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Вчера я отвез Анну и м-м Дюгайон* в Петербург. Помолвка состоялась вчера, день стоял великолепный. Вот уже несколько дней мы наслаждаемся самой восхитительной погодой на свете.
Вы знаете, что м-м Дюгайон покидает нас, хотя и весьма неохотно. Мы тоже сожалеем о ней, тем более что я по опыту знаю, как трудно найти замену гувернантке, которой все были довольны.
Анна поручает мне нежно поцеловать ваши ручки и поблагодарить вас за те слова, что вы передали ей через меня. Она тоже испытывает великое желание повидать вас. Вы найдете у нее очень ласковый и любящий характер и сердце, уже исполненное преданности к вам. Мне особенно хочется, чтобы она побывала в Москве*.
Здоровье жены, слава Богу, на этот раз поправилось гораздо скорее, чем я предполагал. Во многом это произошло благодаря гомеопатическому лечению, которое, в руках такого толкового доктора, каким является ее доктор, одно лишь ей подходит.
Я известился через кузину Муравьеву о подробностях вашего приезда в Москву и вашего первого свидания с тетушкой Надеждой Николаевной… При этом я думал о предстоящем нашем с вами свидании…
Ради Бога, любезная маминька, не тревожьтесь чересчур о Николушке. Здоровье его удовлетворительное, а что касается настроения, что же, он несколько утешится, когда окажется рядом с нами.
Кланяюсь Дашиньке и Николаю Васильевичу.
Тютчевой Эрн. Ф., 8 августа 1846*
Moscou. Ce 8 ao^ut
Quand je t’ai eu perdu de vue et que j’ai senti l’ex'ecrable bo^ite m’enserrer et m’entra^iner au loin, j’ai s'erieusement song'e `a sauter dehors*. Heureusement, `a d'efaut de raison, la pr'esence de mon fr`ere m’a retenu. Mais le paroxysme a 'et'e violent. Je sais maintenant, comment on saute `a l’eau.
Nous avions pour compagnon de voyage un Suisse arriv'e depuis trois jours en Russie. Il venait de Gen`eve, il m’en a longuement parl'e, — comme un imb'ecile, il est vrai, et pourtant cela m’a fait du bien — Gen`eve — H^otel des Bergues — le Rh^one — vous, moi — et 8 ans en arri`ere…*
C’est horrible de rester 3 jours et 3 nuits dans une bo^ite qui roule. Comme on sent alors, combien on est b^ete.
Cette fois j’arrivais `a Moscou par une splendide soir'ee. J’ai regard'e ses coupoles et ses toits bariol'es avec vos yeux et `a votre intention, car pour mon propre compte, je ne me soucie plus de rien voir. En revoyant les objets, je suis toujours 'etonn'e de leur r'ealit'e. L’impression qu’on en conserve est toujours si p^ale et si terne. Le souvenir n’est jamais qu’un fant^ome.
J’ai revu ma m`ere, et les premiers moments pass'es j’ai vu avec plaisir qu’elle 'etait beaucoup plus tranquille que je ne l’avais cru. Sa sant'e est bonne et son existence actuelle lui convient. Elle parle volontiers de la perte qu’elle a faite, et d`es qu’on en parle, on l’a accept'ee… Peut-^etre ai-je tort.
Ici, tu penses bien, on fait les voeux les plus ardents pour que nous venions passer l’hiver prochain `a Moscou. En attendant la maison dont Doroth'ee t’a parl'e est d'ej`a prise et `a vue de pays il nous sera difficile d’en trouver une telle qu’il nous la faut `a moins de 4 mille roubles sans le bois. Bref, le mot de la situation, c’est ce que tu en as dit. Il y aurait une notable 'economie `a venir s’'etablir `a Moscou d’une mani`ere d'efinitive, mais s’il n’est question que d’y passer un hiver seulement, il y aurait `a cela un notable surcro^it de d'erangement. Voil`a le vrai. Maintenant que faut-il faire? Ma foi, je n’en sais rien et `a force de peser le pour et le contre, je me sens moins que jamais en 'etat de prendre une r'esolution. — Mais je b'enirai le Ciel si tu te trouvais assez en fonds d’inspiration pour en prendre une*. Ce que j’ai su ici de nos affaires est satisfaisant. J’ai appris ici… mais je te dirai cela une autre fois. Au fait toute cette fortune te regarde maintenant beaucoup plus que moi, car en vertu de la loi elle appartient presque exclusivement aux deux garcons*.
Les tantes te font dire mille tendresses. La tante Nadine a chang'e de domicile, mais c’est toujours dans la m^eme nuance. Il y a ici en ce moment une 3`eme tante que tu ne connais pas. Elle a vu derni`erement `a Kalouga Madame Smirnoff* qui, `a ce qu’elle m’a dit, lui a beaucoup parl'e de moi et lui a demand'e, sur ma jeunesse et mon enfance une foule de d'etails que celle-ci s’est trouv'ee dans l’absolue impossibilit'e de lui fournir. Elle m’a dit aussi que la sant'e de la pauvre femme est dans un 'etat d'eplorable. Je suis tr`es d'ecid'e `a l’aller voir `a mon retour. C’est la semaine prochaine que nous comptons partir, mais je sais bien une chose. C’est que le red'epart de l`a-bas suivra de tr`es pr`es l’arriv'ee.
Il me faut une lettre de toi pour aujourd’hui. Adieu, ma chatte. Il fait ici des chaleurs accablantes, le Kremlin a grandi encore, maintenant que la masse du Palais est plus en 'evidence*. J’irai en voir l’int'erieur un de ces 4 matins. Hier j’ai vu Mollerus* qui repartait de Moscou, enchant'e de tout ce qu’il avait vu et mettant Moscou `a cent degr'es au-dessus de P'etersbourg, il se proposait de l’aller voir `a son retour — ce qui vaut mieux que tout au monde. Encore une fois adieu, ma chatte. N’ayez qu’un souci, celui de vous conserver. J’embrasse Anna et les enfants. Mes amiti'es aux Wiasemsky et aux Karamzine, `a Sophie* surtout.
T. T.
Москва. 8 августа
Когда я потерял тебя из виду и почувствовал, что заперт в ненавистном ящике, который влечет меня вдаль, я всерьез подумал, а не выскочить ли мне вон*. Не благоразумие мое, а присутствие брата, к счастью, удержало меня. Но порыв был безудержно бурный. Теперь я понимаю, как люди бросаются в воду.
В спутники нам достался швейцарец, приехавший в Россию три дня тому назад. Он прибыл из Женевы, долго говорил со мной о ней — говорил, правда, как болван, — и все же это принесло мне облегчение. — Женева, гостиница Бергов, Рона, ты, я — восемь лет назад…*