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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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M. de Larquenais reprit un air s'ev`ere pour observer :

— Cela n’emp^eche, monsieur, que vous vous ^etes rendu coupable d’un vol, et que la loi pr'evoit des peines pour le voleur. Vous ^etes entr'e dans la voie des aveux, continuez ! Nommez-nous cette femme, pour laquelle vous vouliez faire ces folles d'epenses.

Th'eodore s’'etait redress'e. `A l’attitude s'ev`ere du procureur, il comprenait qu’il avait fait quelque chose de tr`es grave, m^eme de terrible, et cela avait pour r'esultat dans son esprit, de lui faire s’imaginer qu’il 'etait d'esormais autre chose qu’un « gamin », qu’un 'ecolier affol'e par un jupon, et qu’il 'etait, au contraire, un h'eros d’amour de grande envergure.

Assur'ement, l’imagination de Th'eodore avait 'et'e nourrie par la lecture des romans populaires. Il r'etorqua d’une voix vibrante d’'emotion :

— Ne me demandez pas cette chose, monsieur le procureur ! Duss'e-je passer ma vie en prison, duss'e-je mourir, jamais je ne nommerai cette femme. Si j’ai pris le droit de l’aimer, mon devoir m’interdit de la compromettre.

Le procureur hocha la t^ete solennellement.

En r'ealit'e, s’il proc'edait de la sorte, c’'etait pour s’amuser. Depuis fort longtemps d'ej`a, les assiduit'es de Th'eodore, `a l’'egard de M me Ricard n’'etaient un myst`ere pour personne. En voyant toutefois l’'emotion de l’enfant, le jeune procureur pensa que la lecon 'etait suffisante et que la plaisanterie ne pouvait s’'eterniser.

L’essentiel 'etait que Th'eodore se repent^it du vol qu’il avait commis. Le procureur l’interrogea :

— Cet argent que vous avez vol'e, et que vous venez de me restituer, ^etes-vous satisfait de le rendre ?

— Ah, monsieur, fit Th'eodore en pleurant, je vous jure qu’il me br^ulait les doigts.

M. de Larquenais appuya sur un timbre. Un garcon de bureau se pr'esenta.

—. Veuillez introduire M e Gauvin, ordonna le procureur.

— Mon p`ere, balbutia Th'eodore, qui, machinalement, recula.

Mais l’instant d’apr`es, l’enfant tombait `a genoux, quelqu’un le relevait, c’'etait M e Gauvin.

— Dans mes bras, Th'eodore, disait ce p`ere indulgent. J’ai tout entendu et je sais que tu regrettes la vilaine chose que tu as commise. Ah, mon enfant, mon enfant, que ceci te serve de lecon ! Comprends le danger des amours interdites et vois o`u peuvent vous conduire les passions malsaines.

— Pardon, mon p`ere, pardon, balbutiait Th'eodore.

Le procureur assistait, en t'emoin impassible, `a cette sc`ene attendrissante. Il se mordait les l`evres pour ne pas rire en 'ecoutant l’'eloquence grandiloquente de ce notaire aux allures de p`ere noble, et en assistant au d'esespoir de ce Ch'erubin sans subtilit'e.

Toutefois, le magistrat 'etait oblig'e de cesser de s’occuper de cette petite sc`ene de famille. On venait de lui apporter une d'ep^eche, qu’il lisait attentivement ; son visage, soudain, changeait, cependant qu’il dissimulait le t'el'egramme sous un dossier. M e Gauvin se rapprochait de lui :

— Monsieur le procureur, dit-il en lui clignant de l’oeil, pour bien faire comprendre ses intentions, je crois que la s'ev`ere lecon que vous venez de donner `a mon fils Th'eodore lui suffira d'esormais et qu’il se conduira toujours en honn^ete homme. Je viens solliciter de votre bon coeur l’autorisation de l’emmener.

Le procureur, froidement, r'epliqua :

— Une seconde, monsieur. J’ai encore quelques questions `a poser `a M. Th'eodore Gauvin.

Le notaire continuait `a cligner de l’oeil, comprenant que, si le procureur se faisait ainsi prier, c’'etait pour que la lecon que tous deux avaient convenu de donner `a Th'eodore f^ut encore plus profitable.

Assur'ement, il jouait bien la com'edie, ce magistrat. Il avait un air s'ev`ere, un regard 'energique, et si M e Gauvin n’avait pas su que son attitude vis-`a-vis de son fils 'etait toute convenue d’avance, il se serait peut-^etre inqui'et'e.

— Une seconde, monsieur, avait dit le procureur. J’ai encore quelques questions `a poser.

M e Gauvin croyait l’occasion excellente pour faire toucher du doigt `a Th'eodore la gravit'e de la situation dans laquelle il s’'etait mis.

— Tu vois, mon pauvre enfant, murmura-t-il `a son oreille, dans quel effroyable cas tu t’es mis. M. le procureur n’a pas l’air dispos'e du tout `a te remettre en libert'e.

Th'eodore regardait son p`ere, puis le magistrat. Il 'etait livide.

Cependant M. de Larquenais interrogeait Th'eodore.

— Pr'ecisez-moi, demanda-t-il, l’emploi de votre temps.

Th'eodore balbutiait :

— Je vous l’ai dit, monsieur. J’ai err'e toute la nuit dans Paris, le coeur bris'e, mordu par la jalousie, tordu par le d'esespoir. Je vous ai dit que j’avais dormi sous un pont.

— Quel pont ? demanda s'ev`erement le procureur.

— Je ne sais pas, monsieur, g'emit faiblement Th'eodore. Le pont Saint-Michel, ou le Pont-Neuf il me semble.

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