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Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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Аллен Марсель

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Nini avait raisonn'e juste…

Elle habitait d'ej`a depuis quelque temps avec Francoise Lemercier quand, revenant d’une promenade en r'ealit'e, et soi disant de son travail, elle trouva son amie boulevers'ee :

— Ma ch`ere Francoise, qu’avez-vous ?

Francoise qui 'etouffait mal des sanglots, paraissait en proie `a la plus vive 'emotion :

— Tenez, disait-elle enfin, tendant `a son amie une lettre qu’elle venait de recevoir, lisez… lisez… Ah ! je ne sais plus si je pleure de joie ou de chagrin, si je deviens folle… Dans toutes ces aventures qui m’arrivent, ma raison se perd, je ne peux m^eme plus comprendre ce que je veux…

Avidement, Nini s’'etait empar'ee du morceau de papier que lui tendait Francoise. C’'etait une lettre manuscrite, 'ecrite d’une 'ecriture renvers'ee, visiblement d'eguis'ee, m'econnaissable, et pas de signature :

« Mademoiselle,

« Quelqu’un qui vous veut du bien vous offre ce compromis qui calmera au moins l’un de vos chagrins.

« On vous sait honn^ete femme, incapable de mensonge…

« Donnez votre parole d’honneur que vous ne chercherez jamais `a revoir votre amant le Dr Garrick, qu’en aucun cas vous ne renouerez avec lui, que vous ne serez plus, pour rien au monde, sa ma^itresse, et l’on vous fait retrouver votre enfant, et l’on vous rend le petit Daniel…

« Si vous acceptez ce que l’on vous propose, mettez tout simplement des rideaux rouges `a votre fen^etre. On comprendra ce signal, et l’on vous fixera un rendez-vous. »

Nini lisait et relisait, atterr'ee, boulevers'ee, morte d’effroi, cette lettre 'etrange.

Ah ! on offrait `a Francoise de lui rendre Daniel…

Mais on savait donc o`u 'etait l’enfant ?

Qui le savait ? quel 'etait cet « on » myst'erieux ? Quel personnage 'enigmatique avait pu voler `a Nini le faux petit Jack, et connaissant l’existence de Francoise, offrait de lui restituer l’enfant ?

Et puis, que voulait dire, m^eme, la condition de cette restitution ? « Promettez de ne jamais revoir votre amant… »

La mis'erable Nini se sentait prise de vertige.

Elle songeait au terrible danger que laissait pr'esager pour elle cette lettre anonyme.

Que faire ?

Soudain Nini retrouva son sang-froid…

Avec une subite pr'esence d’esprit elle venait d’envisager, en une seconde, tous les d'etails de l’aventure, et elle croyait comprendre. Oui, elle comprenait qui pouvait avoir int'er^et `a ce que Francoise ne rev^it jamais Garrick, qui pouvait conna^itre la jeune femme, qui pouvait lui offrir de lui restituer le petit Daniel.

Nini, tra^itreusement, se composa une attitude de douloureuse sympathie.

C’est d’une voix douce, attendrie, compatissante, qu’elle demanda :

— Et qu’avez-vous r'epondu, Francoise ?

— Garrick est perdu. Jusqu’ici j’avais voulu esp'erer, mais cette fois je ne peux plus. M^eme apr`es sa condamnation, je pensais que l’on retrouverait sa femme, et qu’il serait innocent'e. Mais maintenant il est trop tard. Dans quelques jours il va mourir, je ne peux plus, rien pour lui. J’ai bien le droit de sauver mon fils…

— Vous acceptez donc ?

— Oui, j’accepte, j’accepte pour Daniel.

***

Deux heures apr`es cette sc`ene o`u Nini avait si cruellement abus'e Francoise, s’'etait `a ce point jou'ee de ses sentiments que la jeune femme demeurait persuad'ee que son amie l’aimait de toute son ^ame, Nini, dans une rue 'ecart'ee retrouvait Beaum^ome…

L’apache avait l’air soucieux :

— Et alors ? interrogea-t-il, quoi qui se passe ? Tout ca, c’est des affaires, vois-tu, Nini, qui commencent `a me cavaler salement… Qu’est-ce qu’elle t’a dit, ta gonzesse ?

Nini, elle aussi, avait repris un visage mauvais. Certes, elle s’applaudissait d’avoir su jouer la com'edie, elle s’applaudissait d’avoir ainsi dup'e Francoise, mais elle se rendait compte qu’elle n’'etait pas pr`es de sortir d’embarras… Les pires dangers s’accumulaient, les menaces s’amassaient `a l’horizon. Et l’affreuse fille se disait en elle-m^eme :

— Si je veux me tirer de tout ce gu^epier, va falloir que je joue serr'e, va falloir que je fasse de la place.

Nini 'etait donc de m'echante humeur. Elle haussa les 'epaules :

— Je ne dis pas la messe dehors, fit-elle, si tu veux causer, rentrons.

Beaum^ome crut voir le ciel s’ouvrir devant lui.

— Tiens, s’'ecria-t-il, je ne demande pas mieux, moi, allons `a ta turne, Nini… on causera d’affaires, si besoin en est, et puis, apr`es, dame… Je pense bien que tu songeras `a donner, enfin, `a ton homme, des preuves de ta tendresse ? car c’est pas pour dire, mais…

Nini, en r'eponse, haussa encore les 'epaules, col`ere… puis elle se fit doucereuse :

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