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— Nom de Dieu, je le rattraperai ! jura tout haut Fandor.
Bouzille, qui s’'etait rejet'e en arri`ere, qui se heurtait `a Bec-de-Gaz aplati sur le plancher de la voiture et claquant des dents de frayeur, Bouzille riposta :
— S^urement, ca va mal finir !
La route, `a cette minute, descendait brusquement. Elle semblait plonger dans une vall'ee profonde et s’'etendait droite, `a perte de vue.
— Bravo ! dit Fandor.
Une vie nouvelle semblait s’emparer du m'ecanisme de la voiture. La vitesse augmentait encore, les organes ronflaient, les pi`eces m'etalliques tintaient follement.
Il n’'etait plus question de parler ; l’allure 'etait telle que l’air 'etouffait, et qu’il fallait baisser la t^ete pour pouvoir respirer un peu.
— Vite, plus vite ! r^ala Fandor.
Le tram 'etait `a cent m`etres, mais la voiture le gagnait facilement.
Cinquante m`etres les s'epar`erent, puis trente, puis vingt… puis dix…
D'ej`a J'er^ome Fandor entendait les hurlements d’effroi des malheureux voyageurs qui, terrifi'es par cette course `a la mort, se demandaient 'evidemment, eux aussi, comment cet effroyable 'ev'enement allait se terminer.
`A cet instant, toutefois, il fallait jouer le tout pour le tout. J'er^ome Fandor s’en rendit nettement compte. Suivre le tram 'electrique, et attendre que Fant^omas en descend^it tranquillement, c’'etait enfantin ; essayer, d’autre part, de monter la voiture sur la voie et de faire d'erailler le tram, c’'etait risquer un abominable accident dont Fant^omas n’aurait pas 'et'e la seule victime.
Que faire alors ?
J'er^ome Fandor, d’une main, se cramponna `a son volant.
Si la voiture versait, tant pis ! S’il se tuait, tant pis encore ! Ce qu’il fallait, c’'etait obliger Fant^omas `a se rendre, `a se livrer lui-m^eme !
Et J'er^ome Fandor, de sa main libre, prit son revolver, et le braqua sur le mis'erable.
Fant^omas, de son c^ot'e, tendait son arme aussi. Les deux voitures, automobile et tramway, roulaient toujours `a une allure folle, ne se d'epassant ni l’une ni l’autre, roulant dans un bruit de tonnerre.
Fant^omas ajusta Fandor.
Certes, `a cet instant, le journaliste fut tent'e, lui aussi, de faire feu.
Mais `a l’instant o`u il allait presser la d'etente, J'er^ome Fandor songea :
— Avec les cahots de la route, je vais le manquer. Or, il me reste cinq coups `a tirer. Dans cinq coups je serai donc d'esarm'e !
Et se ma^itrisant, J'er^ome Fandor ne tira pas.
Fant^omas, de son c^ot'e, ne songeait pas 'evidemment au risque d’^etre d'esarm'e. Moins secou'e sur son tramway que ne l’'etait J'er^ome Fandor, libre d’abandonner son m'ecanisme, puisque les rails se chargeaient de diriger la voiture, il ajustait longuement Fandor…
`A cet instant, Bouzille et Bec-de-Gaz redoublaient de hurlements, criant comme de pauvres b^etes qu’on 'egorge.
Fandor, lui, tr`es p^ale, sans mot dire, le bras toujours tendu, fixait dans les yeux Fant^omas.
`A l’instant o`u il vit que le bandit allait tirer, J'er^ome Fandor donna un violent coup de volant. La voiture fit une embard'ee, Fant^omas avait perdu une balle !
— Encore quatre coups `a tirer ! se dit J'er^ome Fandor.
Un coup de frein lui permit d’'eviter une nouvelle balle.
Mais, `a cet instant, Fant^omas semblait 'eclater de rire, tirait trois coups en l’air, puis l^achait son revolver.
Et J'er^ome Fandor n’avait point le temps de se demander quel 'etait le motif de cette nouvelle attitude, qu’une effroyable catastrophe survenait.
Le journaliste se sentait arrach'e de son si`ege, projet'e en l’air ; il retombait lourdement sur le sol, cependant qu’un fracas formidable retentissait !…
Occup'e par la lutte, J'er^ome Fandor n’avait point vu qu’un passage `a niveau ferm'e barrait le chemin ; il venait jeter sa voiture dans cet obstacle, l’automobile faisait panache, et J'er^ome Fandor, mort peut-^etre, gisait parmi ses d'ebris.
Au lointain, le car 'electrique continuait `a s’enfuir…
Chapitre IX
Obstination tragique !
— Voyez-vous, mon bon monsieur, l’immobilit'e, il n’y a rien de tel… l’eau froide aussi, ca fait du bien. Tenez, je me rappelle, il y a deux ans, quand mon homme courait apr`es la Rouge, la Rouge, sauf vot’respect, c’est not’vache, et qu’il d'egringola dans le foss'e qui borde le champ au p`ere Mathieu, eh bien, c’est tout juste ce que lui avait ordonn'e le m'edecin. Bougez pas, qu’il lui disait, restez tranquille, t^achez de ne pas vous faire des sangs, et de temps `a autre, mettez-vous le pied dans l’eau froide… Dame, ca 'et'e une affaire de quinze jours, mais enfin…