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La mort de Juve (Смерть Жюва)
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Аллен Марсель

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Jadis, le vieux ch^ateau avait appartenu `a une noble famille que tous les Saint-Martinais adoraient. Puis, un beau jour, des revers de fortune, la n'ecessit'e d’'etablir les jeunes filles avaient conduit les propri'etaires `a mettre en vente le ch^ateau.

De grandes affiches qu’on lisait avec une 'emotion contenue, avaient annonc'e la chose, le notaire du pays avait eu des hochements de t^ete significatifs, et trois mois apr`es, le bruit s’'etait r'epandu que le ch^ateau 'etait vendu, achet'e par un Allemand, disaient certains, par un Anglais, affirmaient certains autres, par une vieille dame, ajoutaient d’autres encore.

On n’en avait jamais rien su. Depuis la vente, du temps avait pass'e. La propri'et'e 'etait rest'ee d'eserte, inhabit'ee. Le nouveau ma^itre, ayant probablement trait'e `a Paris, n’'etait point m^eme venu l’habiter.

`A Saint-Martin, la curiosit'e lass'ee, avait cess'e de s’occuper du ch^ateau. On estimait qu’il 'etait maintenant d'esert pour toujours, qu’il ach`everait de tomber en ruines, sans que jamais ses nouveaux propri'etaires n’y revinssent.

En raison de cet 'etat de choses, l’arriv'ee d’'enormes caisses amen'ees `a Saint-Martin, sur de robustes camions automobiles que conduisaient des hommes brusques et d'esagr'eables, refusant de r'epondre `a toutes les questions, n’avait pas 'et'e sans causer une l'egitime 'emotion.

La chronique locale manquait souvent d’int'er^et, l’arriv'ee des caisses l’avait nourrie, abondamment nourrie, et chacun s’'etait entretenu de ce qu’il pouvait y avoir derri`ere les planches solides qui les composaient.

Or, l’'emotion caus'ee par l’arriv'ee des grandes caisses, n’'etait pas calm'ee dans le pays, que des bruits 'etranges, fantastiques, prenaient naissance.

Des gens, des gens pos'es, des gens en place, tels que M. le sacristain, M. le facteur, et m^eme M me la buraliste qui, cependant, avaient de l’instruction, affirmaient avoir 'et'e t'emoins de faits extraordinaires.

Longeant les murs du ch^ateau, ils avaient entendu, disaient-ils, d’'epouvantables hurlements, il leur avait m^eme sembl'e qu’`a l’int'erieur du parc, des gens couraient, sautaient, bondissaient.

— S^ur et certain, affirmait la buraliste, je ne me suis pas tromp'ee ! Tout contre le mur, le grand mur qui part des trois marronniers, j’ai entendu qu’on sautait et, en m^eme temps, il y avait des cris, non, pas des cris, des hurlements, des grognements si vous le voulez, qui remplissaient la plaine.

Sur un th`eme pareil, les imaginations excit'ees des Saint-Martinais avaient naturellement brod'e.

Apr`es les racontars des premi`eres personnes, d’autres avaient invent'e sans doute des d'etails surprenants.

Des gars se vantaient d’^etre entr'es au ch^ateau en franchissant les murs de cl^oture, tr`es 'elev'es cependant.

Ils racontaient qu’ils avaient vu dans le jardin, dans le parc, des ^etres fantastiques, des fant^omes li'es de cha^ines, d’'enormes chats qui grimpaient aux arbres, aussi de terrifiantes apparitions d’animaux gigantesques sur la description desquels ils ne s’entendaient pas d’ailleurs. Un beau jour, enfin, l’'emoi avait 'et'e `a son comble.

C’'etait une chose certaine, le garde champ^etre le racontait le soir `a l’auberge du carrefour, des coups de fusil avaient 'et'e tir'es `a l’int'erieur du parc. Trois coups de fusil, trois coups de feu s’'etaient succ'ed'e de tr`es pr`es, et avaient un instant, couvert les grognements qui maintenant, surtout le soir venu, se produisaient presque quotidiennement.

Enfin, mais de cela on n’en parlait gu`ere, on le chuchotait plut^ot avec un v'eritable effroi, il paraissait 'etabli que, de la Motte, un village distant de dix-huit kilom`etres, chaque soir, `a minuit, une voiture se dirigeait vers le ch^ateau, une voiture extraordinaire, pleine de chairs saignantes, conduite par un homme inconnu dans le pays. Le cheval en galopait toujours, et se rendait au ch^ateau en laissant sur la route de larges gouttelettes de sang.

Or, tout en sarclant ses petits pois, pench'e sur le sol, clignotant des yeux, m^achant une chique savoureuse, le p`ere Pi'e songeait `a ces choses.

— C’est vrai, tout de m^eme, pensait-il, qu’on ne sait pas ce qui se passe au ch^ateau, et qu’il ne ferait pas bon sans doute se risquer `a vouloir en franchir les murs.

Tandis que le p`ere Pi'e monologuait, tandis qu’il r^evait, dans le calme de la matin'ee, un cri, un terrible cri traversait le silence du jardin.

Le p`ere Pi'e, en d'epit de son rhumatisme, de l’ankylose profonde de ses reins, se redressait :

— H'e ! la m`ere, c’est toi qui appelles ?

De la maison, la voix de la m`ere Pi'e r'epondait :

— Seigneur. Doux J'esus, viens-t’en vite, mon homme, c’est elle.

Le P`ere Pi'e, pour le coup bl^emit terriblement.

En raison de toutes les histoires sinistres qui circulaient dans le pays, il n’'etait qu’`a demi rassur'e et se demandait pourquoi sa femme l’appelait avec une voix si tremblante, une anxi'et'e si manifeste.

En trottinant, le p`ere Pi'e rejoignit sa maison :

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