Etait-il parti d'ej`a ou bien allait-il venir au contraire ?

  • Читать дальше
  • 1
  • ...
  • 8
  • 9
  • 10
  • 11
  • 12
  • 13
  • 14
  • 15
  • 16
  • 17
  • 18
  • ...

Ебукер (ebooker) – онлайн-библиотека на русском языке. Книги доступны онлайн, без утомительной регистрации. Огромный выбор и удобный дизайн, позволяющий читать без проблем. Добавляйте сайт в закладки! Все произведения загружаются пользователями: если считаете, что ваши авторские права нарушены – используйте форму обратной связи.

Полезные ссылки

  • Моя полка

Контакты

  • chitat.ebooker@gmail.com

Подпишитесь на рассылку: