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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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— Mon Dieu ! mon Dieu ! fit-elle, cependant que ses yeux demeuraient obstin'ement fix'es vers la montagne dont elle parlait. Mon Dieu ! suis-je l’objet d’une hallucination ?

Elle se penchait instinctivement vers le professeur et s’appuyant sur son 'epaule, elle lui demandait d’une voix angoiss'ee :

— Regardez vous-m^eme ! Regardez !

Le professeur intrigu'e regarda…

Cependant que la vall'ee, vu l’heure d'ej`a avanc'ee de la journ'ee, s’estompait dans la brume et disparaissait sous le brouillard, un soleil couchant rouge et flamboyant faisait miroiter ses rayons sur les cimes d’une blancheur 'eblouissante, surmontant le Casque-de-N'eron.

Il semblait qu’un incendie formidable s’allumait au coeur des glaciers, et que la neige se fondait sous la caresse br^ulante d’une langue de feu.

Mais soudain, comme le professeur regardait, `a son tour, il tressaillit ; ses mains, qu’il avait fines et nerveuses, se crisp`erent sur les bras du fauteuil rustique dans lequel il 'etait assis.

— Ah ! par exemple, grommela-t-il, ce n’est pas possible ! Qu’est-ce que cela signifie ?

D'esormais, le savant et la vieille femme, sans 'echanger une parole, assistaient en t'emoins stup'efaits au spectacle qui se d'eroulait devant leurs yeux.

Du chaos form'e par les aiguilles de glace et les collines de neige qui surplombaient la montagne, se d'etachait nettement une silhouette qui, peu `a peu, se pr'ecisait.

Il semblait que le soleil couchant, en dardant ses rayons sur les sommets, dessinait lui-m^eme les contours de ce que les gens de la vall'ee pouvaient apercevoir.

Il s’agissait d’abord d’un profil humain, immense, gigantesque, formidable ; le profil d’un homme au nez puissant, au front large comme un pont jet'e sur un torrent, `a la bouche ouverte comme une caverne, au menton coup'e court, comme une anfractuosit'e dans une roche, comme la paroi d’un pr'ecipice…

Puis la ligne s’affirmait encore.

Et c’'etait d'esormais, sur la glace, la carrure puissante d’un homme v^etu de sombre, que l’on apercevait. Ses v^etements paraissaient d'echir'es, v^etements immenses, grands comme des voiles de navires, comme d’immenses drapeaux.

Les rayons du soleil, caressant encore ce corps comme un pinceau lumineux, dessinaient les formes des deux jambes semblables `a des piliers de cath'edrale ou tout au moins `a de gros troncs d’arbres noueux, dont les racines tourment'ees de l’un 'etaient constitu'ees par les doigts d’un pied immense qui semblait avoir 'et'e violemment arrach'e de sa bottine, `a en juger par les plaies et les meurtrissures qu’il portait `a la surface.

Puis, au bout de quelques instants, cette extraordinaire vision s’att'enuait, se fondait, disparaissait compl`etement…

Et, d`es lors, le vieux savant et M me Verdon ne voyaient plus que les sommets du Casque-de-N'eron tels que la nature les avaient dessin'es, tels que jusqu’alors ils avaient toujours apparu, sans que jamais personne ait pu soupconner qu’un g'eant monstrueux avait eu l’id'ee de venir s’en servir comme d’un lit de repos !

Or, cette vision depuis longtemps avait cess'e, la montagne avait repris son aspect normal, que le professeur Marcus et M me Verdon 'etaient encore plong'es dans la stup'efaction la plus profonde.

Ils n’'echangeaient pas une parole, et, chose curieuse, l’un et l’autre paraissaient 'egalement atterr'es.

Enfin le g'eologue se leva.

Sa voix 'etait chang'ee, son front 'etait devenu grave et soucieux, son regard tr`es troubl'e…

Il articula lentement :

— Veuillez m’excuser, madame, de vous avoir importun'ee si longtemps de ma pr'esence, il importe que j’aille me pr'eoccuper de mes bagages. Le train qui les am`ene de Grenoble doit ^etre arriv'e, je vais jusqu’`a la gare.

Il ne parlait point de la vision, il ne regardait m^eme plus dans la direction du Casque-de-N'eron.

M me Verdon le laissa partir, se contentant d’acquiescer par un l'eger hochement de t^ete.

Elle articula cependant :

— Il importe que je me pr'eoccupe de votre installation, monsieur. Je m’en vais veiller `a ce que tout soit pr^et pour ce soir.

Les deux interlocuteurs, d`es lors, se s'eparaient.

Lorsqu’ils furent hors de vue l’un de l’autre, tous deux eurent une attitude v'eritablement extraordinaire.

Le professeur Marcus, qui jusqu’alors 'etait rest'e tr`es calme, marchait `a grands pas, frappant le sol du talon dans le petit sentier qui le conduisait de la propri'et'e de M me Verdon `a la gare de Dom`ene.

Il ne se tenait plus courb'e.

Il avait redress'e sa taille, et, s’avancant avec une merveilleuse assurance, cependant que ses yeux lancaient des 'eclairs, il grommelait, serrant les dents :

— Qu’est-ce que cela signifie, et comment se fait-il, non seulement qu’on puisse le voir, mais qu’on puisse le voir aussi gros ?…

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