Шрифт:
D’un mouvement brusque, L'eon empoigna les franges qui voilaient le rebord de la tablette et il les souleva.
Alors, L'eon poussa une exclamation terrifi'ee : en soulevant les franges qui garnissaient le c^ot'e gauche de la chemin'ee d’o`u les billets de banque avaient disparu, Michel venait pr'ecis'ement de les apercevoir, ces billets de banque. Ils 'etaient coll'es contre le mur, gliss'es sous les franges, ils s’agitaient.
— Ah par exemple, qu’est-ce que ca veut dire ? commenca l’inspecteur.
Mais, sans doute, en soulevant les franges, il avait pouss'e les billets, car, au moment m^eme, L'eon les vit s’engouffrer dans le mur, y entrer, dispara^itre par une bouche de calorif`ere creus'ee l`a et dont la grille, tr`es large g^enait `a peine leur passage.
En m^eme temps, L'eon sentit un violent appel d’air, au m^eme instant il entendit un long soupir.
— Michel, avez-vous vu ? Il y a quelque chose qui aspire l`a-dedans ? c’est par l`a qu’on attire.
L'eon n’acheva pas. Entra^in'e par l’int'er^et m^eme de sa d'ecouverte, il s’'etait pench'e sur la bouche du calorif`ere, il venait d’y coller le visage. Alors, un hurlement d'echirant, un cri de douleur effroyable, une lamentation sans fin, emplit le cabinet de travail. Une seconde peut-^etre, L'eon 'etait rest'e le visage coll'e `a la bouche de chaleur. Maintenant, il se rejetait en arri`ere.
Le malheureux inspecteur 'etait 'epouvantable `a voir. Le sang ruisselait de son visage taillad'e dont les chairs semblaient avoir 'et'e violemment appuy'ees contre la grille du calorif`ere, s’^etre coup'ees sur le treillis m'etallique. Et surtout, son oeil droit arrach'e de l’orbite, lamentable, pendait sur sa joue, cependant que, sous une horrible douleur, tous les traits de son visage grimacaient, se convulsaient. Il s’'ecroula sur le tapis rougi de sang.
Michel n’avait pas eu le temps d’intervenir. 'Epouvant'e, il se jeta `a genoux `a c^ot'e de L'eon. L'eon sembla reprendre conscience. Il r^ala :
— C’est horrible. La bouche de calorif`ere fait ventouse. Ah, je ne vois plus. Suis-je aveugle ?
— Au secours, au secours ! hurla Michel.
11 – VERS L’AMOUR
Dans la villa de Saint-Germain, Juve et Fandor, en t^ete `a t^ete, discutaient avec la plus vive 'emotion :
— Oui, dit Fandor. Son oeil est perdu.
Juve serrait les dents. L’infirme b'egayait de col`ere :
— Oh, nous venger, venger notre pauvre ami, r'eduire, une fois pour toutes `a n'eant notre formidable adversaire, voil`a ce que je voudrais.
— Calmez-vous, dit Fandor. Nous finirons par r'eussir. Il y a ici-bas une justice immanente. `A ce propos, Juve, j’ai des renseignements…
— Non Fandor, tout `a l’heure. D’abord, donne-moi des nouvelles de L'eon. Quelles sont les causes de ce qui s’est pass'e.
— Oui. vous avez raison, Juve. Je vous ai mis au courant jusqu’`a ce moment fatal o`u L'eon a la fichue id'ee de coller le nez sur la bouche du calorif`ere. L`a, il a pouss'e un grand cri. Il est tomb'e. Michel l’a relev'e. Il avait le visage mutil'e, l’oeil arrach'e de l’orbite. Je passe sur l’affolement, la suite. On a emport'e L'eon `a l’h^opital.
— Au fait, Fandor, au fait. La machine infernale, c’'etait quoi ?
— Une pompe.
— Quoi ? Que veux-tu dire.
— Une pompe aspirante. Une machine qui fait le vide.
Et comme Juve paraissait ne pas avoir tr`es bien compris, Fandor lui expliqua :
— J’ai eu la chance, comme je vous le disais pr'ec'edemment, de pouvoir venir avec Michel, dans l’appartement du courtier Herv'e Martel, quelques heures apr`es le terrible accident. Nous avons pass'e ensemble la fin de la journ'ee, presque la nuit enti`ere, la matin'ee, puis l’apr`es-midi. Apr`es d’interminables recherches, nous avons d'ecouvert ceci : la canalisation de la bouche du calorif`ere aboutissant dans le cabinet de travail de Herv'e Martel avait 'et'e d'etourn'ee et venait s’ouvrir dans un long tuyau m'etallique qui, traversant le mur de la maison, descendait le long de ce mur jusque dans une maison voisine, un garage d’automobiles, abandonn'e de ses propri'etaires depuis six mois. Une liquidation, une faillite probablement, avait d'etermin'e cet 'etat de choses. Nous avons p'en'etr'e l`a, guid'es par le tuyau. Dans les sous-sols de ce garage o`u ce tube venait aboutir, nous avons trouv'e, tout install'e, graiss'e, bien entretenu, dans un 'etat qui prouvait qu’on s’en 'etait servi tout r'ecemment, un moteur `a p'etrole d’un type tr`es courant, moteur `a quatre cylindres qui, fix'e `a un dispositif sp'ecial et fort connu, para^it-il, dans l’industrie, permet, lorsque le moteur est mis en marche, de faire le vide dans le tuyau et par suite, d’aspirer `a l’extr'emit'e de l’orifice avec une violence inou"ie tout ce qui peut se trouver emport'e. Je ne vous d'efinirais pas mieux l’appareil, Juve, en disant qu’il 'etait 'etabli sur un principe identique `a celui de ces aspirateurs que l’on emploie pour nettoyer les appartements.
— C’est admirable, c’est effrayant, c’est du Fant^omas.
— Oui, Juve. C’est du Fant^omas.
— Quoi d’autre Fandor ?
— Juve, si j’ai bien compris ce qui s’est pass'e, – et je crois ^etre dans le vrai en disant que le myst'erieux voleur de l’avenue Niel faisait dispara^itre les documents qui se trouvaient dans le bureau du courtier maritime en les aspirant, au sens propre du mot, – il est un autre point que je n’ai pas pu 'eclaircir.
— Ce que tu viens de me dire, Fandor, est rigoureusement exact. L’appareil ne se contentait pas d’aspirer, il refoulait aussi, ce qui explique le fameux ouragan d'echa^in'e un certain soir dans le cabinet de travail uniquement pour jeter l’'epouvante. Mais je te vois venir et tu vas me demander comment il se fait que le coupable qui faisait manoeuvrer l’appareil, choisissait le bon moment pour le mettre en action, et pourquoi il n’aspirait qu’`a coup s^ur ?
— D'ecid'ement, Juve, vous avez toujours, vous avez m^eme plus que jamais une admirable perspicacit'e. Oui, j’allais vous poser cette question.
— Notre homme se contentait d’'ecouter aux portes.
— Aux portes ?
— C’est une facon de parler, poursuivit Juve, car, en r'ealit'e, le voleur, le criminel ne se tenait pas dans l’appartement d’Herv'e Martel, mais bien dans le garage, `a c^ot'e du moteur, ainsi que tu l’as d'ecouvert. Il 'ecoutait ce que l’on disait dans le cabinet de travail de l’appartement de l’avenue Niel. Mieux encore, il entendait comme s’il se f^ut trouv'e dans la pi`ece. Comment ?