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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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M me Verdon s’interrompait, car depuis quelques instants, son interlocutrice signifiait par de grands gestes qu’elle voulait lui dire quelque chose.

— Je vous 'ecoute ! fit M me Verdon.

— Je sais tout cela, s’'ecria la m`ere du petit Louis, et c’est pour cela pr'ecis'ement que je viens vous voir. Figurez-vous, madame Verdon, que j’ai votre affaire absolument… Le locataire r^ev'e, tranquille, pas trop riche pour faire du fla-fla ou exiger trop de choses, et certainement assez bien rent'e pour que vous puissiez faire un joli b'en'efice sur la location… Enfin, c’est un homme qui certainement doit ^etre bien agr'eable, et il doit ^etre instruit, c’est un savant…

— Vraiment ? fit M me Verdon d’un air int'eress'e. Donnez-moi donc quelques d'etails…

M me F'erot reprit :

— Voil`a l’histoire : vous savez que mon mari est inspecteur au Palace-H^otel de Grenoble, et, naturellement, rapport `a sa profession, il voit passer toutes sortes de gens, des Francais, des Am'ericains, des Italiens, des Anglais. Grenoble, hiver comme 'et'e, est un centre d’excursions et de tourisme. Seulement, bien entendu la plupart du temps, les gens qui descendent au Palace-H^otel sont des gens tr`es riches, et qui ne font que passer. Arriv'es le soir par le rapide de luxe, ou alors en automobile, les voil`a d'ecamp'es d`es le lendemain matin, soit qu’ils aillent `a Nice, soit qu’ils passent au Pi'emont par le col du Lautaret, ou alors qu’ils remontent vers la Suisse en longeant la vall'ee de l’Is`ere.

— En effet, reconnut M me Verdon, qui se rendait compte qu’il fallait `a toute force 'ecouter le verbiage de M me F'erot jusqu’au bout.

— Mais voil`a-t-il pas, poursuivit celle-ci, qu’hier soir, par le train omnibus arrivant de Lyon, descendait `a l’h^otel o`u travaille mon mari un vieux bonhomme tout cass'e.

» Il avait une allure bien diff'erente de celle des voyageurs qui fr'equentent habituellement l’h^otel, et lorsqu’on lui annonca qu’il n’y avait pas de chambres au-dessous de douze francs, on crut qu’il allait avoir une syncope tant il parut stup'efait et ennuy'e !

» N'eanmoins, comme il 'etait tard, le vieux bonhomme prit la chambre qu’on lui proposait, mais il d'eclara `a mon mari :

» — D`es demain, je quitterai cet appartement dans lequel je ne puis rester, n’ayant pas les moyens de payer un loyer semblable.

» De fil en aiguille, il se mit `a bavarder avec mon mari et il lui raconta :

» — Je suis le professeur Marcus et j’arrive de Zurich. Je m’occupe de g'eologie et de botanique ; j’ai l’intention de faire un s'ejour assez long dans la r'egion des Alpes avoisinant Grenoble qui pr'esente pour moi le plus vif int'er^et.

» Puis sortant un journal de sa poche, un journal de Grenoble, dans lequel figurait la petite annonce que vous avez publi'ee, il y a quinze jours, il demanda `a mon mari :

» Connaissez-vous cette dame Verdon de Dom`ene, qui demande un pensionnaire chez elle ? Est-ce une personne respectable ?

» — Ah ! par exemple, monsieur, comme ca se trouve ! r'epondit mon mari. C’est justement quelqu’un qui conna^it ma femme !

» Naturellement, poursuivait M me F'erot, mon mari a donn'e les meilleurs renseignements, et il s’est lui-m^eme renseign'e sur le vieux savant.

» Celui-ci veut bien payer quarante francs par semaine, il ira m^eme jusqu’`a quarante-cinq. Il ne compte recevoir personne chez lui ou pour mieux dire chez vous, si vous le prenez comme locataire, et enfin il assure qu’il ne fera jamais de tapage, 'etant perp'etuellement dehors `a la recherche de cailloux ou de mousses dans la montagne.

» C’est pourquoi, madame Verdon, j’ai pens'e que cet homme-l`a serait pour vous la perle des locataires, et je suis venue vous annoncer sa visite…

— Oh ! oh ! s’'ecria la vieille dame, vous avez d'ej`a l’intention de me l’envoyer ?…

Nettement, M me F'erot r'epliqua :

— Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud ! Croyez-moi, madame Verdon. Par votre ind'ecision et votre lenteur `a prendre un parti, vous avez d'ej`a manqu'e plusieurs bonnes occasions, et vous avez de la chance d’en avoir autant. Moi, je sais bien que si j’avais une chambre `a louer, je ne trouverais jamais des pensionnaires comme ceux que vous avez trouv'es et que vous avez refus'es. Oui, madame Verdon, cet homme-l`a, le professeur Marcus, puisque tel est son nom, sera chez vous cet apr`es-midi, sur le coup de trois heures. Vous verrez ce que vous devez faire, et dame, si cela ne vous pla^it pas, moi, je ne m’en occupe plus !

Elle avait l’air quelque peu vex'ee et m^eme furieuse et M me Verdon, s’apercevant de l’attitude de son interlocutrice, s’excusa du peu d’enthousiasme qu’elle manifestait `a l’id'ee d’avoir un pensionnaire qui paierait quarante francs par semaine, peut-^etre m^eme quarante-cinq.

Elle tendit ses vieilles mains blanches et rid'ees `a la jeune femme qui les serrait.

Et, de sa voix douce et harmonieuse, M me Verdon articula :

— Merci, madame F'erot, merci de tout coeur. Somme toute, vous avez raison de me parler avec 'energie, et vous m’amenez, en somme, j’en suis s^ure, un tr`es bon pensionnaire. Que voulez-vous ! L’ind'ecision, c’est dans ma nature. J’ai toujours 'et'e ind'ecise dans la vie. H'elas ! si j’avais eu plus de volont'e, peut-^etre me serait-il arriv'e moins de malheurs !…

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