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« Un tiroir fractur'e, bien que non ferm'e `a cl'e ? Voil`a ce qui d'ecide Juve. Peuh, cela n’a pas d’importance ! Je vois tr`es bien, `a leur pr'ecipitation, des assassins ne s’apercevant pas de la chose. Un tapis dont les poils ne sont pas rebrouss'es ? Bah, il y a une explication `a cela. Peut-^etre ne tra^inait-on pas le corps sur le sol, on le portait. Et quant aux meubles de valeur respect'es, il y `a vingt mille moyens d’en tirer des d'eductions contraires. »
De moins en moins convaincu, Fandor redescendit voir la concierge qui tenait salon dans sa loge et racontait le drame chaque fois diff'eremment, avec des d'etails toujours nouveaux, `a ses coll`egues de la rue.
— S’il vous pla^it, madame ? demandait Fandor, qui avait les cl'es de l’appartement ?
— Moi et M. Baraban, r'epondit la concierge.
— Ah, et personne d’autre ?
— Oh, personne d’autre.
Fandor, sans ajouter un mot, quitta la concierge, remonta l’escalier.
Quelques instants apr`es, il 'etait pench'e sur la serrure de la grande porte de l’appartement tragique.
Fandor, `a cet instant, 'etait troubl'e.
— Dame, s’avouait-il `a lui-m^eme, voil`a un argument qui vient un peu `a l’appui de la th`ese de Juve. La porte n’a pas 'et'e fractur'ee, or il n’y avait que deux personnes `a avoir la cl'e : Baraban et la concierge. Comment donc les assassins seraient-ils entr'es ?
Et il inventait alors qu’ils s’'etaient peut-^etre gliss'es, inapercus, derri`ere la victime.
Fandor en 'etait pr'ecis'ement l`a de ses r'eflexions, lorsqu’une respiration haletante retentit dans l’escalier.
— Monsieur Fandor.
— Oui, eh bien ?
Pench'e sur la rampe, Fandor apercut la concierge.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Figurez-vous que je me souviens.
— De quoi, madame Euphrasie ?
— Il y avait une autre cl'e.
Cette fois, Fandor fut en moins de quelques minutes au bas de l’escalier.
— Il y avait une autre cl'e de l’appartement ? pr'ecisait-il. Qui l’avait ?
La concierge haleta :
— Une petite bonne, une jolie fille m^eme, ma foi, qui 'etait, il y a trois mois en service chez M. Baraban.
— Elle habitait chez lui ?
— Non, elle venait faire son m'enage.
— Et alors ?
— Alors, je me rappelle qu’un jour, M. Baraban l’a fourr'ee `a la porte, pr'ecis'ement parce qu’elle avait perdu sa cl'e et qu’elle ne voulait pas la remplacer `a son compte.
— Oh, oh ! fit Fandor tr`es int'eress'e.
La concierge, elle, continuait, volubile :
— Des fois, n’est-ce pas, j’vous dis ca pour ce que ca peut servir. Une cl'e perdue, on ne sait jamais dans les mains de qui ca tombe.
`A cet instant, J'er^ome Fandor songeait : « D'ecid'ement, Juve se trompe. » Puis il interrogea :
— Cette bonne, vous connaissez son nom ?
— C’est-`a-dire que je me rappelle qu’elle s’appelait Brigitte.
— Mais, vous savez o`u elle habite ?
— Non, ca, pas du tout.
— Enfin, vous la reconna^itriez, j’imagine ?
La concierge eut un sourire :
— Vous aussi, peut-^etre bien. C’'etait une petite brune, des grands yeux et du corsage.
Fandor chercha vainement dans sa m'emoire, ce signalement tr`es vague ne lui disait absolument rien.
8 – CONFRONTATION
— Me voici, fit Juve en entrant dans le cabinet du procureur.
M. de Larquenais se leva pr'ecipitamment pour venir au-devant de l’inspecteur de la S^uret'e.
— Asseyez-vous, je vous en prie, et patientez quelques instants, j’ai des ordres `a donner.
Le jeune magistrat prenait un air important pour passer dans la pi`ece voisine, o`u l’on entendait chuchoter.
Juve s’'etait assis et attendait patiemment. Le policier, apr`es l’enqu^ete qu’il venait de faire `a Paris, au sujet de la myst'erieuse affaire de la rue Richer, avait subitement d'ecid'e de partir pour Vernon.