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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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M e Gauvin la consid'era, l'eg`erement interloqu'e :

— Il en reste quelque chose ? grommela-t-il. J’esp`ere bien que non et que toute cette histoire-l`a est finie pour de bon.

Un de ses coll`egues de Rouen s’approchait et, quelque peu persifleur, il affirmait `a son tour :

— Surtout, mon cher confr`ere, d'eclara-t-il `a haute voix, pour ^etre entendu par le plus de gens possible, que vous n’avez pas de chance, dit-on, avec votre fils. Les mauvaises langues pr'etendent que, pour se rendre `a Paris, votre enfant s’est livr'e `a certains actes ind'elicats.

M e Gauvin serra les poings, rougit :

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire, mon cher confr`ere, fit-il aigrement.

Mais le cher confr`ere protestait d’une voix doucereuse :

— Oh moi, vous savez, je n’affirme rien. C’est un bruit qui courait parmi les clercs de mon 'etude. Je m’en suis fait l’'echo parce que c’'etait de notori'et'e publique, et puis que j’estime qu’entre confr`eres, notre r^ole est toujours de nous pr'evenir.

— Je vous en remercie, fit s`echement M e Gauvin, qui ajouta en balbutiant :

— Il ne s’est d’ailleurs rien pass'e.

Le malheureux notaire de Vernon 'etait tout d'epit'e. Il se rendait parfaitement compte, `a l’allusion narquoise et m'echante de son coll`egue de Rouen, que l’incident f^acheux du vol commis par Th'eodore, s’'etait 'ebruit'e.

M e Gauvin, d’ailleurs, qui 'etait un homme assez perspicace, se rendait parfaitement compte que les protestations de sympathie qui lui avaient 'et'e adress'ees au cours de cette soir'ee n’'etaient peut-^etre pas aussi sinc`eres qu’il aurait pu l’esp'erer.

Le bruit d’une sonnette qui tintait interrompit cependant les conversations g'en'eralis'ees dans les divers locaux de l’immeuble de la Chambre des notaires, o`u s’'etaient r'epandus les invit'es.

Sur l’estrade, prirent place deux personnes seulement : M e Masson, pr'esident de la Chambre et tr'esorier de l’oeuvre, puis une 'enorme et vieille dame `a la face congestionn'ee, aux mains potel'ees et rougeaudes, qui, jusqu’alors, avait profond'ement dormi dans le fauteuil d’un petit salon voisin.

C’'etait la directrice d’une de ces oeuvres d’hospitalisation o`u il est d’usage d’envoyer les orphelins des officiers minist'eriels.

On l’appelait : « marquise » et elle avait, en effet, un nom ronflant, appartenant `a la meilleure soci'et'e. Des revers de fortune l’avaient contrainte, assurait-on, `a se d'evouer `a l’'education de ces pauvres petits, dont elle assumait la charge et la responsabilit'e.

La grosse dame s’'etait r'eveill'ee pour la c'er'emonie du tirage de la loterie.

Lorsque tout le monde fut install'e, elle murmura quelques mots `a l’oreille du pr'esident, et M e Masson, de sa voix chevrotante, d'eclara :

— Mesdames et messieurs, nous allons proc'eder maintenant au tirage de la loterie, organis'ee au profit de la caisse de notre soci'et'e de secours. Le gouvernement a bien voulu nous autoriser `a tirer cette loterie, bien que ces sortes d’op'erations soient interdites par la loi. Je rappelle qu’il y a quatre lots. Le premier, le plus important, un lot de deux cent mille francs, sera gagn'e par le premier num'ero sortant de cette roue que vous voyez ici, `a ma droite. Nous proc'ederons de m^eme pour les autres lots, qui sont respectivement de cinquante mille, vingt mille et dix mille francs.

On applaudit un peu. M e Masson reprit ensuite :

— Il nous faut une main innocente pour tirer les quatre num'eros qui doivent constituer le chiffre du billet gagnant. Et nous avons pens'e que nous ne pouvions faire un meilleur choix que de d'esigner, pour remplir cette d'elicate besogne, le plus jeune de nos pupilles : Claude Villars, fils d’un avou'e de Remiremont, orphelin de p`ere et de m`ere, et confi'e `a nos soins depuis dix-huit mois. Claude Villars vient d’avoir treize ans avant-hier.

On applaudissait `a tout rompre, de bonnes vieilles dames en avaient les larmes aux yeux. M e Masson mit ses lunettes, se pencha par-dessus la table, esquissa un sourire qui ressemblait `a une grimace, et, d’un ton aussi doux que possible, il murmura :

— Voulez-vous monter, mon petit ami ?

Le pr'esident n’obtint point de r'eponse.

En face de lui, au premier rang, un enfant, `a ces mots, 'etait devenu cramoisi. C’'etait le petit Claude Villars, mais il ne bronchait pas, tant il 'etait intimid'e. Sans succ`es, M e Masson r'ep'eta son invitation et il fallut l’intervention de l’'enorme dame qui portait un titre et un nom ronflants, pour d'ecider le gamin `a venir sur l’estrade. Il y grimpa en tr'ebuchant, se prit le pied dans le tapis vert, manqua d’attirer par terre la carafe et le verre d’eau. Ce premier danger 'ecart'e, il 'eprouva le besoin de se moucher, ce qu’il fit avec une sonorit'e qui d'echa^ina l’hilarit'e dans la salle.

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