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La mort de Juve (Смерть Жюва)
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Аллен Марсель

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Le bandit se tut. Une lumi`ere soudaine illuminait l’oubliette o`u Fandor avait pens'e mourir. Fant^omas 'etait debout, dans une sorte de trou noir qui s’ouvrait `a mi-hauteur de la paroi et devait aboutir `a quelque souterrain. Il 'ecrivait sous la dict'ee de Fandor la reconnaissance du crime que le journaliste lui pr'ecisait, puis il jeta la lettre `a Fandor :

— Ai-je chang'e un mot ?

— Non.

— Alors, rendez-moi cette lettre.

Et comme Fandor la lui restituait `a bout de bras, Fant^omas, qui s’en 'etait saisi, lui expliqua :

— Je vais vous jeter une corde. Vous grimperez. Elle vous m`enera `a ce souterrain o`u je suis, suivez-le. Dans vingt minutes, vous d'eboucherez en pleine campagne, un homme marchera devant vous. Ce sera moi. Vous serez libre de le suivre. Vous le verrez aller `a la poste, jeter dans la bo^ite les deux lettres que je vous ai promises. Apr`es, Fandor, votre devoir sera d’aller trouver Juve et de lui r'eclamer ce que, de votre c^ot'e, vous vous ^etes engag'e `a me remettre.

Le journaliste se demandait s’il avait eu raison d’accepter le compromis. Sa conscience lui disait oui, son orgueil non.

21 – ARRESTATION AVEC FANDOR

— Ah, te voil`a, polisson !

— Juve, Juve, il se passe des choses.

Fandor venait de faire irruption dans la petite chambre d’h^otel, `a Saint-Martin, o`u l’infortun'e Juve, plus paralytique que jamais, s’'etait fait transporter quelques jours auparavant.

D’une voix calme, mais l'eg`erement railleuse, le paralytique r'epondit :

— Je le vois bien, Fandor. Tu perds la t^ete. Depuis quelques jours, d’ailleurs, tu commets gaffe sur gaffe.

— Moi ? Qu’ai-je donc fait ?

— Non seulement tu fais des gaffes, mais tu me forces `a me d'eranger, `a venir ici, et je te prie de croire que ce village n’a rien d’enchanteur. Surtout l’hiver. Il fait un froid… D’ailleurs, puisque tu es l`a, Fandor, mets donc une b^uche dans le feu !

De plus en plus abasourdi par le calme imperturbable de Juve, Fandor ob'eit machinalement. Il posa un gros morceau de bois dans la chemin'ee. Une flamme jaillit.

— Ah ca, Juve, vous saviez donc o`u j’'etais ?

— Mon pauvre Fandor, tu es d'ecid'ement bien bas. Apprends donc une chose. C’est que tout le monde sait o`u tu te trouves, nul n’ignore l’inculpation qui p`ese actuellement sur les 'epaules du journaliste Fandor et menace, assure-t-on, sa t^ete. Chacun sais que tu es entr'e dans un ch^ateau tout pr`es, ch^ateau redoutable, d’ailleurs, de r'eputation tout au moins.

— R'eputation m'erit'ee.

— Quand on aime, Fandor, on risque.

— Juve, je vous en prie, cessez. Puisque vous ^etes renseign'e, arrachez de mon coeur une angoisse terrible, vous savez que j’ai revu H'el`ene, vous savez aussi dans quel 'etat j’ai trouv'e la malheureuse. Dites-moi, qu’est-elle devenue ? Va-t-elle mourir ?

— H'el`ene, est d'esormais hors de danger. Les hommes qui l’ont trouv'ee abandonn'ee dans une chambre d'eserte et en proie `a une fi`evre violente ont aussit^ot fait venir le m'edecin du pays, un jeune homme que je te recommande, Fandor, car il est intelligent et d'ebrouillard. Pr'ecis'ement, la voiture d’ambulance automobile qui m’avait amen'e de Saint-Germain ici n’'etait pas repartie, je l’ai pr^et'ee pour qu’on reconduise H'el`ene `a Cherbourg. Elle se trouve `a l’h^opital, fort bien soign'ee.

— Dieu soit lou'e, s’'ecria Fandor, et puisse-t-elle, apr`es les heures tragiques qu’elle a travers'ees, trouver un peu de tranquillit'e.

— Tu peux ^etre rassur'e sur ce point. D`es qu’elle sera en 'etat de voyager, nous la ferons transporter `a Paris et elle s’installera dans une cellule confortable, au sein d’une maison, tout ce que l’on peut imaginer de plus tranquille.

— C’est `a dire ?

— De l’h^opital de Cherbourg, H'el`ene sera transf'er'ee `a Saint-Lazare.

— `A la prison de Saint-Lazare ?

— 'Evidemment, Fandor. Ce n’est pas `a l’'Elys'ee que je la ferai conduire.

— Juve, vous ne ferez pas ca.

— Je te demande bien pardon, Fandor, je le ferai. D’ailleurs, j’en ai assez de cette famille.

— Juve, ayez piti'e d’H'el`ene. Vous savez qu’elle n’a rien fait, qu’elle n’est pas coupable.

— Je n’en sais rien et peu importe, je la tiens, je la garde.

— Juve, craignez la vengeance de Fant^omas ! Elle sera terrible. Et dans l’'etat o`u vous ^etes actuellement…

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