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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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La classe termin'ee, l’instituteur s’en fut d'ejeuner, mais lorsqu’il vint retrouver ses 'el`eves, `a l’heure o`u il devait les prendre, c’est-`a-dire `a trois heures de l’apr`es-midi, M. Marcelin constata que sa classe 'etait en pleine effervescence.

L’aventure s’'etait 'ebruit'ee depuis la veille, et pendant l’heure du d'ejeuner, entre midi et deux heures, les uns et les autres s’'etaient fait des confidences.

En voyant que l’id'ee du g'eant apercu dans la montagne s’accr'editait, plusieurs personnes qui jusqu’alors n’avaient pas os'e raconter ce qu’elles avaient vu, se d'ecidaient `a parler…

Des gens timor'es prenaient de l’audace, et d`es lors il apparut certain, vers deux heures de l’apr`es-midi, qu’une grande partie des habitants de Grenoble, et m^eme certaines gens du voisinage, avaient vu, la veille, la silhouette se profiler sur le Casque-de-N'eron, entre trois heures et demie et quatre heures de l’apr`es-midi.

Michel revenait `a l’'ecole, avec l’air joyeux et satisfait d’un grand g'en'eral qui a remport'e une victoire sensationnelle.

Devant ses petits camarades, il se posait en victime :

— Croyez-vous, disait-il d’un ton larmoyant, qu’il m’a puni en disant que c’'etait des menteries, et qu’il n’y avait pas de g'eant dans l`a montagne !… Eh bien, j’avais raison, il y a un g'eant, tout le monde l’a vu `a Grenoble ! M^eme qu’il avait, comme je l’ai dit, la bouche ouverte, les yeux ferm'es, un pied chauss'e et l’autre nu !

Le petit Louis F'erot 'etait fort satisfait, lui aussi, de la tournure que prenaient les choses.

S’il 'etait vrai que plusieurs personnes avaient vu le g'eant, le ma^itre allait certainement reconna^itre qu’il n’avait point menti, et alors sa punition serait lev'ee et il serait libre le dimanche suivant…

L’instituteur, lorsqu’il se pr'esenta devant les 'el`eves de sa classe, trouva un auditoire houleux, hostile, presque r'evolt'e.

Ils avaient beau jeu, en effet, les enfants, pour s’'elever contre le professeur.

Celui-ci n’avait-il pas, la veille, puni deux d’entre eux en les accusant de mensonge, alors qu’il apparaissait bien d'esormais que les enfants ch^ati'es sous cette inculpation avaient dit la v'erit'e ?

M. Marcelin obtint toutefois le calme en faisant une d'eclaration de principe :

— Si, d'eclara-t-il, on revoit le g'eant aujourd’hui, j’enl`everai les punitions que j’ai donn'ees. Et si on ne le revoit pas, je les suspendrai de facon `a ce que, pendant huit jours, les enfants punis puissent donner la preuve de ce qu’ils ont racont'e…

Et il ajoutait pour donner satisfaction `a tout le monde :

— Je sais qu’on parle de cette histoire en ville, et qu’il y a des grandes personnes raisonnables qui pr'etendent 'egalement avoir vu un g'eant dans la montagne.

Les enfants commencaient `a bavarder, le ma^itre les interrompit :

— Occupons-nous un peu de Philippe-le-Bel, dit-il.

Et la troisi`eme lecon sur le c'el`ebre roi de France recommenca dans le silence et l’attention.

Mais, lorsque sonn`erent trois heures et demie, il apparut `a M. Marcelin qu’il serait d'esormais impossible de tenir ses 'el`eves et de les conserver attentifs.

Ceux-ci avaient commenc'e `a chuchoter entre eux, puis le sourd murmure qui montait devenait peu `a peu un r'eel vacarme. Pour n’^etre point d'esob'ei, le ma^itre interrompit la classe.

— Allons, fit-il d’un air r'esign'e, je vois que vous voulez `a toute force avoir le coeur net de cette histoire de g'eant ! Eh bien soit, regardons par la fen^etre, et voyons ce qui va se passer…

Une clameur enthousiaste r'epondait `a la d'eclaration de l’instituteur, les enfants, enchant'es de cette d'ecision, criaient :

— Vive M. Marcelin !

Mais M. Marcelin ne tenait pas `a une semblable popularit'e, il leur imposait silence du geste, et, pour leur rappeler le motif de cette suspension de classe, il se rapprocha de la fen^etre et regarda.

M. Marcelin, de m^eme que les enfants, tous montagnards, familiers des choses de la montagne, savait parfaitement que l’aspect d’une cime change compl`etement d’une minute `a une autre, par le seul fait des rayons du soleil qui 'eclaire tel ou tel point.

Et c’est pour cela que les 'ecoliers et le ma^itre demeuraient sans impatience, attentifs, le regard tourn'e vers le Casque-de-N'eron.

Celui-ci 'etait 'eclair'e par endroits et plong'e dans l’ombre par d’autres. Mais on savait fort bien que, d’une minute `a l’autre, l’aspect pouvait compl`etement changer, et que telle r'egion de la montagne, invisible l’instant d’auparavant, serait 'eclair'ee en pleine lumi`ere l’instant d’apr`es, et qu’on pourrait y voir des choses jusqu’alors insoupconn'ees.

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