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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Bouzille restait ind'ecis, lorsqu’il 'etait brusquement t'emoin de la plus extraordinaire des choses.

Il apercevait tout d’abord une nouvelle barque qui faisait force de rames et descendait le courant. `A bord se trouvait un homme que Bouzille ne pouvait distinguer, car la barque longeait les berges, rest'ees dans l’ombre, et il 'etait quasi invisible.

Les yeux percants du chemineau lui permirent pourtant de deviner que la seconde barque, habilement dirig'ee, semblait convoyer quelque chose qui devait flotter au gr'e du courant.

— Je n’comprends pas, se dit le chemineau, je n’comprends pas du tout !

Mais, un instant plus tard, Bouzille comprenait, et ce qu’il comprenait le terrifiait `a tel point qu’il se prenait `a claquer des dents, `a sentir ses jambes flageoler sous lui au point qu’il demeurait an'eanti, appuy'e sur le parapet du pont, incapable de se mouvoir…

— Ca, c’est plus fort que tout… c’est plus fort que tout ! murmurait Bouzille.

La barque qui descendait le courant avait brusquement 'et'e rejointe par la barque qui stationnait sous le pont. Les deux bateaux s’'etaient heurt'es, puis s’'ecartaient l’un de l’autre. Les hommes qui les montaient alors se dressaient, agitaient de longues gaffes, semblaient faire de violents efforts pour attirer quelque chose qui devait ^etre lourd et pesant.

Mais qu’'etait-ce donc que ces hommes noirs rep^echaient ?

Bouzille, pris de stupeur, voulut le savoir co^ute que co^ute et s’efforca, malgr'e l’obscurit'e, de ne point perdre un mouvement des 'etranges bateliers.

Or, sa t'enacit'e devait ^etre r'ecompens'ee : quelques instants plus tard, en effet, Bouzille 'etait renseign'e, renseign'e `a merveille, puisque, juste au-dessous de lui, le flot emportait les barques pendant que les bateliers, pench'es sur le fleuve, hissaient `a leur bord une forme noire, rigide, une forme qu’il 'etait tr`es facile d’identifier, la forme d’un cadavre…

Bouzille, absolument stup'efi'e par ce qu’il venait de voir, demeurait tout d’abord quelques instants encore, sans bouger, ne sachant plus tr`es bien quel parti il 'etait important de prendre, et de quelle facon il pouvait l'egitimement esp'erer tirer parti des aventures dont il venait d’^etre t'emoin.

Mais Bouzille, par bonheur, 'etait un homme inventif et obstin'e.

Il n’avait pas besoin de r'efl'echir longtemps lorsqu’une question de gros sous 'etait en jeu. L’inspiration lui venait comme elle vient d’ordinaire aux hommes de g'enie, brusquement et sans peine aucune.

— Ma foi, se dit Bouzille, avant tout, il faut savoir si cette chose-l`a ne pourrait pas int'eresser la police !…

Bouzille claquait de la langue, satisfait, car, tout au fond de lui-m^eme, il 'etait depuis quarante-huit heures assez inquiet au sujet de sa situation polici`ere.

Fandor l’avait d'ecouvert avec Fant^omas, cela ne pouvait-il pas lui causer des ennuis ?

Et Bouzille, qui tenait `a sa tranquillit'e, se disait `a ce moment tout naturellement :

— Ma parole, j’suis bien b^ete de m’faire du mauvais sang… y a quelque chose qu’est bougrement simple pour me remettre dans les bonnes gr^aces de l’autorit'e, je n’ai qu’`a lui ^etre utile… Allons donc raconter `a qui de droit ce que je viens de d'ecouvrir !

Et Bouzille, oubliant sur-le-champ sa soif et le d'esir qu’il avait d’avaler un litre `a seize, se reprit incontinent `a trotter…

Bouzille traversait `a nouveau tout Paris et parvenait rue Tardieu au commencement du petit jour.

Bouzille s’'etait rendu rue Tardieu, car, tout naturellement, il avait pens'e `a faire b'en'eficier Juve, qu’il appelait toujours son vieil ami Juve, des d'ecouvertes de sa nuit.

Or, pr'ecis'ement `a l’instant o`u Bouzille remontait la rue de Steinkerque, s’appr^etant `a aller carillonner `a la porte de l’immeuble qu’occupait le policier, Bouzille butait dans les jambes de Juve, qui, venant de quitter Th'eodore Gauvin, s’appr^etait, 'etant terrass'e de fatigue, et ne soupconnant pas qu’une d'ep^eche de Fandor l’attendait chez lui, `a prendre quelque repos.

Bouzille, naturellement, agrippait Juve au passage.

Bouzille paraissait dans un 'etat de surexcitation extraordinaire.

— Voil`a, criait-il, m’sieur Juve, c’est moi-m^eme et pas un autre… D’abord, quoi qu’on en dise, on est toujours `a la hauteur, et y en a pas encore beaucoup pour nous faire le poil… Enfin, pour c’qui est de ce qui retourne aujourd’hui, j’peux comme ca vous confier une bonne chose, une chose qui vous mettra dans des 'etats, encore… J’viens d’me promener sur un pont et d’voir des gars qui refilaient en douce un cadavre. Si c’est qu’l’indication vous para^it valoir quelque argent, vous pouvez toujours verser sans crainte, je n’ferme pas les guichets de la caisse !

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