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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Аллен Марсель

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Ce jour-l`a, Bouzille sortait de Beylonque, tra^inant un maigre cheval qu’il avait 'et'e conduire chez le v'et'erinaire pour le compte d’un fermier.

— Eh, eh, pensait l’ancien chemineau, voil`a un cheval qui va peut-^etre me rapporter soixante centimes sans que personne puisse rien me dire.

Et Bouzille, pressant le pas, au lieu de se rendre par le chemin le plus direct `a la ferme o`u il devait conduire la b^ete, obliqua, s’enfonca dans un petit chemin forestier, courant au plus profond des pignadas.

— Hue, cocotte, encore un peu de courage.

« Dommage, pensait Bouzille de temps `a autre, dommage que le bon Dieu ait fait des chevaux si grands. S’ils avaient le dos plus pr`es du sol, il n’y aurait aucun danger `a ^etre cavalier et ma foi je n’aurais pas besoin de marcher `a pied.

Bouzille cependant, apr`es avoir trottin'e quelque vingt minutes, 'etait parvenu `a une sorte de clairi`ere comportant `a son centre une petite mare. L`a, le chemineau s’arr^eta en se frottant les mains.

— Justement il n’y a personne, s’exclama-t-il satisfait. Ah, ah, je crois qu’on va rire.

D’un coin de broussaille, il tira une grande cruche qu’il remplit d’eau et posa soigneusement sur le bord du chemin. Cela fait, Bouzille revint vers le cheval abandonn'e et le flatta de la main.

— Et alors, mon petit bidet, lui d'eclara-t-il d’une voix attendrie, vous avez donc des rhumatismes, on craignait donc la congestion ? H'e, h'e, monsieur le cheval, ne vous faites pas de mauvais sang ! Bouzille est encore le meilleur des v'et'erinaires, et Bouzille va vous tirer d’affaires.

Tout en parlant, le chemineau, laissant le cheval sur le bord de la mare, se d'ep^echa de faire le tour de l’'etang, tenant toujours le bout de la longe `a laquelle il avait ajout'e une grande corde.

Puis, s'epar'e de la b^ete par la mare, Bouzille, tranquillement tira sur la longe, pour obliger le cheval `a entrer dans l’eau et `a venir le rejoindre en traversant le marais.

— Viens bidet, criait-il, viens mon joli animal !

Camp'e sur ses deux pattes de derri`ere, le cheval se cabra, chercha `a s’'echapper.

Bouzille, `a l’autre bout de la longe se cramponna :

— H'e, bourrique, s’'ecria-t-il, tu ne vas pas t’'echapper au moins, allez, hop-l`a ! Viens donc, continuait Bouzille, ah, sacr'e bon sang, c’est tout de m^eme malheureux d’avoir tant de mal pour gagner douze sous.

`A force de tirer sur la longe, le chemineau cependant amena son malheureux cheval a descendre jusqu’au poitrail dans les eaux stagnantes du marais. La b^ete alors sembla devenir enrag'ee. Les oreilles dress'ees, les naseaux fr'emissants, ruant, sautant, faisant des 'ecarts, elle avanca, recula, parut atteinte d’une soudaine folie.

Quant `a Bouzille, au moment m^eme o`u le cheval semblait le plus excit'e, il avait retrouv'e tout son sang-froid.

— C’est 'epatant, d'eclara-t-il, voil`a le bidet qui commence `a ^etre chatouill'e. C’est bon signe.

Il tirait toujours sur la longe, le cheval allait avoir travers'e enti`erement le marais, lorsqu’un 'ev'enement que n’avait pas pr'evu Bouzille se produisit, menacant d’avoir de graves cons'equences.

Maintenu par la corde qui le prenait au licou, le cheval se d'ebattait toujours furieusement dans la mare o`u Bouzille venait de le faire entrer de force, mais soudain, m^u par un instinct subtil, subitement l’animal changea de tactique. Avant que Bouzille ait eu le temps de r'efl'echir, la b^ete furieusement partit au grand galop, traversait en quelques foul'ees le petit 'etang d’une profondeur infime, puis il en sortit vers la rive o`u se tenait Bouzille et l`a, tra^inant le chemineau pendu au bout de la longe, le cheval se mit `a galoper 'eperdument. Bouzille ne riait plus du tout. Par bonheur, comme les poignets endoloris, le pauvre chemineau allait se r'esigner `a abandonner sa b^ete, du bois voisin, un homme apparut qui, avec une agilit'e extraordinaire, sauta au licou du cheval, l’empoigna par les naseaux, l’immobilisa, et comme s’il e^ut fait la chose la plus naturelle, 'eclata de rire, disant d’une voix tranquille :

— Tiens, c’est toi Bouzille ?

Bouzille n’'etait gu`ere rassur'e. `A la derni`ere minute un accident pr'evu s’'etait produit. Bouzille, le pied pris dans une broussaille, s’'etait 'etal'e de tout son long. Il se releva et r'epondit `a son interlocuteur en grommelant :

— C’est moi, oui…

Mais son visage s’'eclaira, il avait reconnu celui qui lui parlait. C’'etait Saturnin, le malheureux idiot, et Saturnin 'etait un ami :

— Attends voir un peu, continua Bouzille, qu’on attache Rossinante.

— Rosse quoi ?

— Ca ne fait rien, tu ne peux pas comprendre…

N'egligeant d’instruire Saturnin sur les hauts faits du coursier de Don Quichotte, Bouzille s’occupa activement d’attacher le cheval au pied d’un arbre. Et ce fut alors Saturnin qui reprit :

— Tiens, pourquoi donc qu’il saigne comme ca sous le ventre et sur les pattes ? et qu’est-ce que c’est que ces choses noires qui gigotent et qu’il a coll'ees contre lui ?

— Va me chercher la cruche l`a-bas, r'epondit simplement Bouzille.

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