Шрифт:
— J’y songeais.
D’un commun accord, sans se consulter, les deux associ'es s’assirent. Puis, Nalorgne remarqua :
— Savez-vous, P'erouzin, que je me demande une bonne chose ? Nous avons peut-^etre tort de d'enoncer Prosper en ce moment. Il serait peut-^etre plus sage d’attendre encore quelques jours, plus nous serons arm'es et mieux nous pourrons le confondre.
Deux heures plus tard, l’arrestation de Prosper 'etait bien d'ecid'ee en principe, mais rien n’annoncait qu’elle f^ut imminente. Ni P'erouzin, ni Nalorgne ne s’'etaient rendus au commissariat de police, mais le loyer du « contentieux » 'etait pay'e.
`A sept heures et demie, les deux associ'es, bross'es, lustr'es, pommad'es, attendaient, assis dans leurs deux fauteuils directoriaux, leur ami Prosper qui devait venir les prendre.
La sonnette retentit.
— C’est Prosper, hein ?
Non, ce n’'etait pas Prosper, mais une femme en grande toilette, couverte de bijoux :
— Madame Irma de Steinkerque, expliquait d'ej`a P'erouzin qui 'etait all'e lui ouvrir, c’est para^it-il, l’amie, la tr`es bonne amie de Prosper et elle a rendez-vous avec lui chez nous.
Pour le coup, la confusion de Nalorgne fut sans limite.
Comment, la belle M me Irma de Steinkerque 'etait la ma^itresse de l’ancien cocher ? Devait-il en gagner de l’argent, ce cocher.
— Madame, commenca-t-il, nous sommes, mon associ'e et moi, tr`es heureux, tr`es flatt'es, infiniment touch'es de vous recevoir. Mais, Prosper ne d^ine-t-il pas avec vous ?
Irma, elle, en bonne fille qu’elle 'etait, ne se perdit pas en phrases de c'er'emonie :
— Ca, c’est rigolo, Prosper m’a t'el'ephon'e cet apr`es-midi : « Va m’attendre chez mes copains, rue Saint-Marc. » Mince alors. Si je me suis dout'ee que ces copains-l`a, c’'etait vous, vous, les deux louftingues qui vous trouviez l’autre jour en d'eguis'es chez Martel, je veux bien ^etre pendue la t^ete en bas.
— Asseyez-vous donc, madame, ch`ere madame. Sur ce fauteuil. Tenez vous serez mieux.
En m^eme temps, P'erouzin bourrait de coups de coude son associ'e :
— Allez dans la cuisine.
Nalorgne l’y rejoignit quelques instants plus tard, il y 'etait rejoint par P'erouzin, tr`es p^ale :
— Je lui ai demand'e deux minutes pour aller signer le courrier, expliqua P'erouzin. Elle est fichtrement belle, qu’en dites-vous ? Elle est si belle que je pardonne presque `a Prosper d’^etre devenu une crapule si c’est pour l’entretenir. Au fait, Nalorgne, est-ce ce soir, comme nous l’avions d'ecid'e, ce soir apr`es d^iner, que nous allons faire arr^eter Prosper ?
— Jamais de la vie. Nous ne pouvons pas faire ca du moment que sa ma^itresse est l`a. Ca ne serait pas d'elicat.
— Et puis il y a l’argent, l’argent que nous avons emprunt'e sur les deux mille francs qu’il nous a remis.
— Et puis, il faut que nous devenions tout `a fait les amis de Prosper et de sa ma^itresse.
Es en 'etaient l`a, lorsqu’un 'eclat de rire 'eclata dans la cuisine.
— Ah, ce que vous ^etes farces tous les deux, `a discuter dans votre cuisine, non, quoi, qu’est-ce que vous faites ? j’m’emb^ete, moi, toute seule.
Irma s’'etait lev'ee, les avait rejoints `a pas de loup :
— Ch`ere madame, protesta Nalorgne au hasard, nous sommes d'esol'es, nous venions voir si notre cuisini`ere 'etait encore l`a pour lui commander une tasse de th'e pour vous, mais justement…
— H'e, lui r'epondit Irma avec une parfaite simplicit'e, vous bilez donc pas. Je ne suis pas une petite 'evapor'ee, moi. Le th'e, j’trouve que c’est de l’eau chaude, et voil`a tout. Et puis, Prosper m’a bien dit que vous 'etiez des copains, et pas des mecs `a la pose. N’vous bilez pas qu’j’vous dis, c’est plus l’heure du th'e, d’abord, c’est l’heure de l’ap'ero. Tiens, justement, voil`a Prosper !
5 – CENT MILLE FRANCS DE MOINS
Le repas fut exp'edi'e.
« Viens d'ejeuner avec moi », avait 'ecrit Herv'e Martel `a Maurice de Cheviron. Mais les deux hommes 'etaient press'es l’un et l’autre.
Comme on servait le caf'e, un caf'e bouillant qui refusait de se laisser boire, Cheviron tirant une cigarette de sa poche, entreprit son ami :
— Dis donc, mon vieux, sais-tu que c’est tr`es gentil chez toi. Sans avoir l’air d’y toucher, petit `a petit tu as transform'e ton appartement. Une v'eritable bonbonni`ere. Des toiles de ma^itres, des bronzes sign'es, peste, tu te mets bien.