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Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Аллен Марсель

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Fandor, depuis une bonne demi-heure qu’il 'etait install'e `a l’ Alcazar, regardait avec insistance le grand portrait de couleur repr'esentant la vedette de l’'etablissement : la c'el`ebre Chonchon, corps souple, voluptueux, que surmontait une ravissante t^ete de poup'ee inexpressive mais jolie.

`A la table de Fandor, apr`es quelques h'esitations, les deux petites artistes que M. Jules avait accus'ees d’avoir d'emoli le piano, 'etaient venues s’asseoir timidement, elles se pos`erent sur l’extr'emit'e de leurs chaises, et, soudain, feignant de s’apercevoir que la table 'etait occup'ee, se levaient brusquement, lorgnant Fandor, en d'eclarant tr`es haut, de facon que toute la galerie puisse avoir une haute id'ee de leur tact et de leur savoir-vivre :

— On vous demande pardon, monsieur, on n’avait pas remarqu'e que vous 'etiez l`a, nous allons nous mettre ailleurs pour ne pas vous d'eranger.

Mais, Fandor, galant homme, ne voulut pas laisser partir ces dames.

— Restez donc, mesdames, au contraire, et permettez-moi de vous offrir quelque chose.

Fandor, du reste, faisait une folie qui ne lui co^uterait pas bien cher.

La porte, du fond de l’ Alcazar, s’'etait ouverte sous une violente pouss'ee, et une petite femme blonde, boulotte, emmitoufl'ee d’un boa `a longues plumes, 'etait entr'ee en coup de vent. Elle annonca son arriv'ee, en lancant d’une voix fra^iche, mais stridente et commune, un tonitruant :

— Bonsoir la compagnie.

Puis, `a petits pas pr'ecipit'es, tournant la t^ete `a droite et `a gauche, pour s’assurer que les rares personnes se trouvant dans la salle, l’avaient bien remarqu'ee, la nouvelle venue gagna le pied de la sc`ene en fredonnant des paroles stupides, sur un air d’une sinistre vulgarit'e.

— Et voil`a, ajouta-t-elle, ponctuant la fin de son refrain, de ce commentaire, et voil`a le truc avec lequel je les emballe tous les soirs.

Un jeune homme, aux v^etements r^ap'es, au visage blafard, avait surgi de derri`ere le piano :

— Veux-tu r'ep'eter, Chonchon ? demanda-t-il.

Et, sans attendre la r'eponse, il s’installa au piano, plaqua quelques accords.

Chonchon commencait `a chanter, sans se pr'eoccuper le moins du monde de la mesure. Mais, le pianiste se garda bien d’en faire l’observation `a une vedette aussi notable que Chonchon, et de toute la rapidit'e de ses doigts d'eli'es et nerveux, il s’efforcait de la rattraper :

— Rendez-vous au point d’orgue, avait d’ailleurs pr'evenu la chanteuse.

Elle avait ajout'e :

— Les premiers arriv'es attendront les autres.

Soudain, apr`es quelques vocalises plus ou moins 'echevel'ees, Chonchon s’arr^eta net. Elle venait de penser `a quelque chose d’important et, se tournant vers la porte de l’office, elle s’'ecria :

— Boum-Voil`a, au lieu de rester `a b^ailler, tu ferais mieux de me servir mon vermouth. Allez, grouille-toi, va-t’en porter ca `a la table, o`u sont les copains.

Puis Chonchon reprit la phrase interrompue tout en regardant discr`etement autour d’elle, non pour voir ceux qui l’entouraient, mais toujours pour s’assurer qu’elle ne passait pas inapercue.

`A vrai dire, les camarades de la vedette se pr'eoccupaient relativement peu d’elle. Mais au milieu du groupe qu’ils formaient, se trouvait quelqu’un qui, depuis l’arriv'ee de Chonchon, ne l’avait pas quitt'ee des yeux, n’avait pas perdu un seul de ses gestes ni m^eme n'eglig'e d’'ecouter un seul de ses propos.

Le journaliste, d`es qu’il avait vu entrer la grosse petite femme, l’avait reconnue.

— Voil`a Chonchon, s’'etait-il dit.

Et Fandor ne doutait pas un seul instant qu’il parviendrait `a faire sa connaissance. Le hasard le servait, Chonchon avait ordonn'e au garcon de lui porter une consommation `a la table de Fandor. Il n’avait donc plus qu’`a l’attendre.

La chanson termin'ee, Chonchon, avec une parfaite d'esinvolture, se dirigea vers le groupe, serra famili`erement quelques mains, puis son regard tombant sur Fandor :

— Tiens, dit-elle, comment ca va depuis dimanche dernier ?

— Ah ? fit Fandor.

— Ne te frappe pas, si je t’ai dit ca, c’est l’histoire de rigoler. C’est mon habitude de demander aux gens comment c’est qu’ils vont depuis dimanche dernier.

— Tr`es dr^ole, en effet.

— Je ne te connais pas, tu n’es pas d’ici. Qu’est-ce que tu fais ?

— Je… commenca Fandor.

— Non, fit-elle en protestant du geste, ne me le dis pas, je m’en vais le deviner.

Famili`erement, la vedette examinait Fandor :

— Toi, d'eclara-t-elle, tu es un voyageur de commerce.

— Peut-^etre, consenti le journaliste, qui ne tenait pas autrement `a faire conna^itre, pour le moment, son identit'e et sa profession.

— Peut-^etre ? reprit la grosse fille, s^urement m^eme. Ca se voit tout de suite `a ton air et `a ta facon de ramasser les soucoupes pour payer les consommations. Dans quoi es-tu ?

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