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Пока, любезный друг, низко кланяюсь вашей супруге*. Я уверен, что она будет тронута тем, какое удовольствие доставит мне свидание с ней. Передайте также сердечный привет и вашим детям*.
Я только что получил письмо от вашей сестры, которая находится сейчас в окрестностях Ревеля. Со здоровьем у нее хорошо, а мне без нее плохо. Весь ваш Ф. Т.
Тютчевой Эрн. Ф., 10/22 июля 1847*
Bade-Bade. Jeudi, ce 22 juillet 1847
Ma chatte ch'erie, hier matin j’'etais `a regarder le pays par l’embrasure d’une fen^etre immense d'emolie du vieux ch^ateau de Bade. Ce ch^ateau est une admirable ruine qui plane `a une hauteur de 1400 p<ieds> sur un admirable pays, d’une c^ot'e la vall'ee de Bade avec quatre ou cinq autres qui viennent y d'eboucher, d’autre part une immense plaine travers'ee par le Rhin, embrassant dans sa couche `a perte de vue tout le pays depuis Strasbourg jusqu’`a Carlsruhe. C’est tr`es beau. Et quand je me suis retourn'e pour te parler, tu n’y 'etais pas… Il se trouve que tu es `a cinq cents lieues loin d’ici, dans un abominable trou qui s’appelle Hapsal. Il se trouve que c’est moi qui t’y ai envoy'ee, toi qui n’aurais jamais d^u entendre parler de ce fichu endroit. Et moi pendant ce temps-l`a, je me prom`ene de mon pied l'eger `a travers tous les pays qui sont les tiens, — ayant `a peu pr`es la mine d’un homme qui voyage pour son plaisir. Je trouve parfaitement ignoble de ma part d’avoir souscrit `a un pareil arrangement. Mais si tu ne m’accompagnes pas de ta personne, tu me poursuis de ton souvenir, je devrais m^eme dire que tu me pers'ecutes, car il est certain que c’est une v'eritable pers'ecution. Je rab^ache bien la peine de venir ici tout seul. Chose singuli`ere. Le monde que je vois s’agiter ici, les personnes que je rencontre, rien de tout cela, rien de ce qui est humain ne te rappelle `a mon souvenir. Mais que je me trouve en pr'esence d’un site ou, comme hier, d’une ruine, ou mieux encore d’une 'eglise gothique, et aussit^ot tu viens `a moi, toute assez, pour me faire sentir cet abominable cauchemar de l’absence. Voici les endroits o`u j’ai le plus vivement pens'e `a toi, apr`es t’avoir quitt'e `a Berlin. C’'etait d’abord `a Francfort, puis trois jours plus tard `a Z"urich. Mais l`a au lieu de descendre `a l’h^otel Baur qui m’aurait infailliblement attrist'e, je suis all'e me nicher dans une esp`ece de hauteur au 4`eme 'etage de l’h^otel du Lac, une v'eritable lanterne magique qui m’enveloppait de tout part de la vue du Lac, des montagnes, de tout un splendide et magnifique horizon que j’ai revu avec un v'eritable attendrissement. — Ah, ma bonne amie, il n’y a pas `a dire. Ma fibre occidentale a 'et'e grandement remu'ee tout ce temps-ci. — Puis sais-tu o`u j’ai beaucoup pens'e `a toi? C’'etait `a B^ale, bien que ce soit un terrain qui t’est 'etranger et, je crois m^eme, inconnu. — C’'etait le soir. J’'etais assis sur les poutres tout pr`es de l’eau, en face de moi, sur la rive oppos'ee la cath'edrale de B^ale dominant un fouillis de toits aigus et de maisons gothiques coll'ees contre la rampe du rivage, le tout recouvert d’un lambeau de verdure… Ceci aussi 'etait fort beau, le Rhin surtout qui coulait l`a `a mes pieds et qui chantait dans l’obscurit'e. De B^ale je suis all'e `a Strasbourg o`u j’ai pass'e la nuit `a la maison rouge. Il va sans dire que je n’ai pas manqu'e de faire tes compliments `a M"unster*. Mais je n’ai plus retrouv'e de certains lilas que nous avons vu si frais et si fleuri sur la vieille toiture d’une maison situ'ee en face de la cath'edrale. — Mais Strasbourg m’a attrist'e et j’ai eu h^ate de rentrer en Allemagne.
Je sens que je devrais mettre un peu plus d’ordre chronologique dans ma narration, et je le ferais, si mon ex'ecrable 'ecriture ne me rendait pas toujours si nerveux. Essayons pourtant… De Berlin j’allais par le chemin de fer jusqu’`a Weimar… Ah, ne blasph'emons pas le chemin de fer. C’est une admirable chose, maintenant surtout que le r'eseau se noue et se compl`ete de tout c^ot'e. Ce qu’il y a de si particuli`erement bienfaisant pour moi, c’est qu’il rassure mon imagination contre mon plus terrible ennemi, l’espace, cet odieux espace qui vous noie et vous an'eantit, corps et ^ame, sur les chemins ordinaires.
A Weimar je trouvais Maltitz, seul, 'etabli dans la maison de Goethe. Entre nous soit dit, tout cet 'episode de Weimar m’a beaucoup ennuy'e. La localit'e m’a paru abominablement triste, et l’entrevue avec Maltitz n’avait rien qui e^ut pu l’'egayer. Je l’ai retrouv'e juste au m^eme point o`u je l’ai laiss'e il y a 4 ans. C’est toujours la m^eme chanson. Seulement ce fond d’'ego"isme qui fait le v'eritable fond de l’individu est devenu encore plus aigu, comme les traits d’une figure qui a vieilli. En un mot, sa soci'et'e ne m’a pas fait du bien et j’aurais beaucoup donn'e pour pouvoir la troquer, dans le moment donn'e, contre celle de ton fr`ere. Je passais la nuit `a Weimar log'e chez Maltitz et repartis le lendemain. Le chemin de fer s’arr^ete `a Eisenach qui est `a 24 milles de Francfort. Il fallut se r'esigner `a prendre la diligence — et quelle diligence, bon Dieu, et cela imm'ediatement apr`es le chemin de fer. — C’'etait le d'ebit de Tom Have, apr`es celui de Thiers. Ex'ecrable diligence, va! Vingt heures pleines pour faire 24 milles.
Entre Hanau et Francfort notre carabas qui se tra^inait est crois'e par un cabriolet. En y jetant les yeux, j’apercois une dame, toute en noir, qui en passant `a c^ot'e de nous porte son lorgnon `a l’oeil… C’'etait l’affaire d’un instant, mais cet instant avait suffi pour me faire reconna^itre, dont cet inimitable mouvement du lorgnon appliqu'e — Madame de Cetto* — et ce qui compl`ete pour moi la r'ev'elation, c’est que le Brochet m’a dit spontan'ement qu’il 'etait s^ur d’avoir reconnu le fid`ele Ott dans l’homme assis sur le si`ege. Ce qui ajoute une vraisemblance supr^eme `a ma conjecture, c’est que le cabriolet se dirigeait vers Hanau o`u quelques jours auparavant venait de s’ouvrir un nouveau tripot de jeu… Mais, si je n’ai fait que l’entrevoir cette fois, je compte bien, `a mon retour `a Francfort, aller la chercher, quelque tapis vert des environs, car on m’a dit qu’elle ne quitterait pas le pays avant la fin de la saison. — A Francfort o`u je suis descendu par m'eprise `a l’h^otel de Russie au lieu du R"omischer Kaiser, j’ai eu la satisfaction de retrouver presqu’au complet l’excellente famille Oubril*. Surprise, exclamations, accueil cordial, partie de th'e arrang'ee au jardin, mais `a laquelle un acc`es rhumatismal de mal de dents survenu inopin'ement dans la soir'ee m’a emp^ech'e d’assister. J’ai revu l`a larmoyante Madame Martchenko*, tout r'ecemment revenue de Paris o`u elle avait pass'e l’hiver, mais comme son mari est, je crois, absent en ce moment, elle m’a paru moins 'el'egiaque que de coutume. Quant `a l’un des deux anges — l’ange Marie* est mari'e, je n’ai pas pu le voir. Il vient d’accoucher il y a 4 semaines. — Je n’ai point trouv'e d’autres connaissances `a Francfort. Joukoffsky et Gogol pour qui j’avais lettres et paquets 'etaient partis le jour m^eme de mon arriv'ee. Ayant appris par Oubril que la Chanceli`ere 'etait encore `a Bade, mais qu’elle allait partir le surlendemain pour Wildbad, je me d'ecidai, en d'epit de l’exhortation si pr'evoyante du Chancelier, de la consid'erer comme non avenue et me confirmai d’autant plus dans la r'esolution de ne pas passer par Bade que j’avais quelque raison de supposer que j’y trouverai encore Kr"udener qui y 'etait venu quelques jours auparavant. Je partis de Francfort `a 1 <heure> de l’apr`es-midi et `a 7 h<eures> du soir j’'etais d'ej`a arriv'e `a Bade o`u se faisait mon entr'ee au moment de la grande promenade guid'e par l’ami Esterhazy* que j’avais rencontr'e sur le chemin de fer. Il ne nous fut pas difficile de d'ecouvrir dans une all'ee lat'erale, un peu `a l’'ecart de la foule, la Chanceli`ere attabl'ee en soci'et'e de la femme du docteur Arendt*. La reconnaissance a 'et'e affectueuse et aimable, mais temp'er'ee par un peu d’embarras. Bient^ot apr`es nous sommes rejoints par Mad. Chreptovitch, toujours vive et s'emillante, mais dont la peau gr^ace au soleil bade s’est compl`etement bronz'ee. Puis vinrent les deux ni`eces, Mesdames Zinovieff et Stolipine*. C’'etait `a peu pr`es les seules Russes qu’il y eut pour le moment `a Bade. La soir'ee fut employ'ee `a reconna^itre un peu la localit'e dont les dames voulurent bien me faire les honneurs, puis j’allais l’achever aupr`es de la Chanceli`ere `a qui je promis en la quittant qu’`a mon retour de Z"urich j’irai, apr`es avoir pass'e quelque temps `a Bade, lui faire une visite `a Wildbad — et c’est ce que je propose de r'ealiser la semaine prochaine.
Je ne restais `a Z"urich que deux jours que je passais au sein de la famille Kr"udener, braves et excellentes gens qui m’ont fait l’accueil le plus cordial, tout en me r'egalant d’un th'e ex'ecrable et d’un d^iner qui n’'etait pas bon. Les demoiselles, au nombre de trois, soeurs du <1 нрзб> sont tr`es bien sous tous les rapports, de l’esprit, de l’instruction, un joli parler, etc…* Mais je suis fatigu'e de tout ce bavardage. Il faut que j’abr`ege. Je me h^atais de revenir `a Bade dans l’impatience que j’'etais d’y trouver de tes lettres. Mais ce n’est que le surlendemain de mon arriv'ee que j’en recu une, celle du 6, 'ecrite le jour o`u j’arrivais `a Berlin et qui me fait part des inqui'etudes que le gros temps et la grosse mer de Hapsal t’avait fait 'eprouver. Merci, ma chatte ch'erie. Puis, le lendemain, j’ai recu une autre, d’une date ant'erieure, et maintenant je suis dans l’attente <1 нрзб> de la troisi`eme. Ceci me fait penser que tu pourrais bien y ^etre aussi par rapport `a moi, et voil`a pourquoi, sans clore cette lettre o`u je voulais te dire encore un volume de d'etails sur Bade, je l’interrompe pour te l’envoyer telle quelle, sans tarder davantage. J’ai 'ecrit avant-hier `a ton fr`ere et attends sa r'eponse dans le courant de la semaine. La suite au cahier suivant.
Баден-Баден. Четверг. 22 июля 1847
Милая моя кисанька, вчера утром я любовался местностью сквозь пролет огромного старинного полуразрушенного окна древнего баденского замка. Этот замок представляет собою очень живописные руины, которые как бы парят на высоте 1400 футов над очень живописной местностью. С одной стороны — баденская долина, с которою сливаются четыре или пять других, с другой — огромная равнина, пересекаемая Рейном, который опоясывает собою всю местность, насколько только может охватить глаз, от Страсбурга до Карлсруэ. Все это очень красиво, но когда я обернулся, чтобы заговорить с тобою — тебя рядом не оказалось… Оказывается, ты за пятьсот верст отсюда, в отвратительной дыре, именуемой Гапсалем. Оказывается, это я послал тебя туда, а ты и слышать никогда не должна была бы об этой унылой местности. А я тем временем беспечно разъезжаю по местам тебе родным с видом человека, путешествующего ради собственного удовольствия. Я считаю, что с моей стороны было совершенно неблагородно подписаться под таким соглашением. Но если ты мне не сопутствуешь лично, то преследуешь меня воспоминанием о себе, мне следовало бы даже сказать терзаешь меня, ибо это, несомненно, настоящее терзанье. Стоило приезжать сюда одному. Странное дело! Ни мир, волнующийся у меня на глазах, ни встречающиеся люди — ничто, ничто человеческое не напоминает мне о тебе. Но вижу ли я селение или, как вчера, руины, или, еще лучше, готический храм, — и тотчас же ты являешься мне, и этого достаточно, чтобы дать мне ощутить весь отвратительный кошмар разлуки. Вот места, где я особенно остро думал о тебе после того, как писал тебе из Берлина. Во-первых, во Франкфурте, затем, три дня спустя, в Цюрихе. Но там, вместо того чтобы остановиться в h^otel Baur, который неизбежно навеял бы на меня грусть, я устроился в своего рода фонаре на 4-м этаже h^otel du Lac, в настоящем волшебном фонаре, где со всех сторон открывался вид на озеро, горы, великолепное, роскошное зрелище, которым я вновь любовался с истинным умилением. — Ах, милый друг мой, что и говорить — моя западная жилка была сильно задета все эти дни. Потом, знаешь ли, где я много думал о тебе? В Базеле, хоть это чуждые и, кажется, даже незнакомые тебе места. — Был вечер. Я сидел на бревнах, у самой воды, напротив меня, на другом берегу, над скоплением остроконечных крыш и готических домишек, прилепившихся к набережной, высился базельский собор, — и все это было прикрыто пеленою листвы… Это тоже было очень красиво, а особенно Рейн, который струился у моих ног и плескал волной в темноте. Из Базеля я отправился в Страсбург, где переночевал в «Красном доме». Само собою разумеется, я не преминул передать от тебя поклон Мюнстеру*. Я уже не нашел того куста сирени, который мы с тобой видели таким свежим и цветущим на старой крыше одного из домов против собора. — Однако Страсбург навеял на меня грусть, и я поспешил вернуться в Германию.
Чувствую, что мне следует внести в мое повествование некоторый хронологический порядок, и я так и поступил бы, если бы мой мерзкий почерк постоянно не раздражал меня. Попробуем все же… Из Берлина я выехал по железной дороге в Веймар. Ах, не надо поносить железных дорог! Это чудесная вещь, особенно теперь, когда их сеть всюду связывается и расширяется. На меня они особенно благотворно действуют, потому что они успокаивают мое воображение касательно самого моего страшного врага — пространства, ненавистного пространства, которое на обычных дорогах топит и погружает в небытие и тело наше и душу.