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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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— Quinze jours !…

Le bless'e auquel s’adressait ces paroles avait sursaut'e sur son si`ege, r'ep'etant : quinze jours ! sur une intonation effar'ee qui e^ut suffi `a prouver `a elle seule qu’il lui semblait totalement impossible de consacrer quinze jours `a se soigner.

Mais quel 'etait donc ce bless'e ?

C’'etait tout bonnement J'er^ome Fandor. Une fois encore, en effet, le journaliste avait, par une chance inesp'er'ee, 'evit'e le sort qui, logiquement, e^ut d^u ^etre le sien. `A l’instant o`u la voiture faisait panache, elle roulait encore `a une allure d’au moins quatre-vingts kilom`etres `a l’heure, et sa culbute avait 'et'e si violente, si soudaine et si impr'evue, qu’on n’e^ut pas trouv'e 'etonnant que Fandor e^ut 'et'e 'ecras'e sous ses d'ebris, ou du moins e^ut 'et'e gravement bless'e.

Or, il n’en 'etait rien. C’'etait m^eme pr'ecis'ement l’exc`es du danger qui avait sauv'e Fandor d’une aventure cependant en tout point redoutable.

La voiture roulait si vite, en effet, que le journaliste avait 'et'e litt'eralement projet'e au loin. Il s’'etait meurtri les c^otes en heurtant le volant ; mais, et cela 'etait de beaucoup pr'ef'erable, il n’'etait point rest'e sous le v'ehicule `a l’instant o`u celui-ci s’'ecrasait sur la route.

Bec-de-Gaz et Bouzille d’ailleurs avaient b'en'efici'e d’une chance semblable : ils avaient 'et'e, eux aussi, lanc'es en avant. Bec-de-Gaz 'etait moelleusement tomb'e dans une mare infecte, d’o`u il s’'etait imm'ediatement relev'e, et cela avec une pr'ecipitation d’autant plus grande qu’il prenait la fuite `a la seconde. Pour Bouzille, le choc l’avait envoy'e la t^ete la premi`ere dans un 'enorme tas de fumier d’o`u il 'etait ressorti fort sale, mais indemne, `a part une balafre qui le d'efigurait un peu.

Fandor 'etait en r'ealit'e le plus gravement atteint des trois voyageurs de l’automobile. Le jeune homme s’'etait foul'e le pied, il en 'etait imm'ediatement r'esult'e une violente enflure et la fi`evre occasionn'ee par la douleur lui faisait claquer les dents moins de vingt minutes apr`es.

Bouzille avait alors donn'e des preuves de son ing'eniosit'e et de sa tranquille candeur d’esprit.

Sorti de son tas de fumier, encore un peu stup'efait et 'etourdi de leur aventure, Bouzille, loin de s’enfuir comme Bec-de-Gaz, s’'etait pr'ecipit'e au secours de J'er^ome Fandor qui gisait `a cet instant sur le sol de la route, `a une dizaine de m`etres de l’automobile renvers'ee.

— Alors quoi ? demandait Bouzille. C’est fini, la promenade ? On ne continue pas ?… Sauf vot’respect, m’sieur Fandor, vous avez tout de m^eme une dr^ole de facon d’arr^eter !… Moi, dans le temps, quand je faisais de l’automobile, quand j’avais mon train sp'ecial…

Quand Bouzille 'evoquait des souvenirs, c’'etait 'evidemment terrible, car l’ancien chemineau, bavard comme pas un, ne tarissait plus d’anecdotes.

La crainte de ce bavardage fut sans doute le stimulant qui r'eveilla Fandor. Le jeune homme, en effet, qui, jusque-l`a, n’avait point boug'e, aux trois quarts 'evanoui, s’asseyait sur son s'eant.

— Zut, Bouzille, d'eclarait Fandor. Vous avez tort de vous plaindre. On arr^ete comme on peut, l’essentiel est d’arr^eter. D’ailleurs, mon bon, tous les gens comp'etents affirment qu’il ne faut jamais freiner. Un coup de frein, c’est la mort des pneus. Vous voyez que j’ai 'et'e logique, 'econome et prudent, en arr^etant d’autre facon ?…

Tout en plaisantant, car Fandor plaisantait toujours, m^eme aux heures les plus graves, le journaliste essayait de se lever.

Par malheur, `a cet instant, il devait s’apercevoir de son entorse et comprendre qu’il lui 'etait impossible de marcher plus d’une dizaine de m`etres.

— Bigre, je suis frais… pensa Fandor.

Bouzille, de son c^ot'e, grognait :

— `A cette heure, remarquait le chemineau, va falloir que je me fasse brancardier et infirmier pour vous guider, monsieur Fandor. C’est bien le quatre-vingt-dix-neuvi`eme m'etier que j’essaierai. Mais, ma foi, je ne d'esesp`ere pas toutefois de faire fortune !

Bouzille aidait Fandor `a se mettre debout, il grommelait encore :

— D’ailleurs, c’est rudement dommage que j’sois pas une artiste `a l’Op'era. Rapport `a ce que j’suis 'egratign'e et que ma beaut'e en souffrira, je vous attaquerais devant la police !

Bouzille pouvait bien grommeler, Fandor ne l’'ecoutait d'ej`a plus.

Remis de la secousse brusque qu’il avait 'eprouv'ee lors de l’accident, J'er^ome Fandor, en effet, 'etait d'ej`a repris par les graves pr'eoccupations qui, quelques instants avant encore, lui faisaient de sang-froid affronter la plus dangereuse des luttes.

Fandor 'etait furieux.

— Avec tout cela, pensait-il, j’ai laiss'e Fant^omas s’enfuir, et il y a d'esormais bien des chances pour que je ne puisse jamais le rattraper !

Appuy'e sur l’'epaule de Bouzille, Fandor essayait en effet de faire quelques pas, mais le moindre mouvement lui causait une intol'erable douleur ; et, malgr'e son 'energique vaillance, il devait se rendre compte qu’il allait lui falloir `a toute force prendre du repos, se soigner, attendre.

Pr'ecis'ement, Bouzille demandait :

— Et alors, m’sieur Fandor, qu’est-ce qu’on fait ? Vous n’avez pas l’intention de continuer `a cloche-pied… C’est-il qu’on va demander l’hospitalit'e `a la ferme qu’il y a l`a-bas ?

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