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Son principe 'economique est l'antith`ese parfaite de la c'el`ebre proposition de Malthus: elle laisse chacun sans exception prendre place `a sa table. La terre appartient `a la commune et non `a ses membres en particulier; `a ceux-ci appartient le droit inviolable d'avoir autant de terre que chaque autre membre en poss`ede au dedans de la m^eme commune; cette terre lui est donn'ee, comme possession sa vie durant; il ne peut et n'a pas besoin non plus de la l'eguer par h'eritage. Son fils, aussit^ot qu'il a atteint l'^age d'homme, a le droit, m^eme du vivant de son p`ere, de r'eclamer de la commune une portion de terre. Si le p`ere a beaucoup d'enfants, tant mieux, car ils recoivent de la commune une portion de terre d'autant plus grande; `a la mort de chacun des membres de la famille, la terre revient `a la commune.
Il arrive fr'equemment, que des vieillards tr`es ^ag'es rendent leur terre et acqui`erent par l`a le droit de ne point payer d'imp^ots. Un paysan, qui quitte pour quelque temps sa commune, ne perd pas pour cela ses droits sur la terre; ce n'est que par l'exil qu'on peut la lui retirer, et la commune ne peut prendre part `a une d'ecision de cette sorte que par un vote unanime; elle n'a cependant recours `a ce moyen que dans les cas extr^emes. Enfin, un paysan perd aussi ce droit dans le cas o`u, sur sa demande, il est affranchi de l'union communale. Il est alors autoris'e seulement `a prendre avec lui son bien mobilier, rarement lui permet-on de disposer de sa maison ou de la transporter. De cette sorte, le prol'etariat rural est chose impossible.
Chacun de ceux qui poss`edent une terre, dans la commune, c'est-`a-dire chaque individu majeur et impos'e, a voix dans les int'er^ets de la commune. Le pr'esident et ses adjoints sont choisis dans une assembl'ee g'en'erale. On proc`ede de m^eme pour d'ecider les proc`es entre les diff'erentes communes, pour partager la terre et r'epartir les imp^ots. (Car c'est essentiellement la terre qui paie et non la personne. Le gouvernement compte seulement les t^etes; la commune compl`ete le d'eficit de ses imp^ots par t^etes au moyen d'une r'epartition particuli`ere, et prend pour unit'e le travailleur actif, c'est-`a-dire le travailleur qui a une terre `a son usage.)
Le pr'esident a une grande autorit'e sur chaque membre, mais non sur la commune; pour peu que celle-ci soit unie, elle peut tr`es bien contrebalancer le pouvoir du pr'esident, l'obliger m^eme `a renoncer `a sa place, s'il ne veut pas se plier `a leurs;voeux. Le cercle de son activit'e est d'ailleurs enti`erement administratif; toutes les questions qui vont au-del`a d'une simple police, sont r'esolues, ou d'apr`es les coutumes en vigueur, ou par le conseil des Anciens, ou enfin par l'Assembl'ee g'en'erale. Haxthausen a commis ici une grande erreur en disant que le pr'esident administre despotiquement la commune. Il ne peut agir despotiquement que si toute la commune est pour lui.
Cette erreur a conduit Haxthausen `a voir dans le pr'esident de la commune l'image de l'autorit'e imp'eriale. L'autorit'e imp'eriale, r'esultat de la centralisation moscovite et de la r'eforme de P'etersbourg, n'a pas de contre-poids, tandis que l'autorit'e du pr'esident, comme avant la p'eriode moscovite, d'epend de la commune.
Que l'on consid`ere maintenant que chaque Russe qui n'est point citadin ou noble, doit appartenir `a une commune, et que le nombre des habitants des villes, par rapport `a la population des campagnes, est extr^emement restreint. Le plus grand nombre des travailleurs des villes appartient aux communes rurales pauvres, surtout a celles qui ont peu de terre; mais, comme il a 'et'e dit, ils ne perdent, pas leurs droits dans la commune; ainsi les fabricants doivent n'ecessairement payer aux travailleurs un peu plus que ne leur rapporterait le travail des champs.
Souvent ces travailleurs se rendent dans les villes pour l'hiver seulement, d'autres y restent pendant des ann'ees; ces derniers forment entre eux de grandes associations de travailleurs; c'est une sorte de commune russe mobilis'ee. Ils vont de ville en ville (tous les m'etiers sont libres en Russie), et leur nombre s''el`eve souvent jusqu'`a plusieurs centaines, quelquefois m^eme jusqu'`a mille; il en est ainsi, par exemple, des charpentiers et des macons `a P'etersbourg et `a Moscou et des voituriers sur les grandes routes. Le produit de leur travail est administr'e par des directeurs choisis et partag'e d'apr`es l'avis de tous.
Ajoutez-que le tiers, des paysans appartient `a la noblesse. Les droits du seigneur sont un honteux fl'eau qui p`ese sur une partie du Peuple russe, d'autant plus honteux, qu'ils ne sont en rien autoris'es par la loi, et qu'ils r'esultent uniquement d'un accord immoral avec un gouvernement qui, non seulement tol`ere les abus, mais qui les prot`ege par la puissance de ses ba"ionnettes. N'eanmoins, cette situation, malgr'e f'insolent arbitraire des propri'etaires nobles, n'exerce pas une grande influence sur la commune.
Le seigneur peut r'eduire ses paysans au minimum de la terre; il peut choisir pour lui le meilleur sol; il peut agrandir ses bien-fonds, et, par l`a, le travail du paysan; il peut augmenter les imp^ots, mais il ne peut pas refuser au paysan une portion de terre suffisante, et la terre, une fois appartenant `a la commune, demeure compl`etement sous son administration, la m^eme en principe, que celle qui r'egit les terres libres; le seigneur ne se m^ele jamais dans ses affaires; on a vu des seigneurs qui voulaient introduire le syst`eme europ'een du partage parcellaire des terres et la propri'et'e priv'ee.