Шрифт:
Fant^omas disparut derri`ere les bagages et apparut au bout de quelques secondes un peu plus loin sur le quai, de sorte que J'er^ome Fandor, sans perdre le moins du monde sa piste, pouvait ais'ement se jeter sur ses traces et continuer la poursuite.
J'er^ome Fandor, par malheur, devait avoir `a lutter contre une suite d’'ev'enements qui, s’ils servaient merveilleusement les int'er^ets du bandit, paralysaient dans la m^eme mesure les efforts du journaliste.
`A cet instant, en effet, une cloche r'esonnait dans la gare d’Anvers, annoncant qu’il 'etait temps pour les voyageurs du rapide de regagner leur place, et cela naturellement avait pour effet d’augmenter encore l’encombrement des quais.
Devant J'er^ome Fandor, une foule de gens s’agitaient, courant en tout sens pour retrouver leurs wagons et ne faisant nullement attention aux impr'ecations du jeune homme qui, peu soucieux d’^etre poli, jouait des coudes, et distribuait des coups de poing sans la moindre vergogne.
— Place ! place ! criait Fandor.
Et il se pr'ecipitait toujours en avant.
Cette poursuite `a la gare ne pouvait 'evidemment s’'eterniser bien longuement. Il 'etait certain qu’on allait `a la fin remarquer les clameurs d'esesp'er'ees de Fandor, qu’on se pr'ecipiterait `a son aide, qu’au seul nom de Fant^omas on se grouperait sous ses ordres, et qu’en cons'equence le bandit serait vivement accul'e dans un coin, appr'ehend'e, mis hors d’'etat de nuire.
Fandor esp'erait bien tout cela, mais, h'elas ! Fant^omas ne s’illusionnait pas plus `a ce sujet que lui-m^eme, et Fant^omas, pour 'eviter cette extr'emit'e f^acheuse, d'eployait en cons'equence les tr'esors d’habilet'e dont il 'etait coutumier.
Loin de courir, ainsi que le faisait J'er^ome Fandor, Fant^omas se contentait de marcher tr`es vite. Il faisait de brusques d'etours, pivotait sur lui-m^eme, revenait sur ses pas, et se dirigeait le plus possible dans la direction des salles d’attente s'eparant les quais d’embarquement de la sorte d’esplanade qui s’'etend devant la gare d’Anvers.
J'er^ome Fandor s’apercut rapidement de sa manoeuvre, comprit son but et son int'er^et, et pesta de toute son ^ame.
— S’il quitte la gare, il m’'echappe, songea le journaliste.
Et J'er^ome Fandor, `a son tour, avait cess'e de crier. Dans le remue-m'enage du train voisin, on n’entendait pas ses appels ; il fallait r'eserver sa voix pour donner l’alarme un peu plus tard.
Et, serrant les poings, furieux de ne pas m^eme avoir le moyen de pr'evenir Juve dont il entendait brusquement les appels, J'er^ome Fandor se h^ata encore pour rejoindre Fant^omas.
Par malheur, le bandit devait conna^itre la gare d’Anvers beaucoup mieux que ne la connaissait J'er^ome Fandor lui-m^eme. Il s’orientait donc `a merveille, trouvait moyen de se glisser derri`ere un encombrement de chariots qui retardait Fandor, et se pr'ecipitait dans la salle d’attente.
Il avait encore une dizaine de pas `a faire et il arrivait dans la cour de la gare o`u, sans le moindre doute, il lui serait relativement facile de dispara^itre et de s’enfuir.
— Nom de Dieu ! tonna Fandor, je suis fichu !
Il avait vu le geste de Fant^omas, il l’avait vu ouvrir la porte de la salle d’attente, l’instant 'etait d'ecisif.
Alors, brusquement, J'er^ome Fandor concut une nouvelle id'ee.
Loin de se pr'ecipiter en avant, il rebroussa chemin en toute h^ate.
La route derri`ere lui 'etait libre car les voyageurs avaient tous repris place dans le train de Bruxelles, et les employ'es s’empressaient `a fermer les porti`eres et les verrous de s^uret'e du convoi ; J'er^ome Fandor en profita pour courir librement et sortir du hall.
Quelle 'etait donc l’id'ee du journaliste ?
J'er^ome Fandor, au cours de sa poursuite contre Fant^omas, avait, en r'ealit'e, tout bonnement remarqu'e que la gare se prolongeait assez loin et qu’il y avait un endroit o`u les quais n’'etaient s'epar'es de la voie publique que par une petite barri`ere. Enjamber cette barri`ere, sauter par-dessus, se jeter sur l’esplanade, et l`a, courir `a perdre haleine de facon `a prendre le plus court chemin et `a couper la sortie `a Fant^omas, tel 'etait le plan de J'er^ome Fandor.
L’ami de Juve n’'etait jamais long `a r'ealiser ce qu’il avait une fois d'ecid'e. Il lui fallait donc `a peine quelques instants pour arriver haletant, 'epoumon'e, `a la sortie de la gare, sortie que n’avait pas encore franchie Fant^omas, il l’esp'erait bien, du moins.
J'er^ome Fandor, toutefois, arrivait `a peine `a la porte vitr'ee derri`ere laquelle il comptait bien attendre le G'enie du crime, que la haute silhouette de celui-ci lui apparaissait. Il se jeta rapidement en arri`ere, ne voulant pas ^etre vu, mais, h'elas ! si rapide qu’avait 'et'e son geste, il avait 'et'e surpris par Fant^omas…