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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Or il s’'etait trouv'e, comme par hasard, que Jacques Faramont allait avoir besoin d’une femme de m'enage. On avait naturellement, dans la famille, agr'e'e, voire recommand'e m^eme, Brigitte.

Souvent, les parents sont aveugles et ne voient point ce qui leur cr`eve les yeux.

Ce jour-l`a, l’avocat et sa ma^itresse se boudaient apr`es s’^etre disput'es. Ils 'etaient assis l’un en face de l’autre, et cependant que Jacques compulsait rageusement un dossier, Brigitte faisait un semblant de couture, plus pour occuper ses doigts nerveux que pour avancer les travaux de la maison.

Lasse de ce silence qui durait depuis quelques instants, Brigitte prit cependant la parole :

— Jacques, dit-elle, demande-moi pardon.

— De quoi ? fit le jeune homme d’un ton bourru.

— De ce que tu as fait, tout `a l’heure, qui m’a oblig'ee `a ^etre m'echante avec toi.

C’'etait l`a un argument un peu sp'ecieux, mais le jeune stagiaire n’'etait pas rancunier. Il quitta son dossier, vint s’asseoir `a c^ot'e de sa ma^itresse.

— Eh bien, oui, fit-il, je te demande pardon, de t’avoir ennuy'ee, questionn'ee. C’est fini maintenant.

Brigitte l’embrassait tendrement.

— C’est de ta faute aussi, soupira-t-elle. Tu avais 'et'e si m'echant l’autre jour avec moi, que mon d'epart 'etait bien naturel.

Jacques Faramont froncait les sourcils.

— Je ne dis pas le contraire. Je suis nerveux et vif, et tu sais pourtant que j’ai bon coeur. Je ne t’en ai pas voulu d’^etre partie, mais bien de n’^etre revenue que le lendemain matin. Qu’as-tu bien pu faire toute la nuit ?

Brigitte s’'enervait :

— Mais je te l’ai dit. J’ai pass'e la nuit `a pleurer, `a rager contre toi.

L’avocat ne paraissait pas convaincu :

— C’est entendu, fit-il, on pleure comme ca, on rage une heure, deux heures. Mais de onze heures du soir `a huit heures du matin, et cela lorsqu’on est dans la rue, tu avoueras que c’est extraordinaire.

De grosses larmes perlaient aux paupi`eres de Brigitte. Elle insista, tapant du pied :

— Tu peux bien me croire, tout de m^eme. Je n’ai 'et'e nulle part ou plut^ot partout. Ah, j’en ai fait des kilom`etres ! Puisque je te dis que j’ai m^eme voulu me tuer, me flanquer `a l’eau.

Le jeune homme, repris par la douce attitude de sa ma^itresse, se rapprochait d’elle, la serrait contre son coeur, quand un coup de sonnette retentit.

Brigitte se dressa toute droite :

— Voil`a quelqu’un, fit-elle. Je vais aller ouvrir.

C’'etait un pauvre bougre qui avait sonn'e, un homme `a l’aspect mis'erable, qui, sans doute, 'emu par l’'el'egance de la petite bonne et la magnificence de l’appartement `a laquelle il n’'etait pas habitu'e, s’inclina respectueusement en demandant :

— M e Jacques Faramont est-il visible ?

Le visiteur se nommait : il venait pour son divorce, il 'etait envoy'e par l’assistance judiciaire.

En personne bien styl'ee, Brigitte le fit entrer dans le cabinet de l’avocat, cependant qu’elle 'echangeait un coup d’oeil significatif avec son amant.

La consultation dura une bonne demi-heure. L’homme partit enchant'e.

`A peine la porte s’'etait-elle referm'ee sur lui, que la discussion reprenait entre Brigitte et Jacques Faramont :

— C’'etait bien inutile, d'eclara le jeune homme, d’aller ainsi faire la folle et de courir tout Paris. Moi, j’'etais dans les transes pendant cette nuit-l`a, ne sachant pas ce que tu 'etais devenue.

Brigitte allait r'epondre, elle s’arr^eta :

— On a sonn'e, fit-elle. D'ecid'ement, il y a du monde aujourd’hui.

Elle remit son tablier, retourna voir, mais en ouvrant la porte, elle 'eclata de rire.

— Tiens, c’est vous ? fit-elle.

Et, tendant une main cordiale au visiteur, elle lui dit :

— Entrez donc, Jacques est l`a.

C’'etait un camarade, Francois Marbel, qui avait fait son droit avec le fils du b^atonnier, comme lui inscrit au barreau. Il 'etait joyeux compagnon, ce Francois Marbel, et lorsqu’il venait, on pouvait ^etre s^ur que c’'etait toujours pour organiser quelque partie, quelque f^ete, quelque promenade.

— Dites donc, vous autres, commenca-t-il en s’asseyant, c’est pas la peine de dispara^itre, sous pr'etexte que vous ^etes des amoureux. On ne voit plus Jacques nulle part, ni au caf'e ni au Boul’Mich [7] et vous non plus, charmante Brigitte. Il faut absolument que ca cesse. Nous allons d^iner ensemble ce soir et faire la bombe ensuite. C’est d’ailleurs le commencement du mois, et il faut profiter de ce qu’on a de l’argent. Dans huit jours, nous n’aurons plus qu’`a compter sur les honoraires de nos clients, et Dieu sait si ces bougres-l`a sont g'en'ereux en paroles, et rapiats sur le chapitre des billets de banque.

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