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En d'esespoir de cause, il s’'etait rendu au s'emaphore. Il interrogeait l’un des hommes de garde, demandait si rien d’anormal n’avait 'et'e apercu du c^ot'e du ponton de renflouement.
Non.
Vers onze heures du soir, une barque `a voiles s’'etait d'etach'ee des pontons, avait paru manoeuvrer bizarrement, puis s’'etait 'eloign'ee vers le large. C’'etait tout ce que l’on savait, car la nuit avait emp^ech'e d’observer exactement quelle avait 'et'e la manoeuvre.
R'esign'e, Fandor revint vers le port, esp'erant enfin apprendre le retour du submersible, puis il erra dans la ville, il retourna au s'emaphore, il redescendit encore au petit matin vers les jet'ees. Et soudain, une rumeur sinistre 'eclatait. Une catastrophe s’'etait produite, le sous-marin avait failli couler, torpill'e myst'erieusement, puis il 'etait parti `a la d'erive, un torpilleur l’avait rencontr'e heureusement, l’avait ramen'e en grande rade. On parlait d’un drame, d’une femme qui s’'etait tu'ee, d’une barque mont'ee par un inconnu qui l’avait emport'ee au lointain. Boulevers'e, Fandor se pr'ecipita vers le port militaire. L`a, les rumeurs 'etaient plus pr'ecises. Et c’est d’un quartier-ma^itre embarqu'e sur Le Couragequ’il apprit cette chose invraisemblable :
— Ah, pour s^ur qu’il y a du raffut `a bord de L’OEuf. Une donzelle qui se tue `a moiti'e, qu’un de ses amants vient sauver. Le submersible qui manque de recevoir une torpille. Mais on conna^it l’auteur de tous ces trucs-l`a… Para^it que c’est un journaliste, un certain Fandor, et l’on est sur sa piste. Ah malheur, si c’est jamais quelqu’un de la flotte qui lui met la main au collet, il y a des chances pour qu’il soit emport'e en morceaux au poste.
Fandor questionna encore. Il apprit ainsi qu’H'el`ene n’'etait pas morte. Il crut comprendre que c’'etait son p`ere, Fant^omas, qui avait d^u la sauver. Puis, se rendant compte du terrible danger qu’il y avait pour lui `a demeurer plus longtemps pr`es de l’arsenal, et terrifi'e des accusations port'ees contre sa personne, sans qu’il p^ut rien actuellement pour s’en d'efendre, il se d'ecida `a s’'eloigner, la mort dans rame.
17 – `A MORT FANDOR
Tandis que ces 'ev'enements se d'eroulaient avec une 'etourdissante rapidit'e `a Cherbourg et dans ses environs, Juve, p'eniblement install'e dans sa villa de Saint-Germain, avalait sa camomille.
Il buvait sa tisane un peu trop chaude `a petites gorg'ees, et pendant ce temps-l`a, alors qu’il s’interrompait pour souffler sur le liquide br^ulant, d’un regard en coulisse, l'eg`erement narquois, il surveillait une personne attentive `a ce qu’il faisait, `a c^ot'e de son lit. La personne en question, qui venait d’apporter `a Juve sa tasse de camomille, paraissait prendre le plus vif int'er^et au policier. Juve avait d'esormais une compagne, et celle-ci n’'etait autre que la demi-mondaine qui lui avait 'et'e adress'ee par Nalorgne et P'erouzin, Irma de Steinkerque, venue au lieu et place d’H'el`ene.
Et cette femme, excellente au fond, s’'etait institu'ee avec ardeur la garde-malade de celui dont elle r^evait de devenir la femme.
— Vous ai-je bien pr'epar'e cette camomille, monsieur Ronier ?
— Elle est excellente.
— Alors, monsieur Ronier, cela ne vous a pas attrist'e d’apprendre que je ne m’appelais pas Irma de Steinkerque ?
— Mais pas le moins du monde, ch`ere madame, il est de ces noblesses qu’il faut acqu'erir parfois par n'ecessit'e, je ne suis pas bien instruit, toutefois, je sais encore que Steinkerque est le nom d’une ville, d’une bataille, et m^eme d’une rue `a Montmartre, et je sais aussi qu’il n’est port'e par aucune famille figurant au Gotha, ni m^eme au Bottin.
— Au Bottin, mon nom y figure. C’est celui de mes parents qui, comme je vous l’ai d'ej`a dit, poss`edent un petit commerce en Normandie, `a Saint-Martin. Alors, ca ne vous offusque pas que je m’appelle Irma Pi'e ?
— Non, tous les noms, m^eme les plus roturiers sont honorables du moment qu’ils sont bien port'es.
— Vous vous moquez de moi ?
— Mais jamais de la vie. J’aurais mauvaise gr^ace, d’ailleurs, `a railler une personne aussi affable que vous, aussi d'evou'ee.
— Dites aussi aimante, monsieur Ronier.
Le vieux domestique parut :
— Ce sont ces messieurs, MM. Nalorgne et P'erouzin.
— Faites-les monter.
Jean se retira, non sans avoir jet'e `a la demi-mondaine un regard de m'epris courrouc'e, car le vieux domestique voyait d’un mauvais oeil l’intrusion de cette femme au chevet de son ma^itre.
Irma, de son c^ot'e, toutefois, aussit^ot qu’elle avait entendu annoncer les visiteurs, se levait, traversait la pi`ece :
— Je ne veux pas ^etre importune, dit-elle, je passe dans le salon voisin.
Juve l’approuva. Quelques instants apr`es, il recevait Nalorgne et P'erouzin. Les deux associ'es arrivaient avec l’air grave, important. On e^ut dit les t'emoins d’un duel ou des croque-morts.
— Monsieur Ronier, d'eclara Nalorgne, nous venons vous faire nos adieux. D’importantes affaires nous contraignent `a partir en voyage et il se passera quelque temps avant que nous n’ayons le plaisir de vous revoir.
— L’ennui sera pour moi, fit Juve poliment.
— Nous venons, mon associ'e et moi, d’^etre l’objet, de la part du gouvernement, d’une haute distinction.
— Vous a-t-on nomm'es chevaliers de la L'egion d’honneur ? demanda Juve, ou ambassadeurs en Chine ?
— Pas encore, d'eclara P'erouzin, mais nous sommes nomm'es inspecteurs auxiliaires du service de la S^uret'e.
— Ah, ah, fit le policier, eh bien, toutes mes f'elicitations. Qu’est-ce que vous avez ? qu’'ecoutez-vous donc ?