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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Elle avait tir'e de sa poche un 'enorme mouchoir, elle s’en tamponnait les yeux, rapidement, cependant qu’elle se mordait les l`evres avec rage.

Qui pouvait provoquer l’attitude grognonne que prenait la vieille dame en ce moment ?

Le cocher ne chercha m^eme pas `a le deviner. Il passait, comme on le lui demandait, le fauteuil de bois que la vieille femme installait sur le trottoir, tout contre la porti`ere du fiacre.

— Cocher, demandait la vieille, voil`a mes billets, passez sur le quai, allez vous renseigner pour trouver le train d’Anvers. Vous reviendrez ensuite m’aider…

Le cocher s’'eloignait, la vieille dame rentrait dans la voiture, prenait la main du paralytique, et, d’un seul geste, arrachait le malade de son coin.

— Allez hop ! faisait-elle.

Le malheureux infirme, 'evidemment plong'e dans une torpeur profonde, ne geignait m^eme pas. Il s’abandonnait, et sa m`ere pouvait le tirer hors du fiacre, plut^ot que l’en descendre, le faire tomber presque dans le fauteuil o`u, supposant qu’on la regardait, elle l’installait bient^ot avec un soin extr^eme.

— Es-tu bien, mon pauvre enfant ? L`a… tu n’as pas froid ? Mais il ne m’entend m^eme pas, mon Dieu… Ah ! quelle crise, quelle crise il vient d’avoir !

`A ce moment, et comme des facteurs s’approchaient, pr^ets `a proposer leur aide, le cocher revenait :

— Le train est rang'e, madame.

— Bon, parfait, aidez-moi, alors…

L’un et l’autre prirent les brancards et se dirig`erent vers l’int'erieur de la gare.

Or, comme ils allaient franchir une porte, un jeune homme, qui marchait vite et semblait nerveux, se heurta aux brancards.

— Fais donc attention, Fandor, cria une voix bien timbr'ee.

Le jeune homme, qui n’'etait autre que Fandor, se jeta de c^ot'e, saluant.

— Oh ! pardon, faisait-il aimablement, je n’avais pas vu…

Et, tout contrit de sa maladresse, J'er^ome Fandor offrait ses services :

— Excusez-moi, madame. Ne puis-je vous ^etre utile `a quelque chose ? Voulez-vous que je porte `a votre place ?

La vieille d’un signe de t^ete rapide, refusa :

— Je ne veux pas que personne touche `a mon fils !

Et ce devait ^etre en effet la v'erit'e, car, quelques minutes plus tard, la vieille dame hissait encore elle-m^eme, aid'ee seulement du cocher, le malheureux paralytique qu’elle installait dans un compartiment de premi`ere classe, et dont elle enroulait les membres dans une 'epaisse couverture.

— Dodo, fais dodo ! murmurait-elle.

Et comme le cocher pay'e, et largement pay'e, s’'eloignait en multipliant les saluts, la vieille claquait la porti`ere, marchant sur les pieds de son fils, sans la moindre vergogne. En se retournant, elle heurtait m^eme la jambe du malade, ce qui lui tirait un nouveau juron :

— Nom de Dieu ! faisait-elle. L’abominable charogne me g^enera donc toujours ?

`A cet instant, elle se penchait `a la porti`ere, contemplait fixement l’arri`ere du train.

— Et ils montent dans le m^eme wagon que moi, faisait-elle. Nous ne sommes s'epar'es que par quatre ou cinq compartiments… D'ecid'ement, tout est pour le mieux ! Juve et Fandor, tenez-vous bien !

Quelle 'etait donc cette extraordinaire bonne femme ? Que signifiaient et son attitude, et ses paroles ? Quelle 'etait la raison de la menace qu’elle semblait implicitement formuler `a l’'egard de Juve et de Fandor ?

Le train, dix minutes plus tard, d'emarrait p'eniblement, puis prenait de la vitesse, filait enfin au long de la voie `a toute allure. La vieille s’'etait assise en face de son fils, elle avait d'eploy'e un grand journal, elle lisait attentivement les nouvelles de la derni`ere heure, cependant qu’un autre voyageur, un gros pr^etre `a la face joufflue, montait dans le m^eme compartiment, ouvrait et refermait son br'eviaire, se d'emenait sur la banquette, jetait des regards sympathiques au malade, faisait le plus de bruit possible enfin, dans l’espoir 'evident d’engager la conversation et de tromper ainsi la monotonie du trajet.

Il 'etait certain toutefois que la vieille dame ne tenait nullement `a bavarder. De temps `a autre, d’un furtif regard, elle examinait son fils, s’assurait qu’il dormait toujours, puis se replongeait dans son journal.

Des heures pass`erent ainsi. L’express stoppa `a des petites gares. Haletant, 'epoumon'e, un autre voyageur, `a quelque distance d’Anvers, prit place dans le compartiment.

Lui aussi avait un regard apitoy'e pour le malheureux malade qui semblait de plus en plus p^ale, mais fort correctement, il ne cherchait nullement `a engager la conversation. Passant devant la vieille dame, d’ailleurs, il avait 'et'e s’asseoir dans le coin oppos'e, juste en face du gros pr^etre qui avait fini par se d'ecider `a tirer lui aussi, un journal de sa poche, et qui lisait les faits divers.

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