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L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Аллен Марсель

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— Mais oui, sans doute je vous prends pour un garcon coiffeur.

— Eh bien, vous vous trompez. Je suis un artiste, capillaire, il est vrai, mais il n’y a pas d’artistes inf'erieurs aux autres. Tous les arts son 'egaux. La beaut'e est estimable sous toutes ses formes.

Et, sans doute, l’artiste capillaire e^ut longtemps continu'e sur ce ton si soudain Ellis Marshall n’en avait eu assez.

— Aoh, fit-il avec la rudesse sp'eciale aux fils d’Albion, vous m’emb^etez, mon ami. Voulez-vous, oui ou non, me couper les cheveux ?

Si Ellis Marshall pensait avoir le dernier mot, il se trompait. Loin de se d'emonter, en effet, `a l’apostrophe de son client, le garcon coiffeur n’en paraissait nullement affect'e :

— Monsieur, r'epondait-il, ou, si vous le voulez, milord, car je parle anglais, je connais un peu la langue de Shakespeare, je ne vous couperai pas les cheveux, je ne vous les couperai pas. Et si vous voulez en savoir le motif, je vous l’expliquerai `a mon tour, avec cette s'echeresse de termes qui est propre `a la langue francaise – vous voyez monsieur, que j’ai de l’instruction – je ne vous les couperai pas, parce que vous les couper serait idiot.

— Mais enfin ?

— Oh, il n’y a pas d’enfin. Voyons, r'efl'echissez. Vous ^etes pileux, monsieur, vous ^etes pileux. Vous avez une chevelure, je vous le r'ep`ete, admirable, pourquoi voulez-vous y porter le fer ? pourquoi y frayer un passage `a coup de tondeuse ? nul n’habite dans votre chevelure, monsieur. Tenez, en ce moment, vous vous coupez en brosse. Pardon, je veux dire, vous portez la taille en brosse. Bien. Mais, monsieur, vous ne seriez pas pileux que vous pourriez la porter, cette taille. C’est une taille 'economique, une taille avare, une taille `a la disposition de toutes les t^etes. Or, 'etant pileux, je le r'ep`ete, ayant cette chance exceptionnelle, comme moi, monsieur, vous devez, monsieur, comme moi, adopter une coiffure qui mette en relief votre pilosit'e.

— Et c’est pourquoi vous ne voulez pas me couper les cheveux ? aoh, vous ^etes fou, mon garcon.

— Artiste, monsieur, artiste. Laissez pousser vos cheveux. Laissez-les pousser. Croyez-moi, voil`a mon conseil d’homme de l’art. Si vous le voulez, d’ailleurs, je reviendrai dans huit jours et alors vos cheveux seront assez longs pour que je puisse vous faire une taille `a l’Absalon, `a la Clovis, `a la m'erovingienne, quelque chose enfin.

Ce garcon, 'evidemment, 'etait fou, ou ivre, peut-^etre ?

— Bah, r'epondit-il simplement `a la diatribe du perruquier, ne me coupez pas mes cheveux, puisque cela vous d'esoblige, mais faites-moi la barbe, s’il vous pla^it.

Et, en m^eme temps qu’il prononcait ces mots, Ellis Marshall se demandait, amus'e malgr'e lui, si le perruquier amateur de pilosit'e allait bien vouloir consentir `a lui tailler la barbe.

Il devait ^etre rapidement rassur'e :

— La barbe ? oh, la barbe tant que vous voudrez. Je vous la raserai une fois, deux fois, trois fois. Je ferai mieux, monsieur, si tant est que cela puisse vous agr'eer, je ne me contenterai pas de vous la raser, je vous l’'epilerai. La barbe est inesth'etique, laide, sale ; c’est une honte que les hommes soient barbus. La barbe cache les traits du visage, dissimule le dessin de la bouche, att'enue la ligne du menton, donne un air eff'emin'e au visage. Oui, monsieur, je vous enl`everai votre barbe. D’ailleurs, vous allez juger de mon savoir-faire.

Comme s’il accomplissait un sacerdoce, le garcon coiffeur se h^ata en effet vers les accessoires dispos'es sur la table `a toilette, il emplit un petit bol de poudre `a savon, s’arma d’un blaireau, puis, `a tour de bras, avec une vigueur extr^eme, savonna son client.

— Vous allez voir, monsieur, r'ep'etait-il.

Ellis Marshall, qui, `a cet instant, subissait la violente friction du blaireau, 'etait hors d’'etat de r'epondre. Et le perruquier n’arr^etait pas :

— La grande affaire, expliquait-il, la grande affaire, monsieur, quand on veut raser, c’est d’avoir la main l'eg`ere et s^ure, de ne pas s’y reprendre. Or, voyez-vous comment j’op`ere. Je pose mon rasoir sur le haut de votre joue, je le laisse descendre jusqu’`a votre menton. Ainsi je fais `a droite, ainsi je fais `a gauche. Puis le dessous du menton, puis le dessus des l`evres, l`a, l`a, ne bougez pas. C’est une op'eration qui est faite. Voil`a, monsieur.

Le « voil`a » du perruquier 'etait triomphal. Moins triomphale fut l’exclamation d’Ellis Marshall :

— Mais vous m’avez abominablement coup'e. Me voici balafr'e pour huit jours.

— Oh, ce n’est rien, monsieur, rien du tout.

— Comment, ce n’est rien du tout ? Ah c`a, vous vous moquez de moi ?

— Nullement, monsieur, nullement, les coupures de la face n’ont jamais caus'e une r'eelle laideur. Songez `a l’esth'etique des sauvages qui se couturent le visage `a seule fin de para^itre avoir combattu en vaillants guerriers. Vous me direz que ce sont des sauvages. L’argument n’a aucune valeur. Je le prouve. Les Allemands agissent de m^eme, monsieur. Les 'etudiants allemands, vous ne l’ignorez pas, sont fiers des balafres – je reprends votre propre terme – qu’ils se font au sabre, ils en sont fiers, ainsi.

— Taisez-vous. Aoh, je n’ai jamais connu de pire bavard comme vous. De plus, vous 'etiez un maladroit, vous m’avez horriblement coup'e et je le r'ep`ete…

— Vous tombez en cela dans une profonde erreur, monsieur, mais qu’importe, j’ai l’habitude d’^etre incompris. Et maintenant, proposait le terrible bavard, comme l’Anglais, apr`es s’^etre pass'e le visage `a l’eau fra^iche, contemplait d’un air chagrin les deux larges coupures qui le d'efiguraient, et maintenant, vous proposerai-je, noble repr'esentant de l’^ile anglaise, vous proposerai-je de vous parfumer ? Les anciens s’oignaient d’huile d’olives, mais nous sommes en p'eriode de d'ecadence, et on se sert plus commun'ement d’eau de Cologne que l’on fabrique `a Paris, d’eau de Portugal que l’on fabrique `a Paris encore, de benjoin, de…

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