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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Cet homme, c’'etait Fant^omas… le Roi du crime, le Ma^itre de l’'epouvante, c’'etait le Tortionnaire, c’'etait le monstrueux bandit qui se d'eclarait lui-m^eme le Ma^itre de tous et de tout !

Juve, demeur'e seul dans son compartiment, cependant que tout le train commentait l’aventure, cependant que les voyageurs s’'ecrasaient dans le couloir, ne laissant pas m^eme place aux employ'es de la Compagnie, Juve inventait bien des choses.

'Evidemment, Fandor avait eu raison lorsqu’il avait cru entendre, quelque temps avant d’arriver `a Anvers, la voix de Fant^omas. Il 'etait bien r'eel que Fant^omas se trouvait alors dans le train, il 'etait m^eme probable que le bandit avait d^u apercevoir Fandor, avait d^u noter dans quel compartiment il se trouvait.

— Il nous a vus, s’avoua Juve. Il a not'e notre pr'esence. C’est bien volontairement qu’il a d^u m^eme se faire entendre par Fandor… Et si Fandor n’a point rejoint le train, c’est sans doute qu’il est actuellement sur la piste de Fant^omas.

Juve ne se trompait pas, puisque, au m^eme moment, et sans qu’il p^ut le savoir, Fandor 'etait pr'ecis'ement en train de pourchasser Fant^omas dans l’automobile qu’il volait au bandit.

Rassur'e d'esormais sur le sort de Fandor, Juve se demandait comment il 'etait possible que Fant^omas e^ut pu amener un cadavre dans le train. Or, voil`a qu’en examinant de tous c^ot'es le compartiment o`u il se trouvait, Juve apercevait, dans le filet, abandonn'es l`a, des v^etements qu’il reconnaissait sans peine.

— Mis'ericorde, gronda le policier. Il s’agit d’un corsage et d’une jupe de femme… Parbleu, ce sont les v^etements qui habillaient la vieille dame qui s’embarqua avec un paralytique `a Amsterdam !

Il n’'etait donc pas difficile pour Juve de deviner la v'erit'e.

Il 'eventait vite, en effet, la ruse `a laquelle avait eu recours Fant^omas. Il soupconnait que le soi-disant paralytique 'etait en r'ealit'e le cadavre, et m^eme, il d'ecouvrait comment il se faisait que lui, Juve, venait en somme de se tromper de compartiment, prenant place dans celui o`u 'etait Fant^omas, alors qu’il s’'etait imagin'e s’installer dans celui o`u Fandor avait voyag'e.

Le train n’avait-il pas, en effet, chang'e de sens de marche en partant d’Anvers ? La locomotive, attel'ee en t^ete, avait 'et'e remplac'ee par une locomotive attel'ee en queue. Juve 'etait bien toujours dans le dernier compartiment du wagon, mais ce compartiment avait chang'e, c’'etait celui qui s’'etait trouv'e tout d’abord ^etre le premier.

Ce d'etail, toutefois, n’avait qu’une tr`es relative importance. Ce qui pressait Juve, en effet, ce qui l’angoissait maintenant, c’'etait de deviner qui 'etait ce mort qu’il avait devant lui, ce mort qui n’'etait pas Fandor, ce mort que l’on avait grim'e, que l’on avait si bien grim'e m^eme, qu’il serait sans doute `a jamais impossible d’enlever les fards incrust'es dans la chair du visage glac'e pour toujours.

Juve en 'etait l`a de ses r'eflexions, lorsqu’une main se posait sur son 'epaule.

— Qui ^etes-vous ? lui demandait-on.

C’'etait le chef de train qui, pr'evenu par la rumeur publique, faisait son apparition.

Juve, `a vrai dire, le recut fort mal. Il avait bien autre chose `a faire qu’`a renseigner les importuns. Aussi se contentait-il tout bonnement de hausser les 'epaules de repousser le pauvre employ'e, d’articuler enfin :

— Vous, mon bonhomme, fichez-moi le camp… Fermez la porti`ere, tirez les rideaux bleus, faites-moi r'eserver le wagon.

Et comme ses ordres eussent 'et'e incompr'ehensibles de la part de l’inconnu, Juve mettait sous les yeux de l’employ'e stup'efait sa carte d’inspecteur de la police.

— Ob'eissez, faisait-il… Service de la S^uret'e… D’ailleurs, je suis accr'edit'e en Belgique, voici la lettre qui le prouve. De plus, le wagon est francais, et, par cons'equent…

L’employ'e n’en demandait pas plus.

C’'etait un vieux chemineau qui perdait absolument la t^ete. Il ne pensait nullement `a d'esob'eir `a Juve, il ne pensait gu`ere `a le questionner ; son seul d'esir 'etait de s’en aller au plus vite et d’'echapper `a toutes les responsabilit'es, `a tous les ennuis, dont il pr'evoyait naturellement la tr`es imminente menace.

— `A vos ordres, r'epondit-il.

L`a-dessus, il disparut.

Juve, `a nouveau, 'etait seul avec le cadavre. Il y resta jusqu’`a ce que le train stoppe en gare de Bruxelles. L`a, il faisait mander le commissaire sp'ecial et, rapidement, en deux mots, le mettait au courant de la situation.

— Au point de vue droit, disait Juve, il est certain, monsieur le commissaire, que le crime ayant 'et'e commis en Belgique, c’est `a vous qu’il appartient d’instrumenter. Toutefois, vous savez combien les affaires de Fant^omas sont des affaires compliqu'ees, et combien la justice francaise s’en est pr'eoccup'ee… J’ai en poche, 'emanant de votre ministre de la Justice, une autorisation de requ'erir la police belge et d’agir au mieux des int'er^ets g'en'eraux. Voulez-vous, en cons'equence, m’autoriser `a ramener ce cadavre en France, cela simplifiera les formalit'es, et, naturellement, cela m’aidera dans la t^ache que je poursuis ?

Juve avait 'evidemment toutes les chances du monde de ne point obtenir ce qu’il demandait. Par bonheur, il s’adressait `a un fonctionnaire qui 'etait, sans qu’il s’en dout^at, l’un des ses plus enthousiastes admirateurs.

Le commissaire de police de la gare de Bruxelles ne demandait donc pas mieux que de faciliter la t^ache de Juve. La police bruxelloise avait eu r'ecemment fort `a faire avec le crime simul'e par Fant^omas, gr^ace `a la complicit'e de Ma Pomme. Les recherches 'etaient naturellement demeur'ees infructueuses, on ne devait 'evidemment pas tenir beaucoup, en haut lieu, `a recommencer l’instruction d’une affaire qui semblait au moins aussi d'elicate.

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