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Здесь, как вы можете себе представить, все ликуют. И уже сегодня утром в Думе шла речь о благодарственном адресе, который должен быть поднесен государю…*
С глубочайшим почтением.
Ф. Тютчев
Блудовой А. Д., 13 ноября 1870*
Ce vendredi
Laissez-moi vous signaler, ch`ere Comtesse, l’article de la Gazette de Moscou, en date du 11 novembre, № 243.
Eh bien, il y a dans cet article un alin'ea qui pourrait ^etre d^ument qualifi'e de v'eritable infamie, en 'egard `a l’autorit'e qui s’attache au journal de Katkoff.
Cet alin'ea est `a l’adresse des Slaves de la Cisleithanie* et dit cr^ument sur la foi de je ne sais quelle autorit'e que leur sacrifice est une chose `a peu pr`es d'ecid'ee, en d'epit de toutes les sympathies qu’ils nous t'emoignent*. Encore une fois, dans les circonstances donn'ees* et venant de la part de Katkoff, une pareille insinuation est une infamie, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier un proc'ed'e semblable. A quel exc`es pourtant peuvent arriver certaines natures sous le coup de fouet d’un amour-propre sottement irritable et qui se sent bless'e.
Parlez-en au Prince Gortchakoff `a votre retour `a Tsarsko"i'e.
Au plaisir de vous revoir tr`es probablement dimanche prochain.
T. T.
Пятница
Позвольте, дорогая графиня, обратить ваше внимание на статью в «Московских ведомостях» от 11 ноября, № 243.
Так вот, в этой статье есть абзац, который поистине нельзя рассматривать иначе как настоящую низость, принимая в расчет тот авторитет, коим пользуется газета Каткова.
В этом абзаце, касающемся славян Цислейтании*, прямо говорится, на основании не знаю каких данных, что принесение их в жертву — дело более или менее решенное, несмотря на все симпатии, которые они нам выказывают*. Повторяю, при настоящих обстоятельствах* подобная инсинуация, да еще исходящая от Каткова, является низостью, и нет другого слова, чтобы определить такой поступок. До чего, однако, могут доходить некоторые натуры, подхлестываемые глупо раздражительным и якобы уязвленным самолюбием.
Поговорите об этом с князем Горчаковым по вашем возвращении в Царское.
Надеюсь свидеться с вами в будущее воскресенье.
Ф. Т.
Тютчевой Е. Ф., 31 декабря 1870*
P'etersbourg. Ce 31 d'ec<embre> 1870
Je ne veux pas laisser s’achever cette terrible ann'ee sans t’'ecrire, ma ch`ere Kitty, sans r'epondre `a ta lettre qui r'epond si bien `a toutes mes pens'ees… Il en est des blessures morales comme des blessures physiques, ce n’est pas dans le moment, o`u on les recoit, qu’on s’en ressent le plus — c’est plus tard, c’est apr`es coup. Il faut que la vie ait repris son assiette, pour que le vide reparaisse.
Pour moi, chaque fois que ma pens'ee se transporte, il faut que je la heurte aux derni`eres impressions que j’y ai recues, pour l’emp^echer d’aller le chercher l`a o`u je le rencontrai et o`u jamais je ne le rencontrerai plus. Mais ce mot jamais n’a plus de sens pour moi. Ce n’est plus un avenir. C’est un d'elai de quelques jours, de peu de jours, apr`es tout. Et voil`a pourquoi, je pense, je trouve bris'e dans mon ^etre ce sentiment de r'evolte contre la mort que l’homme n’'eprouve bien qu’une fois dans sa vie. — Dans toutes les pertes qui suivent celle-l`a, quelques rudes qu’elles puissent ^etre, il n’y a plus rien d’impr'evu, rien d’absolument inconnu.
Il n’y a qu’une image qui, chaque fois qu’elle me revient, m’est de plus en plus odieuse et horrible. C’est quand je le revois tomb'e dans ce local du Club qui m’est si bien connu, lui, si d'ebile et si craintif, lui qui a toujours eu l’appr'ehension de cette chute, gisant `a terre, meurtri, frapp'e `a mort, et demandant qu’on le rel`eve…*
Voil`a bien trois `a quatre jours que je garde la chambre, gr^ace `a un acc`es de douleurs n'evralgiques ou rhumatismales aux pieds, et qui cette fois est venu plus t^ot que d’habitude. Les souffrances ne sont pas bien fortes, surtout comparativement `a ce que toi, tu as souffert, en dernier lieu, mais cela d'erange toutes mes habitudes, et par l`a aussi toutes les conditions de mon existence physique, d'ej`a suffisamment d'et'erior'ee. Mais ce sont l`a les inconv'enients naturels de l’^age, et il serait ridicule de s’en plaindre. — Adieu, ma fille ch'erie, embrasse ta tante, et que Dieu te la conserve le plus longtemps possible. A toi de coeur. Ton p`ere
P. S. Voici, ma fille, quelques rimes que je n’ai communiqu'ees `a personne et qui ne sont que pour toi. Elles me sont venues dans cet 'etat de demi-sommeil, la nuit de mon retour de Moscou.
Брат, столько лет сопутствовавший мне,И ты ушел — куда мы все идем, —И я теперь, на голой вышине,Стою один, — и пусто все кругом —И долго ли стоять тут одному?День, год-другой — и пусто будет там,Где я теперь, — смотря в ночную тьмуИ — что со мной, не сознавая сам…Бесследно все — и так легко не быть!При мне иль без меня — что нужды в том?Все будет то ж — и вьюга так же выть,И тот же мрак, и та же степь кругом.Дни сочтены — утрат не перечесть, —Живая жизнь давно уж позади,Передового нет — и я, как есть,На роковой стою очереди.Ф. Т.