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Feu qui purifie! Feu fatidique, Beau, imp'erieux Vivant, et qui se luit!<2>
De silence dans le scintillement du cierge aux 'eglises! De mille 'eclatements dans l'incendie! Sourd aux supplications, — `a multiples aspects! Multicolore quand croulent les hautes murailles… Agile, et gai, et passionn'e, Si victorieusement beau Que lorsqu'il consume ce qui est `a moi, Je ne puis pas ne pas voir sa beaut'e: O beau Feu, je t'avais consacr'e tous mes r^eves!<3>
Tu te mues 'eternellement, Tu es autre partout. Tu es rouge, et fumeux, Dans le tourbillonnement du b^ucher: Tu es tel qu'une fleur d''epouvante aux p'etales de flammes, Tu es tel qu'une toison 'eclatante, qui se h'erisse!… Tu br^ules, dans les nues des temp^etes Violettes, fixement, — Parmi le grand bruit des tonnerres et le chant des pluies! Tu nais en l'incertitude des 'eclairs: Tant^ot, qui surgissent en brisures, Tant^ot, en une raie intacte, Tant^ot ainsi qu'un globe qui s'entoure d'air irradi'e!…<4>
Je ne me lasserai pas de te louer, O soudain, ^o terrible, ^o insinuant! Par toi, l'on r'eduit les m'etaux. Pr`es de toi, l'on cr'ee et l'on forge Beaucoup de faux sonores Pour faucher, — pour faucher! Et beaucoup de bagues pour les doigts purs: Beaucoup de bagues pour encha^iner les vies, Pour qu'on les porte comme des cha^ines durant de longues ann'ees, Et pour, de l`evres refroidies, le mot «aimer», Le r'ep'eter!..<5>
Feu omnipr'esent! Je t'ai consacr'e tous mes r^eves: Je suis comme toi! Oh! tu 'eclaires, tu r'echauffes, tu br^ules, — Tu vis, tu vis! Dans les temps vieux, en Serpent tu venais maintes fois, Et tu enlevais les Fianc'ees de l'autel. Et aussi, h^ote perfide et persuasif, souvent, dans les vieux temps, Tu consolas l''epouse d'autrui… O brillant, ^o br^ulant, ^o violent d'ardeur! Tu es brillant comme le diamant de douze couleurs, — Comme les yeux des chattes, caressants et f'eminins et qui attirent l'amour, Comme l'extase de la glauque vague des Oc'eans Dans l'instant qu'elle se brise! — Comme une feuille du printemps sur quoi, une goutte de ros'ee tremble et oscille, — Comme le fr'emissement de r^eve vert de la luciole, — Comme le scintillement des feux follets, — Comme l'extr'emit'e des nuages allum'es par la lumi`ere du soir, Quand ils 'etendent leur deuil sur la face des jours br^ul'es, et qui s''eteignent!…<6>
Je me souviens, ^o Feu! Comme tu me br^ulas, Parmi les Sorci`eres qui frissonnaient des caresses de Toi. On nous tourmentait parce que nous avons p'en'etr'e le Myst`ere! On nous br^ulait pour la joie du Sabbat de minuit: Mais, pour ceux qui ont vu ce que nous avions vu, Le Feu n'a pas d''epouvantes! Et je me souviens encore! Oh! je me souviens d'autre chose: des 'edifices flambants O`u se donnaient au Feu, volontairement, dans la nuit sourde, Entour'es d'infid`eles qui ne voient pas, les Fid`eles, qui 'etaient nous! Et, aux sons des pri`eres, avec des cris de transport Nous chantions nos louanges au Donneur des Forces!… Je me souviens, ^o Feu! et d`es lors je t'ai aim'e!<7>
Je sais, ^o Feu! Qu'il est encore pour nous, un autre 'eclat de la lumi`ere, Et qui br^ule au regard des yeux `a jamais 'eteints! Lui, il rec`ele la science subite. En lui sont la Terreur, et le d'elice, Devant la nouveaut'e incommensurable des Espaces… Les Espaces? Qui, de Lui-m^eme les a tir'es! Et d'o`u? Et pourquoi? Qui les a rev^etus d'ornements innombrablement 'etoil'es? Je partirai pour avoir la r'eponse… O ^ame de l''el'ement montant, qui t''elances dans les cieux, Je veux, que d'une lumi`ere blanche et inextinguible S'allume pour moi — la Mort!Traduit par Alexandra de Holstein et Ren'e Ghil
Лунное безмолвие/Le silence lunaire