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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Fandor, pench'e par-dessus la rampe de l’escalier, entendait ces propos.

Il 'eclata de rire.

— Elle est bien bonne ! fit-il. Voil`a maintenant que j’ai tous les roussins de France `a mes trousses. Bah ! peu importe, on s’expliquera quand on aura le temps !

Le journaliste faisait volte-face, il se buta contre Gauvin. Leurs deux fronts se heurt`erent.

— D'ecid'ement, grogna Fandor, nous sommes faits pour nous rencontrer dans la vie, mais franchement nous y mettons un peu trop de brutalit'e l’un et l’autre ! Enfin, ca n’a pas d’importance, les bosses au front, ca se gu'erit tout seul…

Le journaliste entra^inait Gauvin vers l’extr'emit'e du couloir.

— Nous ne descendons donc pas ? interrogea le notaire.

— Si ! Comment donc ! d'eclara Fandor.

— Mais nous tournons le dos `a l’escalier, observa Gauvin.

Fandor, qui d'esormais se trouvait avec son compagnon `a l’extr'emit'e du couloir, pr`es d’une fen^etre ouverte, donnant sur une cour obscure de l’int'erieur de l’h^otel, mit un doigt sur ses l`evres et lui dit :

— Ah ! voil`a ! vous savez, mon cher Gauvin, les choses les plus simples ne sont pas toujours les meilleures… Tel que je vous connais, vous seriez descendu par l’escalier !

— Naturellement, fit le notaire abasourdi.

Fandor feignait de s’indigner.

— C’est ca, comme un bourgeois ! Les escaliers, mais c’est trop facile ! Moi je vous pr'eviens d’une chose, c’est que je viens de prendre un long repos involontaire ; oui, mon cher, j’'etais figurant `a la morgue, mais je vous expliquerai cela plus tard. Alors, j’estime que j’ai besoin de prendre du mouvement, de faire des exercices physiques, et puis, en m^eme temps, je suis tr`es peureux. Supposez qu’il y ait le feu `a l’h^otel et que le coeur de la fournaise soit dans la cage de l’escalier ; nous sommes ici au quatri`eme, comment descendrions-nous ?

Gauvin consid'erait Fandor avec des yeux ahuris, se demandant si le journaliste n’'etait pas subitement devenu fou.

Il r'epondit n'eanmoins :

— Il doit y avoir une 'echelle de fer `a l’ext'erieur de la maison.

— Tr`es bien raisonn'e, dit Fandor, qui se penchait vers la fen^etre en m^eme temps qu’il attirait Gauvin `a c^ot'e de lui.

Le journaliste poursuivit :

— Tenez, la voil`a, cette 'echelle ! eh bien, mon ami, nous allons l’exp'erimenter. En route !

D`es lors, Fandor, enjambant la fen^etre, s’accrochait `a l’'echelle de fer qui allait du bas jusqu’en haut du mur, et commenca `a descendre quelques 'echelons.

— Venez ! dit-il `a Gauvin.

Mais le notaire secouait la t^ete.

— Non, non, j’aime mieux l’escalier !

Et il allait rebrousser chemin, mais il s’arr^eta net : Fandor braquait sur lui un revolver.

— Si dans trois secondes vous n’avez pas enjamb'e cette fen^etre, si dans quatre secondes vous n’^etes pas au-dessus de moi, accroch'e `a cette 'echelle de fer, et si, dans le d'elai d’une minute, vous n’^etes pas descendu jusqu’en bas, aussi vrai que je m’appelle J'er^ome Fandor et que je porte une soutane de pr^etre, je vous fais sauter la cervelle !

Gauvin devint livide.

— Il est compl`etement fou ! pensa-t-il.

Mais il n’osait d'esob'eir, et Fandor, quelques instants apr`es, s’applaudissait de sa menace, car il 'etait au bas de l’'echelle en compagnie du notaire, et tous deux, par une porte 'ecart'ee, quittaient les communs de l’h^otel et se retrouvaient dans la rue.

— Une automobile ! cria Fandor, o`u en trouve-t-on ?

— Sur la place `a c^ot'e, r'epondit Gauvin.

Les deux jeunes gens y couraient, prenaient un taxi-auto. Gauvin donnait l’adresse de son domicile ; huit minutes apr`es le journaliste et le notaire se trouvaient `a l’entr'ee du petit jardinet, au milieu duquel s’'elevait le domicile du tabellion.

Fandor, d`es lors, avait compl`etement perdu son entrain railleur et son ton de persiflage.

Un pli barrait son front, il avait la main crisp'ee sur la crosse de son revolver.

— Assez blagu'e, murmura-t-il entre ses dents. Ouvrons l’oeil maintenant !

Et `a voix basse, il interrogeait Gauvin :

— D'ecrivez-moi rapidement la disposition de votre maison. De quel c^ot'e donne la fen^etre de votre cabinet de travail ?

— La fen^etre de mon cabinet de travail, articula Gauvin, mais c’est cette fen^etre qui se trouve juste en face de vous.

— En ^etes-vous bien s^ur ? demanda le journaliste.

Gauvin devenait de plus en plus interloqu'e.

— Mais naturellement, oui, pourquoi cette question ?

— Parce que, d'eclara Fandor, cette fen^etre est intacte, et il appara^it que personne ne l’a ouverte de l’int'erieur de votre bureau.

— Qu’en concluez-vous ? demanda le notaire.

— Ceci, fit Fandor d’une voix basse : c’est que le voleur que vous m’avez signal'e et que vous supposez avoir enferm'e dans votre cabinet, n’a pas d^u chercher `a s’enfuir, sans quoi rien n’aurait 'et'e plus simple pour lui que d’ouvrir la fen^etre et de sauter dans le jardin, d’autant que cette fen^etre est au rez-de-chauss'ee…

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