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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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M me Verdon prononcait ces derni`eres paroles d’un ton p'en'etr'e, le regard vague, les yeux lev'es au ciel.

Elle semblait, en les prof'erant, avoir oubli'e la pr'esence de M me F'erot, elle avait l’air de parler pour elle-m^eme.

Son interlocutrice la consid'era quelques instants, non sans para^itre un peu 'etonn'ee.

Cette M me Verdon, d'ecid'ement, avait une facon d’^etre assez 'etrange.

Il y avait bien une dizaine d’ann'ees qu’elle 'etait install'ee `a l’entr'ee du village de Dom`ene, dans cette confortable propri'et'e qu’elle avait achet'ee, pay'ee comptant, et o`u elle paraissait vouloir finir ses jours.

Lorsqu’elle 'etait arriv'ee dans le pays, elle avait d'eclar'e ^etre veuve, seule au monde, sans enfant, et venir s’installer l`a uniquement parce que la r'egion lui plaisait.

Elle avait depuis lors men'e une existence tranquille, paisible, monotone m^eme, ne recevant personne, vivant tr`es retir'ee, et se contentant, lorsqu’elle sortait dans le village, d’^etre en bons termes avec tous mais sans intimit'e.

`A partir de dix heures du soir on ne voyait plus jamais de lumi`ere chez M me Verdon, et on pouvait dire qu’`a part deux ou trois fois par an, elle n’avait pas donn'e `a d^iner `a quatre personnes en tout et pour tout.

Lorsqu’elle 'etait arriv'ee au pays on avait fait `a son sujet les plus 'etranges suppositions.

Les uns avaient affirm'e, apr`es l’avoir consid'er'ee, qu’elle avait d^u ^etre jolie dans sa jeunesse, que ce devait ^etre une ancienne cocotte retir'ee des affaires !

D’autres langues, plus m'echantes, pr'etendaient que cette femme, qui ne voulait point se lier avec des gens et qui paraissait supporter sans souffrances sa vie si retir'ee, si solitaire, devait ^etre une ancienne criminelle l^ach'ee par la maison centrale apr`es une vingtaine d’ann'ees d’emprisonnement !

Il y avait encore des gens pour pr'etendre que c’'etait une religieuse d'efroqu'ee. Cette supposition ne recueillait gu`ere de suffrage, car M me Verdon portait une alliance d’or au doigt, et enfin les plus indiff'erents, qui 'etaient peut-^etre aussi les plus logiques, disaient qu’il s’agissait l`a, d’une vieille c'elibataire, venue se retirer dans cette propri'et'e de Dom`ene pour ce simple et suffisant motif que la propri'et'e lui plaisait.

M me F'erot 'etait peut-^etre une des personnes les plus li'ees avec M me Verdon. Cela tenait assur'ement `a ce que, lorsque M me F'erot 'etait jeune fille, elle habitait avec ses parents, tout `a proximit'e de la demeure de M me Verdon, et que les voisins entretenaient de bonnes relations.

Cependant, la causerie 'etait termin'ee, et la jeune femme, se sentant d'ej`a en retard, allait quitter son interlocutrice pour se rendre au march'e des gants.

M me Verdon, qui peut-^etre n’avait pas 'et'e tr`es aimable jusque-l`a, ne voulut point laisser partir son interlocutrice sur une mauvaise impression.

Elle la rappela, lui tendit encore les mains, lui sourit d’un bon sourire qui donnait `a son visage une expression ang'elique, puis, pour la toucher dans ce qu’elle avait de plus cher, elle questionna en elle, la m`ere :

— Et votre petit garcon ? Comment va-t-il ? Travaille-t-il toujours bien ?

Cette question fut pour l’ardente M me F'erot l’occasion d’une nouvelle conf'erence.

Elle allait partir, elle revint ; et comme si elle confiait `a M me Verdon un secret de la plus haute importance, elle lui d'eclara d’un air tout troubl'e :

— Louis est en train de se d'eranger, et je ne sais pas si le pauvre enfant ne perd pas la t^ete… Figurez-vous, madame…

M me F'erot racontait alors `a son interlocutrice, qui s’armait de patience pour 'ecouter cette histoire, la singuli`ere aventure de la veille, et la punition qu’avait encourue le petit Louis pour avoir affirm'e `a l’instituteur devant toute la classe qu’il avait vu sur le Casque-de-N'eron, un g'eant 'etendu, dormant dans la montagne.

M me F'erot ignorait, d’ailleurs, ce qui allait se passer au cours de l’apr`es-midi suivante, et assur'ement elle serait bien 'etonn'ee lorsqu’en revenant `a Grenoble elle apprendrait que d’autres comme son fils avaient 'et'e t'emoins d’une semblable vision.

Mais, pour le moment, M me F'erot, comme le ma^itre d’'ecole la veille, avait l’intime persuasion que le petit Louis, inspir'e par ce h^ableur de Michel, avait fait simplement un mensonge.

Enfin, M me F'erot partie et M me Verdon rest'ee seule chez elle, celle-ci erra quelques instants dans son jardin, et machinalement repoussa sous les buissons d'ej`a couverts de feuilles quelques branches mortes qui obstruaient les all'ees sabl'ees.

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