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Примите, милостивый государь, уверения в глубочайшем уважении вашего смиреннейшего и покорнейшего слуги
Тютчева.
Тютчеву Н. И., 20 мая/1 июня 1832*
Рукой Эл. Ф. Тютчевой: Munich. Ce 1 juin 1832
Je suis la main de Th'eodore, mon cher Nicolas; voil`a plusieurs jours qu’il veut vous 'ecrire et les grandes affaires ne lui laissent pas un moment. Faute de mieux je m’en vais donc r'epondre `a l’aimable lettre qui nous promet votre arriv'ee et vous dire ce qui se passe chez nous.
Mon ami, je ne vous dirai pas la grande joie que nous avons de vous revoir enfin*, depuis longtemps nous le d'esirions tant! — Vous le savez, Th'eodore a absolument besoin de vous de distance en distance pour se refaire. Ces derniers temps surtout il 'etait souvent malade et partant triste et m'elancolique. Vous savez le distraire, le remonter, moi, je ne sais b^etement qu’^etre triste avec lui. Aussi que de fois je soupirais apr`es vous, bien avant d’apercevoir la possibilit'e de voir mon d'esir se r'ealiser. — Venez donc, mon fr`ere; vous ^etes le tr`es bien venu, ne vous laissez de gr^ace emp^echer par aucune consid'eration, car c’est un hasard fortun'e qu’il ne faut pas laisser 'echapper. J’ai m^eme la conviction que la Providence vous envoie `a nous, pour nous aider et secourir dans tous les troubles et incertitudes qui nous submergent.
Je pense que vous savez que Potemkine est rappel'e, qu’il doit aller `a la Haye*, que le Pr<ince> Gagarine* le remplace ici, etc. etc. C’est un coup bien sensible pour nous; nous perdons le chef le plus aimable, nous ayant t'emoign'e continuellement toute la bont'e et m^eme tout l’attachement possible, garcon en outre, ce que son successeur n’est pas*; vous voyez tout ce qu’il y a `a dire et `a appr'ehender.
D’abord on avait cru que Kr"udener* devait aussi avoir un avancement et ^etre nomm'e `a la place de Meindorf* `a Vienne, mais cette nouvelle ne se constate pas; donc aucun espoir d’avancement pour Th'eodore. — Il y a une chose pourtant: d’apr`es la lettre du Comte Nesselrode `a Potemkine, de plus d’apr`es des nouvelles indirectes, le poste de la Haye, donn'e `a Potemkine, ne serait pas `a consid'erer comme une disgr^ace, mais bien comme une marque de confiance particuli`ere que l’on voulait lui donner. Cependant Potemkine avant de recevoir l’annonce officielle de la chose, sur le bruit qui en a couru, avait 'ecrit `a Nesselrode, pour lui dire qu’un tel arrangement ne lui convenait pas du tout. Or depuis nous avons appris que les choses en 'etaient au point o`u on ne les fait plus r'etrograder, le poste de Gagarine `a Rome donn'e `a Gourieff* et tout si bien enclav'e l’un dans l’autre que le pauvre Potemkine ne s’en tirera gu`eres. — Il d'esire, comme vous le pensez, que Th'eodore reste aupr`es de lui; cela ne se pourrait que si on lui accordait la place de premier secr'etaire `a la Haye; dans ce cas je conviens que ce serait trop avantageux pour refuser, mais, d’un autre c^ot'e, nous en aurions bien de d'esagr'ement. Quelle mer `a boire! je n’y pense qu’en tremblant. Sur ce il y a tant de choses `a dire que je n’ai pas le courage d’entamer ce chapitre; venez, car il faudra beaucoup parler, venez bient^ot, car tout cela pourra devenir pressant, et si avant que vous ne puissiez quitter Vienne il se trouve quelque exp'edition de courrier de ce c^ot'e, T<h'eodore> en profitera, pour vous aller trouver. Mais c’est si incertain, h^atez-vous toujours autant que possible.
Anna* vous fait ses compliments, elle me demande: «Was ist das f"ur ein Nicolas, er thut mir doch nichts?» — et je lui ai jur'e que non, mais que vous lui apporteriez une poup'ee et des bonbons; jugez si elle vous attend avec impatience. Encore une fois, venez vite, sans quoi ma soeur*, qui veut aller faire un s'ejour de campagne, ne vous verrait plus, ce dont elle serait tr`es f^ach'ee, — et puis ne vous effrayez pas, mon ami, vous nous trouverez dans la maison Kirchmayer sur le Carolinenplatz o`u logeait ci-devant l’oncle Nicolas* et plus tard les Kir'eefsky*, mais tout a 'et'e blanchi et nettoy'e. — Adieu, `a revoir bient^ot, en joie et sant'e! Nelly
Рукой Тютчева:
Votre bonne nouvelle, mon cher Nicolas, m’a fait grand plaisir, mais ne m’a point surpris. Depuis longtemps j’y comptais. Car j’avais trop besoin de vous voir et de vous consulter, pour ne pas esp'erer du sort qu’il aurait la complaisance d’arranger les choses de mani`ere `a ce que ce voeu p^ut se r'ealiser. D’ailleurs il me devait ce d'edommagement pour la contrari'et'e qu’il me suscite. Quand je dis le sort, c’est toute autre chose que je devrais dire. Potemkine est nomm'e `a la Haye. C’est un des plus grands d'esagr'ements qui pouvaient m’arriver. Malgr'e tout le bien qu’on dit du Prince Gagarine il ne remplacera jamais pour moi Potemkine. On passerait au tamis toute la diplomatie de S<a> M<ajest'e> I<mp'eriale> qu’on ne trouverait pas un aussi parfait gentleman. C’est un loup blanc parmi les Russes. Son successeur a d’ailleurs un gran difetto — il est mari'e. Or ceci — etc. etc. etc. Comme la chose n’est pas d'efinitivement et irr'evocablement d'ecid'ee, je ne puis gu`eres dans cet 'etat d’incertitude m’absenter de Munic. C’est pourquoi je vous supplie, mon cher ami, de saisir le premier moment loisible, pour venir me trouver et avant tout de me donner de vos nouvelles aussit^ot la pr'esente recue. J’ai besoin d’avis et de consolations. — Je vous f'elicite de tout mon coeur au sujet de votre mission et d'esire sinc`erement qu’elle soit la plus embrouill'ee et la plus fastidieuse possible, quelque chose dans le genre de la Conf'erence de Londres*. Ce sera tout profit pour vous.
Au revoir donc, mon cher ami, et le plus t^ot que faire se pourra. Tout `a v<ous>
T. Tutchef
Мюнхен. 1 июня 1832
Я пишу вместо Теодора, дорогой Николай; вот уже несколько дней, как он собирается писать вам, но важные дела не оставляют ему ни минуты свободной. За неимением лучшего, я отвечу вам на ваше любезное письмо, в котором вы обещаете приехать к нам, и расскажу, что у нас происходит.
Друг мой, я не стану говорить о том, как рады мы предстоящей встрече с вами*, мы уже так давно желаем этого! — Вы знаете, Теодор положительно нуждается в вас время от времени, чтобы набраться новых сил. Последнее время он особенно часто хворал и потому был грустен и меланхоличен. Вы умеете его развлечь, поднять его настроение, я же умею только быть глупо печальной вместе с ним. И потому сколько раз я вздыхала о вас, задолго до того, как осуществление моего желания стало возможным. — Так приезжайте же, брат мой; вы будете самым желанным гостем, и умоляю, не допускайте, чтобы какие-либо соображения помешали вам, ведь эту счастливую случайность никак нельзя упускать. Я убеждена даже, что само Провидение посылает вас к нам на помощь, чтобы поддержать в тревогах и сомнениях, обступающих нас со всех сторон.
Я думаю, вам известно, что Потемкин отозван, что он должен ехать в Гаагу*, что князь Гагарин* заменяет его здесь, и т. д. и т. д. Для нас это весьма чувствительный удар: мы теряем самого любезного начальника, который непрестанно выказывал нам всяческую доброту и даже привязанность, к тому же холостого, а преемник его женат*; вы понимаете всё, что можно было бы сказать по этому поводу и чего следует опасаться.