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Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Аллен Марсель

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— C’est d'ego^utant, absolument d'ego^utant de profiter de ce qu’une femme est grise pour la faire causer, pour lui faire raconter des choses. Qu’est-ce que j’ai bien pu leur dire, cette nuit, lorsque j’ai tant parl'e, sans m^eme savoir avec qui j’'etais ?

— Aviez-vous donc, mademoiselle, quelque chose `a cacher que vous redoutiez maintenant d’avoir parl'e d’une facon intempestive ?

Pendant que Juve parlait `a l’oreille du magistrat, Fandor se rapprocha de la chanteuse, qui lui faisait piti'e.

— Ne vous emballez pas comme ca, Chonchon, lui murmura-t-il `a l’oreille, croyez bien que ce n’est pas pour le plaisir de vous emb^eter qu’on vous a amen'ee ici. Tenez, je suis s^ure que Juve, qui n’est pas un m'echant homme, va se contenter de vous demander quelques renseignements, et si vous lui r'epondez gentiment, vous serez libre de vous en aller.

Chonchon redressa la t^ete `a ces derni`eres paroles :

— Libre de m’en aller ? fit-elle, mais ne le suis-je donc pas en ce moment ? Je suis arr^et'ee, n’est-ce pas ? Vous m’avez arr^et'ee tous les deux ? On va me jeter en prison ?

— Mais non, vous n’^etes pas arr^et'ee, pourquoi avez-vous donc si peur ? Auriez-vous par hasard une raison qui vous fasse redouter…

— Rien du tout, mais est-ce qu’on sait jamais avec vous autres, car on la conna^it la police. On sait bien ce qu’elle vaut.

Chonchon s’animait de nouveau. Mais brusquement elle se tut.

M. Morel venait de frapper un coup sec sur l’acajou de son bureau.

— Silence, mademoiselle, je vous ordonne de faire silence. J’ai besoin de vous interroger, en pr'esence de t'emoins. Veuillez vous asseoir et vous taire, sinon je serai oblig'e de s'evir.

M. Morel, apr`es avoir obtenu le silence, appuya sur un timbre, son greffier apparut.

— Faites venir les t'emoins, ordonnait-il, appelez ensemble Chamb'erieux et Tergall. L’autre attendra.

`A ces mots, Chonchon devint toute p^ale. Elle avait compris, on allait la mettre en pr'esence du bijoutier et du marquis. Mais pourquoi ? La chanteuse parut atterr'ee et sans qu’on p^ut comprendre pourquoi, elle murmura :

— La gaffe, ca c’est la plus grosse gaffe qui puisse arriver.

Chonchon s’'etait tourn'ee `a contre-jour, elle avait pris dans son sac `a main un petit flacon d’eau de Cologne dont elle humectait son mouchoir dans le s'ev`ere cabinet du juge. Chonchon avait 'etal'e son manteau doubl'e de soie, son 'echarpe de fourrure, on se serait cru dans un boudoir. Et cet aspect inattendu du bureau occup'e par le magistrat instructeur ne fut pas fait pour peu surprendre Chamb'erieux et Tergall lorsqu’ils y p'en'etr`erent.

Apr`es avoir d’une l'eg`ere inclinaison de t^ete salu'e M. Morel, les deux hommes virent Chonchon et parurent abasourdis. Juve, sans se pr'eoccuper des nouveaux venus 'etait all'e se placer `a c^ot'e de Chonchon. Il lui avait pris la main doucement et la jeune femme intrigu'ee, r'esign'ee, s’'etait laiss'ee faire sans comprendre. Juve, toutefois, avait un but : il enleva de l’annulaire de la main droite de Chonchon une fort belle bague qu’elle portait au doigt, puis il l^acha la main de la jeune femme et, d'eposa le bijou sur le bureau du magistrat au beau milieu du buvard.

— Mademoiselle, demandait M. Morel, vous avez cette nuit, en soupant avec ces messieurs…

Et le magistrat, d’un geste large de la main, d'esignait Juve et Fandor.

Mais `a ce moment deux exclamations 'etouff'ees l’interrompirent. Elles 'emanaient de Chamb'erieux et de Tergall :

— Comment Chonchon ? avaient murmur'e l’un et l’autre.

— Silence, messieurs.

Le magistrat poursuivit :

— … En soupant cette nuit avec ces messieurs, mademoiselle, vous leur avez fait une d'eclaration des plus graves, si grave m^eme qu’elle a d'etermin'e M. l’Inspecteur de la S^uret'e ici pr'esent `a vous amener en mon cabinet. Je vais vous demander de la confirmer de la facon la plus pr'ecise. Cette bague – et le magistrat d'esigna le bijou – vous la portiez il y a un instant. M. Juve en vous interrogeant, sur son origine, cette nuit vous a dit : « D’o`u tenez-vous donc cette bague ? »

« Vous lui avez r'epondu : « C’est un cadeau de mon amant ». Voulez-vous confirmer ? »

Mais cette fois le magistrat fut encore interrompu. Deux protestations violentes avaient retenti :

— Ca n’est pas vrai, dit le bijoutier.

— C’est faux, dit le marquis.

Or, ces deux protestations 'emanaient, l’une du bijoutier Chamb'erieux, l’autre du marquis de Tergall…

Et l’infortun'ee Chonchon, baissant la t^ete, se r'ep'etait in petto : la gaffe la voil`a bien. Ah, il n’y manque rien.

Fandor et Juve avaient compris, et malgr'e le s'erieux de la situation, ne pouvaient s’emp^echer de sourire.

Chamb'erieux et le marquis de Tergall s’apostrophaient d'ej`a :

— Qu’avez-vous donc `a dire, monsieur ?

— Et vous-m^eme, monsieur, de quel droit r'epondez-vous lorsqu’on demande `a mademoiselle le nom de son amant ?

Les deux hommes s’arr^et`erent soudain, ils avaient compris l’un et l’autre, et ils s’en prirent `a Chonchon :

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