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Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Аллен Марсель

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La famille de campagnards resta jusqu’`a Paris, et, pendant tout le trajet, Juve et Rosa ne purent 'echanger que des propos insignifiants.

Comme ils descendaient du train `a la gare Montparnasse, Juve, avec une autorit'e famili`ere, prit le bras de la jeune femme.

— Venez.

— O`u cela ?

— D^iner, parbleu.

— Mais vous n’y pensez pas. Ma famille m’attend.

Le pseudo 'electricien haussa les 'epaules :

— `A d’autres, votre famille. D’ailleurs, elle ne compte plus sur vous. Vous ne lui avez m^eme pas annonc'e votre arriv'ee par un t'el'egramme.

— Tiens, fit Rosa, vous avez remarqu'e cela.

— Cela, et bien autre chose. De plus, il est neuf heures, et nous crevons de faim tous les deux.

Juve parlait avec une telle assurance que Rosa s’humanisait de plus en plus.

— Apr`es tout, pensa-t-elle, qu’est-ce que je risque ?

Rosa 'etait `a peine revenue de son 'etonnement qu’elle se trouvait assise en t^ete `a t^ete avec le galant 'electricien devant un repas d'elicieux.

— Je suis s^ur, d'eclarait Juve, en versant du champagne d`es le d'ebut du d^iner `a sa compagne, que nous n’allons pas nous emb^eter.

Ils en vinrent un peu avant le dessert au sujet scabreux.

— Alors, comme ca, mademoiselle Rosa, vous avez un ami ?

— O`u est le mal, monsieur Charlot ?

— Oh, je ne dis pas cela pour vous le reprocher. Qu’est-ce que c’est que votre ami ?

— Il est dans le commerce. Coiffeur pour dames.

— Coiffeur pour dames ? `A Saint-Calais ?

— Vous n’y pensez pas, monsieur Charlot, qu’une femme comme moi voudrait d’un type de la campagne.

— Je ne dis pas ca non plus, mademoiselle Rosa, votre ami, le coiffeur pour dames doit ^etre un Parisien.

— Vous l’avez devin'e.

— A"ie.

— Qu’est-ce qui vous prend, monsieur Charlot ? Vous vous ^etes fait mal ?

— Pas pr'ecis'ement, mademoiselle Rosa, mais je souffre de l’aveu que vous venez de me faire. Car, si votre amoureux est `a Paris, je suppose que c’est pour le voir que vous ^etes venue.

— Vraiment, monsieur Charlot, pas besoin d’avoir invent'e l’eau ti`ede pour comprendre ca.

— En effet.

— M^eme que d’ici vingt minutes je m’en vais vous tirer ma r'ev'erence pour aller retrouver mon amant.

— Vous ne ferez pas ca.

— Eh bien, ce serait du propre si je ne le faisais pas. Il s’en passerait des choses. Tenez, j’aime mieux vous dire tout de suite… et puis non. Vous ne pouvez pas comprendre. Pour ce qui est de plaisanter avec vous, monsieur Charlot, je ne demande pas mieux. On pourra se revoir un jour, plus tard. Mais pour ce qui est de ce que vous pensez, rien `a faire.

Surmontant non sans peine la griserie du champagne, Rosa, qui, au brusque rappel du rendez-vous qu’elle avait sans doute avec son amant, se leva, entreb^ailla la fen^etre pour respirer un peu d’air frais, puis alla devant une glace rectifier sa coiffure, redresser son chapeau.

Juve la regardait faire, perplexe, ind'ecis.

Au cours de sa visite au ch^ateau du marquis de Tergall, il avait 'etudi'e l’entourage des ch^atelains et s’'etait tout d’abord convaincu qu’il ne fallait suspecter personne dans leur domesticit'e. Il avait toutefois r'eserv'e son opinion sur la femme de chambre, qui, `a certains d'etails, lui avait parue digne d’^etre 'etudi'ee.

Or, Juve n’'etait pas satisfait du r'esultat de sa ruse.

Rien jusqu’alors, dans la conduite de Rosa ne d'emontrait qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre qu’une petite personne gentille et coquette, faisant normalement son service de femme de chambre et 'egayant son existence monotone d’une affection amoureuse.

Le c'el`ebre inspecteur de la S^uret'e 'etait cependant trop bon psychologue pour ne pas avoir remarqu'e `a certains d'etails que la jeune soubrette n’avait pas tout `a fait les allures d’une domestique, elle avait en elle en m^eme temps quelque chose de plus raffin'e et de singuli`erement bas. Flairant un myst`ere dans cette vie, Juve n’avait pas h'esit'e `a accompagner la cam'eriste jusqu’`a Paris.

Tandis que le policier r'efl'echissait en silence, Rosa s’'etait pr'epar'ee et se disposait `a partir, Juve ne la retint pas.

— De quel c^ot'e, demanda-t-il, descendez-vous ?

— Je vais prendre l’autobus. Oui, je descends dans le centre de Paris, mais, je vous en prie, n’essayez pas de me suivre.

Et comme pour donner une compensation `a Juve, elle ajouta presque suppliante :

— Promettez-moi que nous nous reverrons. Tenez, par exemple, demain soir, ici m^eme, si vous voulez. Nous d^inerons encore ensemble, et je serai moins m'echante.

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