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— Seule, une rancon 'enorme pourrait attendrir le Ma^itre de l’effroi qui le d'etient prisonnier. En 'echange d’une fortune, Fant^omas rendra Fandor, faute de quoi…
— Faute de quoi ?… reprit la voix angoiss'ee de M me Rambert.
— Faute de quoi… fit son interlocuteur, dans deux jours, Fandor sera mort…
Un cri retentissait :
— 'Etienne !…
— Alice !…
— 'Etienne, il faut que je te dise ce qu’il faut faire pour sauver notre enfant.
Juve 'ecoutait, de plus en plus attentivement, les propos que tenaient les deux ^etres dont il avait surpris l’extraordinaire conversation.
— Parbleu, se disait-il, je vois o`u Fant^omas veut en venir… Ah ! le mis'erable !
Et, une fois de plus, l’envie le reprenait de courir jusqu’`a la maison, de foudroyer `a bout portant le monstre, et de lui loger les six balles de son browning dans le corps.
Mais Juve se dominait, 'ecoutait encore, 'ecoutait toujours…
M me Rambert d'eclarait :
— Contrairement `a ce que l’on croit, 'Etienne, je suis riche, immens'ement riche ; je poss`ede de nombreux titres de rente, qui, pendant mon long s'ejour dans la maison de sant'e o`u j’'etais prisonni`ere, ont fructifi'e et quadrupl'e leur valeur. Jusqu’`a pr'esent, depuis que je suis sortie de cette affreuse prison, j’ai dissimul'e aux yeux de tous mon identit'e et ma situation p'ecuniaire. J’avais peur d’un retour de l’imposteur qui viendrait me faire remettre dans un cabanon, et qui s’emparerait des biens que je destine, que nous destinions `a notre enfant…
— Sans doute, sans doute, affirma le bandit, mais o`u est-elle donc cette fortune ? et o`u voulez-vous en venir ?
Juve, qui entendait toujours, comprenait l’impatience de Fant^omas.
M me Rambert expliquait `a celui qu’elle prenait d'esormais pour son v'eritable mari :
— Les titres sont d'epos'es chez un notaire, sous pli cachet'e. Ils sont `a Grenoble, dans l’'etude de Gauvin qui ne soupconne pas la valeur du d'ep^ot que je lui ai confi'e. Il faut, 'Etienne, que nous disposions de cet argent pour sauver notre enfant, pour acheter la libert'e de J'er^ome Fandor !
— Parbleu ! s’'ecria le bandit, c’est bien l`a ce que j’attendais de vous, et si je suis venu, Alice, si j’ai r'eussi `a vous rejoindre, `a vous d'ecouvrir dans votre retraite cach'ee, c’est parce que j’avais le secret espoir que votre coeur de m`ere vous permettrait de trouver la solution du probl`eme que depuis plusieurs jours je cherche `a r'esoudre en vain !
— H'elas ! articula M me Rambert, ces titres qui sont d'epos'es chez le notaire sont difficilement n'egociables par moi ; ils sont en effet inscrits `a mon nom v'eritable, au nom d’Alice Rambert. Si je vais les retirer, je suis oblig'ee de me faire conna^itre et, d`es lors, qu’adviendra-t-il ? Pouvez-vous, 'Etienne, crier aujourd’hui `a la face du monde que vous ^etes 'Etienne Rambert ?
Une seconde, Fant^omas h'esitait, la situation 'etait d'elicate…
Il articula simplement :
— Je ne le sais pas encore, mais dans deux jours, Alice, je vous fixerai… J’ai tant eu d’aventures et de malheurs qui m’obligent, comme vous, mais pour d’autres raisons, `a dissimuler ma personnalit'e !…
— Dans deux jours !… sanglota la malheureuse femme, que sera-t-il advenu de J'er^ome Fandor, de notre enfant ?
Mais Fant^omas la rassurait :
— Rien d’irr'eparable, ma ch`ere amie, rien qui puisse vous mettre dans l’obligation d’agir imm'ediatement. Croyez-moi, ayez confiance… Ayez confiance…
En vain, Juve d'esormais pr^etait-il l’oreille, il n’entendait plus rien. Assur'ement Fant^omas et sa future victime avaient quitt'e la pi`ece dans laquelle ils se trouvaient.
Juve, pendant quelques instants, esp'erait qu’ils allaient revenir, mais c’'etait en vain qu’il attendait ; il avait beau 'ecouter, il n’entendait plus rien…
Lorsque le policier sortit de la petite cabane en planches dans laquelle il 'etait si miraculeusement entr'e `a la suite d’un faux pas, il se prit `a r'efl'echir sur ce qu’il devait faire.
La r'esolution de Juve ne tardait `a ^etre fix'ee.
— Parbleu, c’est simple ! fit le policier. Et l’intention de Fant^omas est bien facile `a comprendre. S’il a jou'e toute cette com'edie, s’il est venu voir M me Rambert pour se faire passer aupr`es d’elle pour son v'eritable mari, s’il a invent'e de toute pi`ece que Fandor 'etait prisonnier d’une bande de criminels, et, oh ironie ! de Fant^omas, c’est parce qu’il voulait savoir ce qu’il 'etait advenu de la fortune de la m`ere de Fandor. Il est d'esormais renseign'e, il va tenter de s’en emparer…