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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Chapitre XVI

L’effroi au village

— Allons, mes enfants ! Allons ! Un peu de silence ! L’heure a sonn'e, taisons-nous. Vous, Michel, si vous n’^etes pas sage, vous serez consign'e jeudi.

Cette menace 'evidemment produisait son effet, non seulement `a l’'egard de l’int'eress'e, mais encore aupr`es de ceux de ses camarades qui l’entouraient.

Ceci se passait `a l’'ecole devant la porte de la classe des moyens.

Il 'etait environ deux heures un quart, et l’on allait commencer la classe d’histoire de France. Les 'el`eves, des gamins d’une douzaine d’ann'ees, apr`es ^etre rentr'es en se bousculant, dans la classe, finissaient par s’installer `a leurs places respectives, `a sortir de leurs sacs les cahiers et les livres n'ecessaires au travail, et `a se disposer `a 'ecouter le ma^itre.

Celui-ci, un petit jeune homme de vingt-cinq `a vingt-huit ans, au visage p^ale, `a la silhouette mince et fluette, 'etait v^etu d’une redingote r^ap'ee, et portait sur le nez un binocle cercl'e d’or.

C’'etait l’instituteur qui professait dans l’'ecole la"ique du quartier de la gare, `a Grenoble.

Les premiers jours du printemps s’annoncaient par de clairs rayons de soleil, et encore que le froid fut tr`es vif le matin et le soir, on laissait volontiers les fen^etres ouvertes, pendant les heures de l’apr`es-midi o`u la lumi`ere se faisait la plus intense et la plus chaude.

Michel, que le professeur avait d'ej`a admonest'e, grimpa sur le bord de la fen^etre, et, avec une lenteur calcul'ee de paresseux qui gagne quelques instants sur la dur'ee de la classe, il s’escrima avec les battants de la fen^etre, afin de les ouvrir pour laisser p'en'etrer l’air pur de l’ext'erieur.

Puis Michel s’ab^imait dans la contemplation du panorama qui se d'eroulait devant lui.

Dans ces pays de montagnes, tout est paysage et tout est paysage pittoresque.

Certes, la fen^etre de l’'ecole la"ique, 'ecole construite sur le mod`ele classique de toutes les 'ecoles de France, donnait sur une cour plant'ee de petits arbres, dont l’aspect n’avait rien d’artistique.

Mais il suffisait de lever les yeux, de regarder par-dessus le mur de l’'ecole, distant de la fen^etre d’une trentaine de m`etres, pour d'ecouvrir le plus merveilleux spectacle qu’il soit possible d’imaginer.

On apercevait au premier plan venant vers l’'ecole comme si elle foncait dessus, puis faisant un coude brusque au pied de la maison, l’Is`ere qui roulait ses flots neigeux et perp'etuellement tumultueux. L’Is`ere, v'eritable torrent, qui grossit `a la fonte des neiges, au point de devenir une rivi`ere puissante et parfois redoutable, l’Is`ere provenant de la superbe vall'ee du Gr'esivaudan entre les Alpes de Beldone et le massif de la Chartreuse.

De la fen^etre de l’'ecole par laquelle il se penchait le petit Michel apercevait les hautes cimes des montagnes, toutes couronn'ees de glaciers et de neiges 'eternelles, sur lesquelles le soleil, `a ce moment, promenait ses rayons lumineux qui se r'efl'echissaient dans le miroir poli et brillant des grands glaciers du sommet.

Puis, sur la gauche, surplombant pour ainsi dire Grenoble, s’'elevait la premi`ere amorce du massif de la Chartreuse, une montagne abrupte, `a peine coiff'ee de neige, semblait-il, `a son sommet, et dont la forme caract'eristique lui a valu le nom de « Casque-de-N'eron ».

Michel, cependant, 'etait arrach'e `a sa contemplation artistique par l’intervention de l’instituteur qui, sans souci de sa dignit'e, avait quitt'e sa chaire et 'etait venu attraper Michel, juch'e sur l’appui de la fen^etre ; il l’empoignait par le fond de sa culotte, le descendait, et, lui pincant l’oreille s'ev`erement, il d'eclara :

— Michel, vous me copierez dix fois le verbe : je perds mon temps !

Le rire des petits camarades d'emontrait au ma^itre que la punition 'etait bien accueillie, puis celui-ci remonta `a sa chaire, et la lecon commenca ; elle avait trait `a l’existence de Philippe le Bel.

Les jeunes 'ecoliers, peu `a peu, s’int'eressaient `a la parole du ma^itre. Quelques-uns de ces enfants prenaient des notes, et, sur les cahiers quelque peu tach'es d’encre, couraient les grosses 'ecritures, encore mal form'ees, des braves petits garcons qui s’appliquaient et voulaient s’instruire.

L’instituteur professait son cours avec une admirable conscience, se pr'eoccupait non seulement de raconter ce qu’il 'etait advenu `a Philippe le Bel au cours de son existence, mais songeant encore `a ses 'el`eves, et s’arr^etant `a chaque instant pour savoir si les uns ou les autres le suivaient dans ses explications, si personne ne s’endormait, si aucun des enfants ne s’amusait `a boire l’encre de son encrier ou `a dessiner des bonshommes sur les pages blanches des cahiers !

Puis, au lointain, une horloge sonna quatre heures moins un quart, et sans que rien ne fut interrompu dans la classe on eut l’impression, `a un certain fr'emissement qui courait dans la petite assistance, qu’il allait se passer quelque chose de nouveau.

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