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L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Аллен Марсель

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— Que d'esirez-vous, monsieur ? demanda le visiteur.

Le prince Nikita s’inclina, avec une nuance d’impertinence :

— Pardon, mais `a qui ai-je l’honneur de parler ?

— Peu importe. Vous ne me connaissez pas. Veuillez me dire tout bonnement, je vous en prie, la cause de votre visite ici. Vous 'etiez venu voir Mme Brigitte ?

'Etait-ce un quelconque M. de Br'emonval ?

— Mille gr^aces, monsieur, r'epondit le prince Nikita. J’ai eu le plaisir d’^etre recu par madame, en effet, mais j’ai eu le bonheur, ensuite, de voir Mme de Br'emonval, et je serais encore avec elle, j’imagine, si, pour 'echapper `a vos importunit'es, je suppose, elle n’avait cru bon de me demander de l’attendre deux minutes.

— Impossible, dit l’autre, Mme de Br'emonval n’est pas `a Paris.

Et c’'etait l`a une phrase, en v'erit'e, extraordinaire pour le prince Nikita.

— Je vous le r'ep`ete, je causais avec elle quelques secondes avant votre arriv'ee.

L’inconnu alors se retourna vers Dame Brigitte :

— Je suppose, lui demanda-t-il d’une voix que la rage faisait trembler, qu’il ment ? R'epondez, Brigitte.

Dame Brigitte n’eut pas `a r'epondre.

Avant m^eme qu’elle e^ut pu ouvrir la bouche, le prince Nikita, d’un geste furieux, venait de tirer son portefeuille, d’y prendre une poign'ee de cartes de visite qu’il jetait `a la figure de l’inconnu qui osait le soupconner de mensonge, en hurlant.

— Vous me rendrez raison.

L’inconnu eut un sourire froid et tr`es calme :

— Vous rendre raison ? Me battre avec vous ? Vous ^etes fou, monsieur. Je n’en ai nul motif et nulle envie. Vous ^etes grotesque. Sortez. N’'eternisez pas une sc`ene ridicule. Sortez donc vous dis-je. Puisque vous ^etes familier de la maison, vous devez conna^itre le chemin.

Et telle 'etait l’autorit'e avec laquelle cet inconnu parlait que le prince Nikita sortit, en effet, mais non sans s’^etre inclin'e gravement devant Dame Brigitte et lui avoir d'eclar'e :

— Vous voudrez bien pr'esenter mes hommages respectueux `a Mme de Br'emonval et lui affirmer que je saurai, co^ute que co^ute, la d'ebarrasser d’un goujat qui se permet de parler chez elle en ma^itre et n’en a s^urement pas le droit, puisqu’il n’ose pas se nommer.

***

— Ainsi, disait `a pr'esent l’inconnu, s’adressant `a la femme de charge de Mme de Br'emonval, ainsi voil`a ce que tu fais ? Tu sais que je suis aux prises avec les pires difficult'es, tu sais que je joue ma t^ete, tu sais que Fandor et Juve ont jur'e de me faire monter `a l’'echafaud, que je fr^ole la mort tous les jours, et c’est ce moment-l`a que tu choisis pour me trahir, pour me tromper, pour t’acoquiner avec des officiers 'etrangers, avec un Russe, avec ce prince Nikita, qu’un jour peut-^etre je devrai combattre comme j’ai combattu tous ceux qui ont fait obstacle `a ma route. Oh ! sans doute, je sais ce que tu penses. Ta pauvre cervelle de femme trouve des excuses `a ta conduite. Vous autres, vous avez une imagination folle d`es qu’il s’agit de vous justifier. Tu inventes en ce moment que c’'etait ton droit de me trahir ? que j’ai eu des ma^itresses ? que tu te vengeais ? H'e, malheureuse, faut-il donc que je plaide devant toi la diff'erence qui fait moindre la trahison de l’homme que la trahison de la femme ? Trahie. Tu penses que je t’ai trahie ? 'Etait-ce quand je recherchais ma fille `a Paris-Galeries et que tu t’imaginais que Raymonde 'etait ma ma^itresse ? R'eponds.

Mais Dame Brigitte se taisait toujours.

— Ton silence prouve, peut-^etre mieux que n’importe quoi, ton inconscience. Je t’aimais, entends-tu. Je t’aimais. Moi, moi qu’on dit incapable d’amour, moi qu’on croit impassible, moi qui passe aux yeux de tous pour une brute sans coeur, je t’aimais. J’avais pour toi des tr'esors de tendresse, des vertiges d’adoration. Et il faut que je m’apercoive que tu me trahissais l^achement, b^etement, sottement.

La voix de Fant^omas – car l’inconnu qui entretenait Dame Brigitte, qui venait de jeter `a la porte le prince Nikita, n’'etait autre que Fant^omas – semblait sombrer dans un sanglot muet.

Le bandit, bient^ot, ma^itrisa pourtant son 'emotion :

— Je t’aimais, dit-il encore, je t’aimais, mais je ne t’aime plus. Je ne veux plus t’aimer, comprends-tu ? Il faut que je ne t’aime plus.

Mais, comme il prononcait ces mots de d'esespoir, brusquement, d’un 'elan insens'e, la du`egne aux cheveux blancs, se jeta `a ses genoux.

— Il faut que tu ne m’aimes plus, cria-t-elle. Ah, ne dis pas ca, ne blasph`eme pas. Gurn, mon amant, ma joie, ma vie, mon ^ame. Il est impossible que tu ne m’aimes plus ? c’est impossible.

— Tu m’as trahi.

— Non, ce n’est pas vrai.

— Pourquoi recevais-tu cet officier ?

— Tu sais bien que je fr'emis chaque fois que je sais que quelqu’un contrarie tes plans, tes projets. 'Ecoute. Tu ne peux pas m’en vouloir ? Tu ne peux pas exiger, toi que j’aime, que je sois `a ce point aveugle, que j’oublie qui tu es ? ce que tu fais ?

— Tu me reproches mes crimes ?

— Je n’ai pas la force de rien te reprocher. Mais, piti'e. 'Ecoute-moi. Ne me dis pas que tu m’aimes plus, toi que j’aime. 'Ecoute pourquoi je recevais cet officier, ce Nikita ? Oh, pas pour te trahir, crois-le bien. Tout simplement pour le supplier de ne plus s’occuper du portefeuille rouge, pour l’'ecarter de ta route, pour le sauver de toi qui es le ma^itre de tout, de toi que rien n’arr^ete, de toi que j’aime quand m^eme follement, furieusement. Je te le jure.

Et, tandis que Dame Brigitte adressait `a Fant^omas cette pri`ere passionn'ee, voil`a que tout d’un coup elle se relevait, elle se reculait et, d’un geste fou, arrachait sa perruque, d'epouillait son corsage, enlevait sa jupe. Et ce n’'etait plus Dame Brigitte alors. C’est, dans tout l’'eclat de sa beaut'e affolante, dans la ti'edeur de sa chair passionn'ee, dans la griserie de son corps jeune et svelte, la s'eduisante lady Beltham qui se jeta au cou du bandit.

— Pardonne-moi ? supplia-t-elle, puis elle expliqua : c’est tout `a fait par hasard, alors que Jean-Marie voulait m’assassiner, que le prince Nikita est parvenu jusqu’`a moi, `a Kergollen, au moment o`u, pr^ete `a m’endormir, je venais de quitter mon d'eguisement de Dame Brigitte. Il m’a vue, il m’a trouv'ee belle. Mais je suis belle pour toi, pour toi seul. 'Ecoute, j’ai su qu’il s’occupait du portefeuille rouge. Je l’ai suppli'e de te laisser la route libre. Aujourd’hui, s’il a vu Mme de Br'emonval, c’est pour le faire c'eder. Mais je n’aime que toi au monde.

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