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Le secr'etaire g'en'eral approuvait, le commissaire de police continuait :
— Apr`es la d'ecouverte sensationnelle qu’il avait faite du cadavre de ce malheureux Daniel dans la montagne au-dessus de Grenoble, M. Juve nous avait formellement annonc'e son d'epart pour Paris tout en nous recommandant de bien cacher son identit'e.
» Or, voici qu’au lieu de partir et de s’'elancer `a la poursuite de Fant^omas, comme il semblait en avoir l’intention, M. Juve fait volte-face, et reste ici, parmi nous. Mais toujours avec le d'esir de n’^etre connu de personne !
— Pardon, interrompit le secr'etaire g'en'eral, je vous arr^ete, monsieur le commissaire de police… si toutefois je puis m’exprimer ainsi. M. Juve est en effet rest'e `a Grenoble, mais il ne se cache pas, bien au contraire. Il a fait dire par les journalistes qui l’ont interview'e, et ceux qui l’ont interview'e en tant que Juve, qu’il habitait au Modem H^otel.
— Tout cela, conclut le commissaire de police, est fort 'etrange, et je suis tr`es heureux de n’^etre point m^el'e `a cette affaire.
Le magistrat prenait un air pinc'e pour faire cette d'eclaration. En r'ealit'e, peut-^etre 'etait-il un peu vex'e que Juve n’ait point sollicit'e son pr'ecieux concours dans la continuation des enqu^etes qu’assur'ement poursuivait le c'el`ebre inspecteur.
Mais que s’'etait-il pass'e, et pourquoi Juve, s’il avait annonc'e son d'epart pour Paris, 'etait-il rest'e `a Grenoble ? Pourquoi Juve, d'esireux de passer incognito d'esormais, faisait-il savoir qu’il 'etait install'e au Modem H^otel ?
Les circonstances, les 'ev'enements qui surviennent modifient souvent les d'ecisions, et c’est pour cela que Juve paraissait avoir brusquement chang'e d’opinion.
Lorsqu’il 'etait revenu des cimes neigeuses et glac'ees du Casque-de-N'eron, il y avait de cela deux jours, rapportant le cadavre de Daniel, Juve, saisi d’une horrible crainte, avait t'el'egraphi'e au directeur de la morgue `a Paris, pour s’assurer qu’il n’y avait plus de cadavre dans le sinistre 'etablissement, r'epondant au signalement de Daniel.
On l’avait d'etromp'e et d`es lors Juve avait senti se confirmer ses appr'ehensions ; le cadavre qui se trouvait `a la morgue 'etait, ne pouvait ^etre que le corps de Fandor…
Juve alors avait voulu partir aussit^ot pour Paris, mais la malchance s’en 'etait m^el'ee ; il manquait le train qui quittait Grenoble `a neuf heures du soir.
Ce train-l`a, Fant^omas l’avais pris, plus heureux que Juve.
En vain le policier avait-il cherch'e une automobile qui veuille bien le conduire jusqu’`a Paris, il n’en avait pas trouv'e, et d`es lors, il d'ecidait d’attendre le lendemain matin pour prendre le premier train `a destination de la capitale.
`A l’aube, Juve allait mettre son projet `a ex'ecution, et d'ej`a il se trouvait dans la cour de la gare, lorsque de celle-ci surgissait soudain une bande affol'ee de crieurs de journaux.
Ceux-ci arrivaient avec une 'edition sp'eciale d’un grand journal lyonnais, une manchette gigantesque annoncait un 'ev'enement aussi impr'evu que sensationnel.
Juve se pr'ecipitait sur la feuille, et, non sans stup'efaction, y lisait le r'ecit le plus inattendu qu’on pouvait imaginer.
Le sous-titre de l’article 'etait ainsi concu :
FANDOR A FAILLI ARRETER FANTOMAS,
LES DEUX HOMMES ONT DISPARU.
Puis suivait le r'ecit des extraordinaires aventures survenues dans la morgue, le r^ole de cadavre jou'e par Fandor dans le but d’attirer Fant^omas, Fant^omas se laissant prendre `a ce pi`ege, venant jusque dans le frigorifique o`u se trouvait le soi-disant mort, puis la poursuite effr'en'ee qui d’ailleurs n’avait malheureusement pas eu pour r'esultat l’arrestation de Fant^omas…
Les deux hommes ont disparu, disait le journal, mais Fandor est sain et sauf. Il a t'el'ephon'e au journal La Capitalede Paris pour donner de ses nouvelles et dire qu’on ne s’inqui`ete point de lui.
Tel 'etait en substance le r'ecit que Juve venait de lire, et, d`es lors, son visage s’'eclairait ; sur ses l`evres s’esquissa un bon sourire.
— Ouf ! fit-il en respirant profond'ement, voil`a qui me console de la nuit terrible que j’ai pass'ee, et du moment que Fandor est sauv'e, c’est une des plus grandes joies auxquelles je puisse pr'etendre.